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24/10/2003
La Francophonie à l’heure du mécénat

(MFI) L’Agence intergouvernementale de la Francophonie va faire appel au mécénat d’entreprise. Une première, puisque jusqu’ici les financements étaient assurés par des contributions volontaires des cinquante Etats membres. Les entreprises françaises seront les premières à contribuer. Mais leurs homologues canadiens, luxembourgeois, belges et suisses leur emboîteront sans doute le pas.

L’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) tend sa sébile aux entreprises. Une manière de doper son budget annuel d’environ 50 millions d’euros. En effet, depuis quelques semaines, le gouvernement français a donné à l’AIF dont le siège se trouve à Paris, la possibilité de bénéficier du mécénat d’entreprise. Son administrateur général, Roger Dehaybe, qui caressait cette perspective depuis quelques temps, est ravi : « Nous allons bénéficier de moyens financiers supplémentaires, explique-t-il. Ce qui ne signifie pas forcément que nous allons accroître le nombre de programmes. Nous comptons plutôt renforcer les projets en cours ». Et le portefeuille de l’AIF est bien rempli. Normal, sa mission couvre six principaux domaines : le développement de la langue française, partagée par 170 millions de personnes ; la culture et les médias ; la paix, la démocratie et la justice ; le développement et la solidarité ; l’éducation et la formation professionnelle.

Contexte plus favorable

L’ouverture de l’AIF au mécénat tombe à un bon moment. La loi française a récemment assoupli les conditions de participation des entreprises aux actions de mécénat culturel humanitaire et artistique. En outre la fiscalité a été modifiée, dans un sens plus favorable aux entreprises qui peuvent bénéficier de déductions sur leur impôt. Il en va de même pour les salariés, maintenant autorisés à contribuer aux initiatives de mécénat de leur entreprise, ce qui n’était pas le cas jusqu’ici. Toutes ces réformes devraient inciter les 2 000 entreprises françaises qui font du mécénat à se montrer plus généreuses, et à donner plus que les 350 millions d’euros qu’elles déboursent bon an mal an.
La France essuie les plâtres, d’autres pays suivront.
« Les fonds recueillis dans le cadre du mécénat profiteront aux partenaires du Sud, souligne Roger Dehaybe. N’oublions pas que parmi les quarante-neuf Etats les moins avancés de la planète, vingt quatre appartiennent à la zone francophone ».
L’AIF, qui manque d’expérience en matière de collecte de fonds privés, s’est attaché les services d’une agence de communication spécialisée, filiale du groupe Havas, un des leaders mondiaux du secteur. Une première sélection d’une douzaine de projets a déjà été effectuée, prête à être présentée aux chefs d’entreprise. Ces derniers n’auront que l’embarras du choix. Ils peuvent contribuer à des programmes aussi divers que le soutien aux cinémas du sud (financement annuel de l’AIF : 3,5 millions d’euros), la promotion des arts (3 millions d’euros), l’appui aux projets de jeunes, en Côte d’Ivoire comme au Vietnam et à Madagascar (600 000 euros). Parmi les autres programmes phares mis en avant figurent l’aide à la diffusion des nouvelles technologies (3,4 millions d’euros dépensés en 2002 par l’AIF), la diffusion du livre (1,8 million) ou encore le développement durable (4,6 millions d’euros).


Faire œuvre de persuasion

Mais pour mobiliser les entreprises, il va falloir faire preuve de persuasion, car l’international ne représente que 4% de leurs actions de mécénat, selon les chiffres de l’Admical, l’association qui fédère les mécènes, même si on assiste à un développement rapide de l’action internationale depuis quelques années. Aussi l’Agence se montre prudente. Elle ne s’est encore fixé aucun objectif financier, mais sa cible est déjà bien définie. D’abord les grands noms de l’industrie et des services présents dans l’hémisphère sud : Vivendi, le Club Méditerrannée, Accor, France Telecom, Air France, EDF, la BNP, Total, ou encore Hachette et Alcatel… Ensuite les très nombreuses PME implantées en Afrique, dans les Caraïbes et le Pacifique. D’ailleurs, certaines de ces entreprises font déjà du mécénat humanitaire.
Plutôt intéressés par le catalogue des projets de l’AIF, les chefs d’entreprise, par la voix de leurs structures spécialisées comme le Conseil des investisseurs en Afrique (CIAN), ont toutefois fait savoir qu’ils apporteraient volontiers leur obole, mais préviennent : les bénéficiaires de leurs contribution devront faire preuve de bonne gestion. Réponse de Roger Dehaybe : « les programmes de l’AIF prévoient toujours une contribution de l’Etat bénéficiaire. Preuve que nos partenaires ne sont pas passifs ».
Après son démarrage en France, le mécénat devrait occuper une place de plus en plus importante dans le financement de l’AIF au cours des prochaines années. En effet, d’autres pays développés membres de l’organisation, comme la Belgique, le Canada, le Luxembourg et la Suisse, pourraient à leur tour encourager leurs entreprises à participer directement aux projets de l’agence. « A partir de l’année prochaine, nous allons étendre les actions de prospection », dit un proche du dossier. Avant d’ajouter : « rien n’interdit aux entreprises d’Afrique, des Caraïbes du Pacifique ou d’Asie de contribuer. Bien au contraire »…


Yolande S. Kouame

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