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07/11/2003
Afrique-BIT : comment créer des emplois décents

(MFI) L’Organisation internationale du travail et son organe exécutif le Bureau international du travail (BIT), dirigé par Juan Somavia, organisent du 2 au 5 décembre à Addis-Abeba (Ethiopie), une réunion consacrée à la création d’emplois décents à travers le continent. Ce rendez-vous « tripartite » rassemble gouvernements, employeurs et travailleurs et contribue à la préparation d’une conférence extraordinaire de l’Union africaine sur le problème de l’emploi prévue en mai 2004 au Burkina.

Les participants à la réunion d’Addis-Abeba devraient participer à la définition des principales stratégies pour la mise en œuvre d’un Agenda pour le travail décent et son rôle dans le développement de l’Afrique. « Le travail est le meilleur moyen de s’affranchir de la pauvreté. L’élimination de la pauvreté est un processus long et complexe qui réclame la participation concertée de toutes les composantes de la société. Nous devons faire appel au pouvoir unique des gouvernements, des employeurs et des travailleurs pour agir de manière concertée et apporter le progrès et l’espoir à nos sociétés », souligne Juan Somavia, directeur général du BIT. Les chiffres concernant la pauvreté et le chômage sont effrayants, en particulier pour l’Afrique. Près de trois milliards de personnes dans le monde ne survivent qu’avec deux dollars américains ou moins par jour. Ils sont quelque 500 millions en Afrique, où les trois quarts de la population vivent dans la pauvreté. Parmi eux, 320 millions vivent dans une pauvreté extrême avec un dollar ou moins par jour.
Au rythme actuel de la croissance économique, l’objectif des Nations unies de réduire de moitié la pauvreté extrême en Afrique d’ici 2015 ne sera pas atteint, selon le BIT ; il estime cependant que le travail peut être l’instrument déclenchant l’édification d’une structure africaine du développement combinant ouverture sur le plan social et dynamisme sur le plan économique. Ses priorités sont à la fois la promotion de l’égalité – notamment entre les sexes – et la lutte directe contre les causes profondes de la pauvreté. Le chômage, qui frappe déjà 180 millions de personnes dans le monde, est en train de gagner du terrain.


D’ici 2015, un Africain sur dix vivra et travaillera hors de son pays d’origine

Pour l’OIT, la seule création d’emplois ne suffit pas. Il faut aussi placer l’emploi au centre des politiques économiques et sociales, s’efforcer d’obtenir une économie mondiale plus ouverte, en instaurant un système de croissance plus équitable qui n’exclut personne, et promouvoir la responsabilisation en cédant aux pays et à leurs collectivités le pouvoir de décision.
En Afrique, le secteur urbain informel est en rapide expansion ; il cohabite avec un secteur agricole où travaillent plus de 70 % de la population. En proportion, les femmes et les jeunes filles sont plus nombreuses à souffrir de la pauvreté et sont réduites le plus souvent à occuper les emplois les moins bien rémunérés, les moins qualifiés et les plus précaires. Les jeunes sont également particulièrement vulnérables et représentent dans certains pays près de 60 % des chômeurs. Selon le BIT, quelque 20 millions de personnes d’origine africaine sont des travailleurs migrants et, d’ici 2015, un Africain sur dix vivra et travaillera hors de son pays d’origine.
Facteur aggravant, le VIH/sida compromet le développement en décimant la population active et en détruisant les familles. Le BIT précise que 90 % des personnes infectées sont des travailleurs âgés de 15 à 49 ans, la tranche d’âge la plus productive et la plus féconde. Les experts estiment que l’épidémie entraînera d’ici l’an 2020 une réduction de 10 à 30 % de la main d’œuvre dans les pays les plus touchés. Le BIT cite à ce propos de nombreux exemples : en Ouganda, plus de la moitié des enseignants sont séropositifs. Au Malawi, la mortalité parmi les fonctionnaires a décuplé entre 1990 et 2000. Au Rwanda, le traitement des personnes infectées a absorbé ces dernières années les 2/3 des dépenses de santé publique. Globalement, en 2001, un million d’enfants africains ont perdu leur instituteur à cause du sida et le remplacement de ces enseignants s’annonce difficile.
Le BIT soulève un autre problème de taille, celui du travail des enfants qui, quand ils ne sont pas enrôlés de force dans les conflits, travaillent péniblement dans l’agriculture et le secteur informel.


Des programmes de construction de routes à forte intensité de main-d’œuvre

Face à ces questions brûlantes, l’OIT travail veut s’attaquer d’abord aux groupes les plus vulnérables dont les enfants engagés dans la prostitution, les mines, les travaux domestiques et l’agriculture commerciale. Active auprès des gouvernements, des représentants des employeurs, des travailleurs et des communautés locales, l’organisation souhaite créer les conditions « qui permettront aux hommes et aux femmes de gagner convenablement leur vie, de faire face à leurs besoins familiaux et de sortir de la pauvreté ».
Une première phase du programme « Des emplois en Afrique » vient d’être achevée dans 17 pays. L’OIT et ses partenaires sociaux s’attachent à promouvoir une série d’activités favorisant l’emploi dont la création de micros et de petites entreprises, d’associations d’épargne et de crédit et d’autres types d’institutions de micro-finance. Ils mettent aussi l’accent sur le développement des qualifications, la réintégration et la réadaptation dans les pays touchés par les conflits et les catastrophes naturelles et le développement des coopératives. Parmi les projets figurent des programmes de construction de routes à forte intensité de main d’œuvre, la collecte des déchets, la formation à la gestion et autres initiatives permettant d’assurer des services publics essentiels dont certains ont permis de créer des milliers d’emplois sur le continent.


Marie Joannidis

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