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12/09/2003
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Japon : Ticad III, un effort particulier pour l’Afrique
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(MFI) Deuxième économie mondiale et membre important du G8, le Japon renouvelle ses engagements envers l’Afrique à Tokyo du 29 septembre au 1er octobre 2003, à l’occasion de la troisième Ticad. La conférence est centrée sur le Nepad.
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Organisée tous les cinq ans depuis 1993, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad) qui se réunit pour la troisième fois est centrée cette année sur le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique (Nepad), considéré par le Japon comme « la voie essentielle de la coopération » avec le continent. Elle doit réunir de nombreux chefs d’Etat africains, dont le Ghanéen John Kufuor, président en exercice de la Cedeao, invité à faire « un discours-clé », des délégués des pays partenaires du Japon au sein du G8 qui sont aussi les principaux bailleurs de fonds du monde en développement ainsi que des représentants de la Banque mondiale et d’organismes des Nations unies (Onu).
Premier donateur, au début des années quatre-vingt-dix, au sein du Comité d’aide au développement de l’OCDE qui regroupe les principaux pays industrialisés, le Japon s’est vu dépasser en 2001 et 2002 par les Etats-Unis en termes réels en raison des fluctuations des taux de change, avec respectivement un peu plus de 9,8 milliards et 9,2 milliards de dollars contre 11,42 et 12 milliards pour les Américains. Mais l’aide japonaise, dont une partie importante va à ses partenaires asiatiques, ne représente toujours que 0,23 % de son PNB, bien en deçà de l’objectif de 0,7 % fixé par les Nations unies pour combattre la pauvreté. En proie à une récession économique, Tokyo a dû faire des coupes budgétaires y compris dans le domaine de l’aide au développement.
100 millions de dollars d’aide non remboursable pour la prévention des conflits
Annonçant, en mai dernier, une « initiative du Japon pour la coopération avec l’Afrique », le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a cependant renouvelé la solidarité de son pays avec ceux du continent africain. Il a affirmé que « le Japon a toujours l’intention de marcher aux côtés de l’Afrique ». Il a défini les priorités de cette aide dans un message adressé au dernier sommet de l’Union africaine à Maputo, au Mozambique, en juillet : engagement à promouvoir la coopération Sud-Sud, y compris les coopérations Asie-Afrique et inter-Afrique, et soutien à la mobilisation internationale en faveur du Nepad. « Le développement centré sur l’homme, la réduction de la pauvreté par la croissance économique et la consolidation de la paix » constituent, selon lui, les trois piliers de la coopération du Japon en Afrique.
Parmi les actions mentionnées par le Premier ministre figurent notamment une aide de près de 80 millions de dollars pour l’éradication du paludisme en Afrique et ailleurs dans le monde, près d’un milliard de dollars pour soutenir le développement des infrastructures, un des points-clés du Nepad, et environ 100 millions de dollars d’aide non remboursable pour la prévention des conflits et l’établissement de la paix. Le Japon, qui souhaite désormais jouer un rôle diplomatique international à la mesure de son poids économique, milite pour un siège permanent ou une réforme du Conseil de sécurité de l’Onu où se retrouvent la plupart de ses partenaires du G8 – à l’exception de l’Allemagne, vaincue en 1945 – mais aussi la Chine, son rival potentiel en Asie du Sud-Est. Plusieurs représentants japonais ont d’ailleurs sillonné l’Afrique ces derniers mois pour mobiliser les Africains en vue de la Ticad III et de la coopération avec Tokyo. Selon les officiels japonais, la conférence n’est pas destinée à annoncer des engagements concrets mais doit plutôt définir un cadre d’action en faveur de l’Afrique pour le XXIe siècle. Une réunion préparatoire a eu lieu à Addis-Abeba, en Ethiopie, siège de l’OUA/Union africaine en mars 2003 et plusieurs ateliers sous-régionaux se sont tenus en Afrique du Sud, au Kenya et au Cameroun.
Des académies internet en coopération avec la compagnie Cisco
L’ordre du jour provisoire comprend la définition de secteurs prioritaires tels que la consolidation de la paix, la gouvernance, le développement agricole et rural, le développement du secteur privé, l’éducation, l’eau, la lutte contre le HIV/sida et d’autres maladies infectieuses ainsi que la coopération entre l’Asie et l’Afrique et inter-africaine. Parallèlement, le Japon fera le bilan de dix ans d’aide dans le cadre de la Ticad et examinera les moyens d’accompagner le Nepad avec les secteurs public et privé mais également l’aide des ONG et de la société civile.
Tokyo veut aussi faire partager ses progrès technologiques afin de réduire la fracture numérique entre riches et pauvres. Une initiative Ticad sur les technologies de l’information et de la communication, lancée en mai 2000, permet d’appuyer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de stratégies adéquates et le renforcement des capacités au Cameroun, au Nigeria, en Tanzanie et en Zambie. Elle prévoit aussi la mise en place d’académies internet en coopération avec la compagnie Cisco ainsi que l’installation d’un serveur régional au Bénin en vue de faciliter l’échange d’informations commerciales avec l’Asie.
De son côté, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel a créé en Malaisie, dès 1999, un centre Asie-Afrique de promotion de l’investissement et des technologies appelé Centre Hippalos, du nom d’un marin grec légendaire qui a découvert que la mousson de l’Océan indien favorisait la navigation de l’Arabie vers l’Inde. La Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mozambique, le Sénégal, l’Ouganda, la Tanzanie et le Zimbabwe avaient été initialement retenus pour participer à ce projet qui fournit des informations sur la situation économique, les systèmes juridiques nationaux et les possibilités d’investissement ainsi que des informations économiques à l’usage des investisseurs sur son site web (www.unido-aaitpc.com).
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Marie Joannidis
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