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26/06/2003
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Fescarhy 2003 : la caricature et l’humour en fête
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(MFI) Pour sa cinquième édition, qui a lieu du 4 au 12 juillet, le Festival de la caricature et de l’humour de Yaoundé (Cameroun) se donne pour thème : « Caricature et liberté de la presse ». Près de quarante dessinateurs venus de partout sont attendus pour réfléchir, travailler et bien sûr rire et faire rire.
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Si le dessinateur Almo a une tendresse particulière pour le Festival de la caricature et de l’humour de Yaoundé, dont la 5e édition se tient du 4 au 12 juillet, ce n’est pas uniquement parce qu’il y a été déjà deux fois primé et qu’il conçoit son métier « comme le plus beau métier du monde ». C’est aussi parce qu’il a pu tirer de ces rencontres « des notions techniques sur le graphisme et sur le scénario qu’un autodidacte tel que moi ne peut pas connaître. Des notions que l’on apprend dans les écoles de beaux-arts ». Pour son compatriote ayant quitté le Cameroun depuis plus de dix ans, Christophe Ngalle Edimo, de l’association L’Afrique dessinée, le festival sera l’occasion de voir « ce qu’il est possible de faire ensemble au niveau bande dessinée, localement et au niveau international ». Car le Fescarhy est avant tout un lieu privilégié d’échanges entre professionnels du crayonné. Près de quarante dessinateurs sont attendus, dont vingt-deux du Cameroun, un de Colombie, deux de Belgique, trois de France et une dizaine d’autres pays d’Afrique (Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Maroc, Tchad, Gabon, RDC, RCA…).
Présent lors de l’édition 2002, Damien Glez, qui travaille au Burkina Faso, en a tiré « le plaisir de rencontres et/ou retrouvailles entre dessinateurs qui sont souvent, de par la nature de leur activité, des gens solitaires. Au-delà du partage de bonne humeur, nous avons tissé des liens de type associatif qui tendent à créer une sorte d’"internationale" caricaturiste en Afrique. » Mais le festival est aussi un lieu d’opportunités individuelles. « L’édition 2002 du Fescarhy, qui a notamment reçu Willem du quotidien français Libération, m’a permis, souligne Damien Glez, de prendre des contacts pour être exposé à Gatineau (Canada) ou publié en Afrique du Sud. »
Le poil à gratter de la société
Mode d’expression tournant en dérision les hommes politiques et les faits sociaux, la caricature voit peu à peu son aspect créatif reconnu. « Je crois, souligne Augustin Ndjoa, que les gens dans leur ensemble commencent à considérer les métiers de l’humour et de la caricature de façon positive, ceci grâce au travail de nos prédécesseurs, grâce aussi à l’action de l’association Irondel qui organise ce festival à Yaoundé. Dans ma famille où on était opposé à toute idée concernant les arts plastiques, la perception est devenue autre. " C’est intéressant ! Du courage ! ", clame-t-on désormais. » Le côté artistique ne saurait cependant faire oublier l’impact social, primordial.
« Je conçois, explique Damien Glez, mon métier de dessinateur de presse comme une soupape et un poil à gratter. Une soupape qui permet que les hommes politiques ne se prennent pas trop au sérieux, en Afrique où le pouvoir est sacralisé. Un poil à gratter qui permet de soulever les maux de la société. En outre, dans des pays aux politiciens susceptibles et aux populations majoritairement analphabètes, le dessin a un impact tout particulier, du fait de son pouvoir de suggestion. » Cette force du dessin amène parfois les autorités à réagir de façon épidermique, sinon violente, face à des journalistes-caricaturistes qui usent de leur liberté sans toujours bien en cerner les limites. Rares sont les magazines d’informations satiriques qui n’ont pas été confrontés, un jour ou l’autre, à d’importantes difficultés – censure, saisies arbitraires, interdiction de paraître, interpellations, condamnation à des peines de prison. C’est d’ailleurs pourquoi le Fescarhy consacre son édition 2003 au thème : « Caricature et liberté de la presse ». Les organisateurs espèrent ainsi promouvoir en Afrique ce secteur de l’édition et contribuer à sa professionnalisation.
Bientôt une base de données de la caricature africaine
Dans cette optique, le festival propose des ateliers et rencontres professionnelles, des expositions et projections, des concours et enfin des soirées « dîners-caric ». « Traitement de l’information et la liberté de la presse », « Techniques de dessin », « Technique de réalisation des marionnettes (style guignols) » sont quelques-uns des thèmes abordés. Une conférence-débat sur le thème « Introduction de la caricature dans les écoles de communication : enjeux et perspectives » est également prévue. Innovation dans le cadre de cette cinquième édition, les dîner-carics seront un rendez-vous fun et relax. A la fois juge et partie, le public « caricaturé » sera appelé à choisir les meilleures caricatures de la soirée, ensuite exposées in situ jusqu’à la fin du festival. L’animation des différents sites par des humoristes de renom et des musiciens et chansonniers est également au programme.
L’édition 2003 doit permettre, notamment, de lancer un réseau des directeurs de publication ; mettre sur pied une agence de caricature africaine ; mettre en place une Fédération panafricaine des associations des dessinateurs de presse et établir une communication effective entre les membres du groupe par le biais d’Internet (e-groupe) ; enfin, d’adopter les statuts de la fédération des associations des caricaturistes africains (Federation of African Cartoonist associations). La constitution d’une base de données a pour but d’assurer une meilleure visibilité aux acteurs du secteur en Afrique. Ces données seront disponibles sur le site de l’association organisatrice (www.irondel.org). Enfin, la réalisation et la production de cartes postales et de dessins destinés à illustrer un calendrier devraient permettre de soutenir le travail des caricaturistes du continent.
Ariane Poissonnier
Fescarhy 2003, du 4 au 12 juillet à Yaoundé (Cameroun), au Musée national pour les activités générales, au Centre culturel français pour les conférences et au cabaret La Terre Battue pour les dîners-carics. Contact : irondel2002@yahoo.fr
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