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21/11/2003
Elargissement et impulsion politique pour le Nepad

(MFI) Dirigeants africains et membres du G8 ont décidé d’élargir le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique (Nepad) à onze pays européens, qui figurent parmi les principaux donateurs d’aide, afin de conférer une impulsion politique accrue à cette forme de coopération qui se met en place depuis deux ans.

Le chef d’Etat français Jacques Chirac et le président de la Commission de l’Union africaine, le Malien Alpha Oumar Konaré, ont participé le 10 novembre à Paris au lancement du Forum pour le partenariat avec l’Afrique dont le principe avait été adopté au sommet du G8 d’Evian, en juin 2003. Ce forum est destiné à renforcer le partenariat entre l’Afrique et le monde développé à travers un engagement structuré élargi. Il comprend les représentants de 20 pays africains membres du comité directeur du Nepad, y compris les cinq parrains du projet (Afrique du Sud, Algérie, Nigeria, Egypte et Sénégal) et les pays du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie) auxquels s’ajoutent désormais l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Suisse. Tous ces pays apportent chaque année au moins 100 millions de dollars d’aide chacun à l’Afrique. La Banque mondiale, le FMI, l’OCDE, l’OMC, l’Onu et la Commission européenne participent également au forum, aux côtés d’instances économiques et politiques africaines.

« La bombe à retardement »

Ce forum, qui se réunira à partir de 2004 deux fois par an, alternativement en Afrique et dans un pays étranger, sera co-présidé sur une base annuelle par le représentant d’un pays africain et celui d’un des onze pays industrialisés, choisis par leur groupe respectif. Ces pays assurant la présidence annuelle du G8 et de l’Union africaine partageront la direction du forum avec ces deux co-présidents. Michel Camdessus, ancien directeur général du FMI et représentant personnel de Jacques Chirac pour l’Afrique, a souligné qu’il ne s’agissait pas, au moment où on parle d’une meilleure coordination des aides et des efforts de développement, de créer une nouvelle instance bureaucratique mais de donner une « impulsion politique au Nepad ».
Le président français, lui, a affirmé qu’il « n’y aura pas de mondialisation réussie sans développement de l’Afrique », rappelant que le Nepad a été établi par les Africains eux-mêmes et que les deux groupes de pays ont choisi le partenariat « qui se substitue à l’assistance ». Il a aussi mis en garde contre toute marginalisation du continent, évoquant « la bombe à retardement » que pourrait représenter la jeunesse africaine, qui constituera la majorité de la population d’ici 2025, si elle est déçue dans ses aspirations. Jacques Chirac a reconnu que la guerre figure parmi les « obstacles immenses » sur la route de la mise en oeuvre du Nepad, aux côtés notamment « des coups d’Etat encore trop fréquents, de la gangrène de la corruption et de la mauvaise gouvernance », sans oublier le sida, le pillage des ressources ou les violations des droits de l’homme.
Cette préoccupation est partagée par Alpha Oumar Konaré, élu en juillet 2003 à la tête de la Commission africaine : il a préconisé devant la presse que 10 % de l’aide au développement soient consacrés à un fonds de la paix, créé par l’Union africaine pour la prévention et le règlement des conflits. Cette proposition n’a toutefois pas encore été soumise au forum, selon Michel Camdessus et Wiseman Nkuhlu, le Sud-Africain présidant le comité de pilotage du Nepad. Ils ont toutefois tous les deux souligné que le développement ne se conçoit pas sans la paix.


Routes et énergies

Le prochain sommet du G8 aura lieu en 2004 aux Etats-Unis, qui ont manifesté leur soutien au Nepad en invitant le forum à se réunir chez eux en mai prochain. Michel Camdessus a tenu à préciser une nouvelle fois que le Nepad ne se limitait pas à une série d’engagements financiers des pays riches, mais constituait un cadre stratégique de coopération entre partenaires du Nord et du Sud, destiné à attirer non seulement une aide publique au développement accrue mais aussi à mobiliser le secteur privé africain et étranger afin de permettre le développement, dans la transparence et la bonne gouvernance, d’un continent à la traîne de la mondialisation.
Les Africains, qui misent beaucoup sur le Nepad tout en trouvant que les financements publics et privés tardent à venir, se sont organisés en cinq zones régionales (nord, sud, est, ouest et centre) afin de préparer des projets susceptibles d’attirer les investisseurs. Parmi ceux-ci figurent par exemple une autoroute côtière de 4 560 km reliant Nouakchott à Lagos (10 milliards de dollars), une autoroute trans-sahélienne Dakar-Ndjaména (9 milliards), plusieurs routes à travers le continent y compris en Afrique australe ou un chemin de fer d’interconnexion de l’Afrique de l’Ouest reliant le Bénin, le Burkina, le Niger et le Togo (2 milliards).
L’énergie constitue également un secteur prioritaire car des millions d’Africains sont privés d’électricité malgré les réserves importantes de pétrole brut, de gaz naturel et de charbon dont dispose le continent. La construction de plusieurs gazoducs, dont un en Afrique de l’Ouest (400 millions de dollars), et d’interconnexions électriques est à l’étude. Des projets encore plus ambitieux sont en préparation, comme une ligne électrique de 5 300 km reliant la République démocratique du Congo à l’Egypte en passant par le Soudan (6 milliards de dollars).
Mais le Nepad reste aux yeux de beaucoup d’Africains un « grand machin » lointain qui ne sera bien défini que si la société civile et toutes ses composantes y participent, comme le prévoient d’ailleurs les textes.


Marie Joannidis

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