accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Culture Société Liste des articles

20/01/2003
Les tabous se brisent sur le Web algérien

(MFI) 2003 a été consacrée l’année de l’Algérie en France. L’occasion de s’intéresser au Web algérien. Le réseau qui permet à chacun d'accéder à des informations en provenance du monde entier, est un instrument dont se servent les Algériens pour s’exprimer. Avec une certaine liberté.

D’Alger la Blanche à Tlemcen, l’Internet a été mis à profit très tôt par la population algérienne pour s’exprimer. Notamment dans l’urgence. Si les premiers abonnements à l’Internet datent de 1992, la Toile a pris un véritable essor au plus fort de la vague du terrorisme en 1994, une période très troublée pour tous les Algériens. La presse nationale a été l’un des premiers secteurs à investir le réseau. Vingt-quatre titres disposent actuellement de sites web (dont sept en langue arabe). En général, les sites web fournissent le même contenu que les éditions papier, mais leur accès est gratuit et permet aux différentes diasporas dispersées à travers le monde de consulter les journaux du pays. Mais, à côté des journaux prestigieux comme elwatan.com ou elmoudjahid-dz.com, coexiste sur la Toile une presse indépendante en ligne comme algeria-watch.de ou algeria-interface.com. Un site d’analyse et d’information sur l’Algérie dont l’essentiel de la rédaction est basée à Alger, mais qui dispose également d’une équipe de pigistes à Paris.
Algeria-interface, journal entièrement électronique, aborde les questions algériennes sans tabous. Toutes les questions sensibles que la presse abordait peu au moment du lancement du site, en 1999 : devenir de l’armée, torture, massacres, droits humains, etc. sont passées au crible. Mais contrairement aux idées reçues, ce journal n’a à ce jour rencontré aucune difficulté, comme l’explique l’un de ses journalistes parisiens Djamel Benramdane : « Nous n’avons pas d’existence légale en Algérie et c’est pour nous un avantage de ne pas être sur place : nous ne subissons pas de pressions et nous avons plus de recul. Nos journalistes rencontrent les mêmes difficultés que les confrères d’autres médias : difficulté d’accès aux sources, informations contrôlées par le gouvernement (par exemple dans le cadre du terrorisme, des massacres, des atteintes aux droits de l’homme) », explique-t-il.

Internet a sauvé les dessinateurs politiques

Pour Djamel Benramdane, la censure n’est pas systématique en Algérie. En réalité, il s’agit plutôt d’autocensure. Les journalistes craignent des représailles ou des ennuis et n’abordent pas certains sujets. Les responsables des médias filtrent l’information ou les sujets qui peuvent gêner ou déranger les autorités. « Nous avons eu des informations selon lesquelles des courriers électroniques auraient été interceptés. Mais l’accès à l’Internet est entièrement libre en Algérie, contrairement aux pratiques, par exemple, des autorités tunisiennes », rappelle-t-il.
Pour tous les intellectuels algériens qui ont, bien souvent, maille à partir avec la censure, le Web est le lieu idéal pour continuer le combat mené sur le terrain. L’Internet dans toutes ses composantes (web, courrier, forum, liste de diffusion) est devenu le point de ralliement de bon nombre d’écrivains ou de dessinateurs. Parmi eux, l’un des humoristes politiques les plus célèbres en Algérie, le caricaturiste Slim. Selon lui, « l’Internet a sauvé les dessinateurs politiques algériens. Deux ont été assassinés, un autre condamné à l’exil. » Et Slim d’expliquer que « le fax n’est pas du tout adapté aux dessins, l’Internet est une grande révolution pour contourner la censure et pour envoyer ses travaux rapidement aux magazines auxquelles je collabore ».
Même credo pour l’écrivain oranais Hamid Skif. Contraint à l’exil et réfugié en Allemagne, celui-ci a publié, en 1995, son recueil de nouvelles Citrouille fêlée via Internet. Le seul moyen, selon lui, pour s’adresser à la fois aux lecteurs algériens, mais aussi aux francophones du monde entier. Il a confié son manuscrit à l’éditeur en ligne 00h00, l’éditeur idéal selon lui : « Il était impossible de trouver un éditeur qui puisse éditer Citrouille fêlée en Algérie parce qu'il se serait fait découper en 4 000 morceaux et moi avec. Pas de possibilité d'édition, donc pas de possibilité de diffusion. Alors qu’il s’agit là d’un livre qui peut être lu par tous ».
Le cyberespace est devenu ainsi le point de ralliement des Algériens d'Algérie mais également des Algériens de la diaspora. Les Français rapatriés d’Algérie se donnent également rendez-vous sur la Toile. Une grosse proportion de sites a été créée par la population pied-noir, nostalgique du pays. Bab El Oued est devenue Bab El web.

