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13/02/2003
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Djazaïr 2003, l’année de l’Algérie en France
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(MFI) C’est par un grand concert inaugural, le 31 décembre 2002, qu’a débuté l’Année de l’Algérie en France. Depuis, les manifestations culturelles se multiplient dans tous les domaines. Certains opposants dénoncent, eux, une « année des généraux »…
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La décision d’organiser en 2003 une année de l’Algérie en France a été prise par les deux chefs d’Etat, Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika, lors de la visite de ce dernier en France en 2000. Baptisée El Djazaïr (qui signifie « Les îles » en arabe et désigne à la fois l’Algérie et sa capitale), cette manifestation est très symbolique. Comme l’explique Hervé Bourges, ancien président de TF1 et président du comité français d’organisation : « Cette année sera un recommencement. Recommencement après de multiples rendez-vous manqués, de multiples malentendus et des années de silence, d’oubli ou de douleur [entre] deux pays culturellement et intellectuellement liés, qu’un affrontement fratricide a opposés et qui se sont tourné le dos ». Françoise Allaire, commissaire générale, assure, quant à elle, que cette année permettra « à l’Algérie de se montrer à nous dans toute la richesse et la complexité de son histoire, de sa culture et de sa création actuelle ». C’est donc autour des artistes que Français et Algériens sont appelés à se réconcilier. Près de deux mille manifestations sont proposées dans tous les domaines : arts plastiques, photographie, design, musique, danse, cinéma et théâtre… Elles ont pu voir le jour grâce aux associations et aux institutions (musées, fondations, centres d’art) qui ont maintenu des liens avec les créateurs et les intellectuels algériens, y compris pendant les périodes de crise.
Plusieurs expositions et colloques traitent tout d’abord des arts et des cultures de l’Algérie au travers de son Histoire. Le Sahara est à l’honneur au Muséum d’histoire naturelle de Paris tandis que l’Algérie antique est évoquée au Musée d’Arles avec la présentation d’une centaine d’objets : mosaïques, céramiques, mobiliers métalliques. Une grande exposition « Le XXe siècle dans l’art algérien », présentée à l’Orangerie du Sénat, à Paris, met en avant les œuvres de grands peintres et plasticiens, de l’art « miniatural » des années 1900 à l’abstraction des années 1970. Mais l’Année de l’Algérie en France s’attarde surtout sur la période de l’après indépendance (1962). Quarante ans de création sont ainsi balayées. Premier temps fort : les deux soirées de lectures consacrées à Kateb Yacine les 6 et 7 janvier dernier à la Comédie Française. Les textes, joués par des comédiens français et accompagnés par les chants d’Houria Aïchi, ont permis au public français de découvrir le célèbre romancier et poète, disparu en 1989. Autre hommage : la présentation, à l’Institut du monde arabe (IMA) du travail d’ethnologie que le sociologue Pierre Bourdieu, décédé il y a un an, a mené sur le ritualisme kabyle dans les années 60. Nombre de ses photographies n’avaient jamais été montrées en France. Toujours à l’IMA, une vaste rétrospective présente les classiques du cinéma algérien. Au programme : Chroniques des années de braise de Mohamed Lakhdar Hamina, Palme d’or au festival de Cannes en 1975, ou Bab el-Oued City de Merzak Allouache. Enfin, les grandes manifestations traditionnelles culturelles françaises s’ouvrent à la création algérienne : la Fête de la musique en juin, les Francofolies de La Rochelle et Paris Quartier d’été. Une présence importante de l’édition algérienne est prévue au Salon du livre de Paris, en plus de la saison « Belles étrangères » qui invite les Lettres algériennes. Pour en savoir plus, on peut se reporter au site Internet créé par l’équipe du portail Afrik.com : www.djazair2003.org
Estelle Nouel
Une année de polémiques…
(MFI) Plusieurs opposants au régime algérien, installés en France, l’ont rebaptisée « l’année des généraux ». Avant même son ouverture officielle, l’Année de l’Algérie en France a suscité de nombreuses polémiques des deux côtés de la Méditerranée. Comme le constatait le quotidien Le Monde dès le mois d’avril 2002 : « En Algérie comme en France, plusieurs responsables ont déjà jeté l’éponge. Dominique Wallon, le commissaire français, a démissionné en décembre 2001, pour protester contre l’insuffisance du budget alloué par la France. Il a été remplacé par Françoise Allaire, haut-fonctionnaire des Affaires étrangères à la retraite, qui a été huit ans en poste à Alger. De l’autre côté de la Méditerranée, les artistes arabophones se sentent écartés au profit des francophones, et personne ne semble croire à l’indépendance du commissariat général de l’Année mis en place par le gouvernement». Quant au quotidien Libération, il relaye dans ses pages « Courrier » les appels au boycott de cette manifestation. Le 19 janvier 2003, le chanteur Ferhat Mehenni signait un article intitulé « Danser dans une mare de sang ». « Le peuple kabyle est en deuil et nul artiste d’entre nous, les Kabyles, n’a le cœur à danser dans la mare de sang de nos martyrs fraîchement enterrés ».
E. N.
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