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14/10/2003
Les ONG de plus en plus présentes sur les marchés financiers

(MFI) Arrivées sur le marché des produits financiers au début des années quatre-vingt, les ONG sont passées maîtres dans la gestion des taux de swap, le cautionnement de PME, le capital risque de proximité, les micro-crédits et autres comptes d’associés. Evidemment, pas question de s’enrichir sur le dos des pauvres. Et ces financiers très particuliers orientent leurs prêts vers des secteurs irréprochables sur le plan éthique.

La montée du chômage et le tassement de la croissance dans les pays riches ne font pas l’affaire des organisations non gouvernementales (ONG) d’aide au développement. La plupart d’entre elles recueillent moins de dons que par le passé. Qu’à cela ne tienne, elles se rattrapent grâce à des produits financiers sophistiqués. Elles parviennent à faire fructifier les fonds disponibles par des placements judicieux, sans pour autant s’enrichir sur le dos des pauvres. Autre intérêt de cette incursion sur les marchés financiers : attirer des citoyens du Nord sensibles aux problèmes du tiers-monde, mais pas disposés à faire des dons. Comme le résume un gestionnaire du Secours catholique, « certains sont prêts à investir une partie de leur épargne dans le développement, à condition de récupérer leur mise en bout de course, agrémenté d’un intérêt symbolique, inférieur au taux du marché ». Enfin, les placements financiers des ONG leur permettent d’orienter plus précisément leurs actions. « Le risque de voir des banques utiliser nos fonds pour des placements critiquables sur le plan éthique comme l’armement n’existe plus », explique-t-on chez Novib, une société de financement hollandaise.
Les organisations à but non lucratif interviennent parfois directement, comme l’a fait le Secours catholique. Ses dirigeants n’hésitent pas à racheter sur le marché des dettes de pays pauvres à des cours « soldés » par les bailleurs de fonds, puis à céder ces dettes en monnaie locale, avec un léger taux d’intérêt. Ce qu’on appelle un swap. Tout le monde y trouve son compte : les bailleurs de fonds récupèrent une partie de leurs créances, les pays concernés voient leurs dettes réaménagées et allégées, le Secours catholique remplit sa mission d’aide et perçoit un « bénéfice » symbolique aussitôt réinvesti dans d’autres actions d’aide.


Des sociétés autonomes pour éviter la confusion des genres

Mais les ONG sont de plus en plus nombreuses à créer des sociétés d’investissement autonomes pour gérer leurs produits bancaires. Exemple : Terre des hommes France et Peuples solidaires se sont associées pour créer la société de cautionnement Cofides Nord-Sud. Elle apporte sa caution aux entreprises des pays pauvres qui empruntent auprès des banques locales. La garantie peut couvrir jusqu’à 60 % des fonds empruntés. Un coup de main appréciable, quand on sait qu’une majorité de créateurs d’entreprise renoncent à leur projet par manque de biens à donner en hypothèque à la banque. Au Burkina, un millier d’emprunteurs ont déjà bénéficié de l’appui de Cofides. Tous ont remboursé leur dette à l’échéance prévue. Au Togo, Cofides vient de s’engager aux côté d’une caisse d’épargne et de crédit à hauteur d’environ 10 000 euros. La même opération a été menée au Mali. Le succès venant, les deux fondateurs ont été rejoints par d’autres. Aujourd’hui, la Cofides Nord-Sud regroupe 46 associations, 140 particuliers, 3 comités d'entreprise, 1 mutuelle et 1 partenaire institutionnel.
Dans le domaine du capital risque, le Comité catholique contre la faim et pour le développement et deux congrégations religieuses ont fondé, en 1983, la Société d’investissement et de développement international (Sidi). Son rôle : participer au capital de sociétés naissantes et prometteuses pour une période de quatre à sept ans. Ces participations sont ensuite revendues, la plus-value (modique) servant à financer d’autres nouvelles sociétés. Depuis, la Sidi a reçu le renfort de la coopération française et de plusieurs banques. Son capital est maintenant de 5,32 millions d’euros. Ce qui lui a permis d’élargir ses activités, au-delà du capital risque, à des prêts et à des garanties. Présente dans 25 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, la Sidi accorde chaque année près de 300 000 prêts. Les bénéficiaires sont légion : une usine d’amidon au Kenya, une menuiserie au Gabon, des plantations d’ananas au Bénin…


Même la Banque mondiale s’inspire de ces expériences

Le phénomène n’est pas limité à la France. Aux Pays-Bas, un réseau d’ONG a fondé la société de financement Novib. Les fonds recueillis auprès des épargnants sont placés dans des entreprises du tiers-monde. Le portefeuille de Novib était, en mars 2003, de 11,8 millions d’euros, dont 2,2 millions investis en Afrique. En Belgique, un autre groupe d’organisations de solidarité internationale (dont SOS Faim et Entraide et fraternité), soutenu par le ministère de la Coopération et trois banques et quelques entreprises, a créé Alterfin. Capital : 4,1 millions d’euros, pour un portefeuille de prêts et participations de 3,2 millions d’euros.
Selon les spécialistes, ce n’est que le début de la montée en puissance des ONG sur les marchés financiers. Leurs placements étant bien gérés, le public y est de plus en plus réceptif. Ainsi, en France, en 2002, 39 000 épargnants avaient participé à des investissements de solidarité, soit trois fois plus qu’en 1996. Les sommes placées augmentent aussi considérablement : 91,5 millions d’euros en 2002, contre moins de 74 millions un an plus tôt. Ce qui a permis d’attribuer 160 000 micro-crédits aux pays du Sud. Même la Banque mondiale, admirative, encourage ces initiatives et, mieux, s’en inspire !


Yolande S. Kouamé

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