Algeria Interface :http ://www.algeria-interface.com
El Watan : http ://www.elwatan.com
El Moudjahid : http ://www.elmoudjahid-dz.com
Algeria Watch : http ://www.algeria-watch.de
Le caricaturiste Slim : http ://bouzid.go.to
Français expatriés d’Algérie : http ://afaulxbriole.free.fr/index.htm
http ://www.planet-dz.com

Myriam Berber


PlaNet Dz : « Faire entendre le pouls de l’Algérie »

(MFI) Après les pages perso, les sites des associations connaissent un succès grandissant. Démonstration avec PlaNet Dz, un site d’actualité culturelle, dont l'objectif est de promouvoir les artistes maghrébins à travers Internet. Ourida Benramdane-Yaker est la responsable de PlaNet Dz.

MFI : Quelle est la vocation de PlaNet Dz ?

Ourida Benramdane-Yaker : PlaNet Dz a pour vocation de soutenir les artistes maghrébins, grâce à la diffusion d’informations via son site web, mais également à travers l'organisation d'événements culturels. Notre objectif est de leur permettre de présenter leurs œuvres et/ou réalisations artistiques. A travers ses nombreuses actions, un site comme PlaNet Dz participe également au développement de réseaux d’échanges culturels entre l'Europe et le Maghreb.
Concrètement, notre travail consiste à repérer et à promouvoir des artistes issus de l’immigration ou réfugiés à Paris ces dernières années du fait de la situation en Algérie. Dans cette perspective, l’association conseille les jeunes artistes dans leurs démarches et les soutient dans leurs projets. Nous organisons régulièrement des soirées pour permettre à des auteurs de présenter leurs créations, et à de nouvelles formations de se produire sur scène. Ce faisant, nous permettons au public et aux professionnels de les découvrir.
Ce site Web a été lancé en 1997, date de la création de l'association PlaNet Dz. Mais c’est seulement en septembre 1999 que le site a été doté d’un minimum de moyens humains et matériels nécessaires à son fonctionnement. Pour l’heure, le site fonctionne avec une équipe de trois personnes. Pour répondre à la demande croissante que connaît le site, il va falloir renforcer ses moyens.

MFI : Quelles sont les rubriques les plus plébiscitées par les internautes ?

O. B.-Y : La rubrique intitulée « La Baz’art » est très visitée par la population internaute. Grâce à la seule et unique aide financière de la Fondation Prince Claus pour la Culture et le Développement, PlaNet Dz a développé la Baz’art pour permettre une visibilité permanente des œuvres de ces artistes. La Baz’art est un site en soi, qui permet de mettre en contact rapidement les artistes, les organisateurs d'événements et le public.

MFI : Comment vous est venue l'idée de travailler sur le Net ? Quel a été votre cheminement ?

O. B.-Y : Le projet de ce site est né du constat qu’un tel espace de communication était essentiel pour rendre compte de la richesse de la création culturelle de cette communauté en Algérie, en France et à l'étranger. Depuis une dizaine d’années beaucoup de créateurs algériens se sont, pour diverses raisons, installés en France ou dans d’autres pays. Ils ont continué à créer, mais l’information était dispersée et morcelée, un peu à l’image du pays. Il nous a semblé utile de créer un espace qui contribuerait à tisser, petit à petit, une toile entre tous ceux qui souhaitent faire vivre leur pays à travers leurs pratiques artistiques et culturelles. Le meilleur moyen et le moins coûteux pour assurer la promotion et la diffusion d’artistes algériens était bien évidemment le Web, un outil accessible à tous.

MFI : A quoi sert le site Planet Dz concrètement ? Quels sont vos projets ?

O. B.-Y : Nous communiquons en permanence via le réseau avec de nombreux partenaires et correspondants en France, en Algérie et dans le monde. Nous soutenons des projets de développement culturels mais également des projets humanitaires. La demande s’est accrue depuis quelques mois avec la tenue en France en 2003 de l’année de l’Algérie et nous sommes en train de développer de nouvelles rubriques pour donner une visibilité permanente à des projets artistiques et fournir un maximum d’éléments à travers le site à ceux qui souhaitent élaborer des programmations autour de l’Algérie. Loin d’en faire la vitrine de l’Algérie officielle et institutionnelle, c’est le pouls du pays que nous souhaitons y faire entendre.

Propos recueillis par Myriam Berber




retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia