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24/10/2003
Les producteurs africains face à la prolifération des supermarchés

(MFI) Déjà victimes de la détérioration des termes de l’échange entre pays riches et pauvres, les paysans africains sont confrontés à un nouveau défi : la prolifération des supermarchés à travers le continent, en particulier en Afrique australe et orientale, qui risquent de changer les régimes alimentaires traditionnels.

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a tiré la sonnette d’alarme, début octobre à Rome, lors d’un atelier sur le thème de la mondialisation, l’urbanisation et les systèmes alimentaires dans les pays en développement, quant à la multiplication des supermarchés. « Si nous n’aidons pas les petits producteurs à se faire une place dans ce nouveau marché, ils resteront au bord de la route et cela pourrait être catastrophique », estime Kostas Stamoulis, économiste à la FAO. Il précise toutefois que cette concurrence peut aussi avoir des effets bénéfiques en permettant aux producteurs africains de mieux s’organiser et d’adopter de meilleures normes de qualité. « Nous devons les aider à s’adapter et à pouvoir fournir les supermarchés, ce qui a priori n’est pas un désastre », ajoute-t-il, mettant l’accent sur une aide à l’organisation de coopératives et d’associations efficaces, sur des crédits accrus pour généraliser les technologies nécessaires à l’amélioration des standards de qualité et de sécurité alimentaire exigés, et sur la diffusion des connaissances pour leur permettre de mieux négocier et se défendre.

Un impact direct sur la vie de millions de petits paysans

Une étude préparée par le professeur Thomas Reardon, de l’université américaine du Michigan, et présentée à l’atelier de la FAO soutient que les modifications de l’approvisionnement et de la distribution des produits dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Kenya, le Zimbabwe, la Zambie, la Namibie, le Botswana ou le Swaziland, auront un impact direct sur la vie de millions de petits producteurs. Cela pourrait même leur faire abandonner l’agriculture, à moins qu’ils ne soient capables de répondre aux demandes des supermarchés. Selon l’étude, le nombre de ces grands magasins a explosé dans certaines parties d’Afrique australe et orientale, ces cinq à dix dernières années, sous l’impulsion de « locomotives » comme l’Afrique du Sud ou le Kenya, où ils représentent respectivement 55 % et 30 % des commerces alimentaires. L’Afrique a ainsi commencé à suivre l’exemple de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud-Est des années quatre-vingt-dix.
En revanche, Thomas Reardon estime peu probable la même explosion en Afrique de l’Ouest ou centrale (à l’exception du Nigeria), qui sont, selon lui, plus pauvres et frappées par l’instabilité politique et une plus faible urbanisation. Les experts soulignent toutefois que, malgré l’image traditionnelle du supermarché associé à la classe moyenne, le modèle de la grande surface se répand dans les centres urbains et même dans les villes rurales d’Afrique, permettant un ravitaillement rapide des citadins, y compris pauvres.


Faciliter les exportations en améliorant la qualité des produits sur le marché intérieur

Selon des chiffres fournis par les Nations unies, près de 2 milliards de personnes dans le monde vivaient dans des villes en 2000 et ce nombre devrait plus que doubler d’ici 2030. Toujours plus de citadins dépendront des supermarchés plutôt que des marchés alimentaires traditionnels. « Une augmentation rapide du rythme de l’urbanisation combinée avec la mondialisation et l’afflux d’investissements directs étrangers signifie que l’Afrique connaîtra beaucoup plus de changements importants dans son système d’approvisionnement alimentaire que ce que nous avons vu dans les pays développés », a aussi déclaré Kostas Stamoulis. Pour lui, l’expansion des supermarchés pourrait devenir une opportunité pour les petites entreprises et les agriculteurs, à condition qu’on leur donne la capacité d’y participer. Elle pourrait aussi, en améliorant la qualité des produits vendus sur le marché intérieur, faciliter les exportations et favoriser la création d’emplois dans le transport et la distribution, diminuer à terme les prix de la nourriture en ville et attirer le secteur privé.
La FAO, qui a lancé une Alliance internationale contre la faim, estime qu’une coopération entre le secteur privé, les ONG et les organisations de développement international ne peut que favoriser à la fois la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des productions locales. D’autant que selon les experts, à l’exception des céréales largement importées de l’étranger, l’Afrique mange essentiellement ce qu’elle produit. L’Afrique subsaharienne a, selon les statistiques de la FAO pour 2001, exporté 1,6 million de tonnes de fruits et légumes et en a importé 1,3 million alors qu’elle en a produit 60 millions. Pendant la même période, la région a produit 77 millions de tonnes de céréales, en a exporté 0,5 million et importé 18 millions de tonnes.


Marie Joannidis

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