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05/12/2003
Aide publique au développement (1) : La baisse stoppée

(MFI) Alors que l’économie tourne au ralenti, et malgré les bonnes intentions affichées depuis trois ans par les bailleurs de fonds, l’aide au développement est de plus en plus concurrencée par la lutte contre le terrorisme international et les dépenses militaires. Les donateurs ont néanmoins fait un effort en 2002, infléchissant ainsi légèrement la tendance à la baisse de la dernière décennie.

Le Japon, qui a promis début octobre 2003 de fournir une assistance d’un milliard de dollars à l’Afrique, n’a pas caché qu’il était obligé de réduire son aide publique au développement (APD), en diminution pour la 5e année consécutive, en raison de ses récents engagements dans la reconstruction de l’Irak. Cette décision devrait d’abord affecter ses partenaires asiatiques – en commençant par la Chine –, qui restent les premiers bénéficiaires de son aide.
Les experts de la Banque mondiale et des Nations unies (Onu) ont estimé les besoins de la reconstruction irakienne dans 14 secteurs prioritaires à quelque 36 milliards de dollars pour 2004-2007. En outre, l’Autorité provisoire de la Coalition estime qu’il faut 20 milliards de dollars supplémentaires pour d’autres secteurs, notamment la sécurité et le pétrole.


Des personnes « bien réelles avec des besoins bien réels »

Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, a pour sa part dressé un vif réquisitoire concernant les promesses non tenues au moment où la pandémie mondiale du VIH-sida touche 40 millions de personnes, dont 26,6 millions en Afrique subsaharienne, décimant les couches les plus actives de la population, et où l’agence de l’Onu pour l’alimentation (FAO) estime que la faim dans le monde regagne du terrain.
S’exprimant, fin octobre, devant l’Assemblée générale des Nations unies lors d’un débat sur le financement du développement, dix-neuf mois après la conférence de Monterrey sur le sujet, Kofi Annan a affirmé que l’APD demeure insuffisante pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire, malgré de récents accroissements. L’APD des pays riches aux pays pauvres est passée de 52 milliards de dollars en 2001 à 57 milliards de dollars en 2002.
Kofi Annan, qui est ghanéen, a aussi précisé à cette occasion que le transfert net de ressources en 2002 s’était effectué, pour la 6è année consécutive, au bénéfice des pays développés et non des pays en développement, atteignant le niveau record de 200 milliards de dollars. De leur côté, les experts de la Banque mondiale et de plusieurs ONG estiment à 800 milliards de dollars les dépenses militaires mondiales pendant la même année, dont 600 milliards chez les riches et 200 milliards chez les pauvres, empêtrés dans les conflits et souvent la corruption. Celle-ci n’est pas absente du monde développé où, par ailleurs, les subventions agricoles qui pénalisent les exportateurs du Sud atteignent le chiffre de 300 milliards de dollars par an.
Le secrétaire général de l’Onu a également déploré que le financement de l’aide d’urgence reste insuffisant et imprévisible, malgré la générosité des donateurs. Lançant à la mi-novembre un appel pour 3 milliards de dollars destinés à financer l’action humanitaire des agences de l’Onu en 2004, il a précisé que 45 millions de personnes, dont une majorité d’Africains, ont un besoin urgent d’aide, soulignant qu’il ne s’agissait pas de statistiques mais de personnes « bien réelles avec des besoins bien réels ». Il a déploré que l’appel lancé pour 2003 n’avait permis de recueillir que 66 % des sommes espérées. Selon Kofi Annan, si le montant demandé pour l’Irak – un tiers de la somme totale à lui seul – a été financé à 91 %, seulement 28 % du financement nécessaire pour le Liberia a été trouvé.


Un investissement pour un monde plus sûr car plus équitable

En 2000, la communauté internationale s’était engagée à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015. Les experts de l’Onu avaient jugé que les pays riches devraient rapidement doubler leur APD si l’on voulait atteindre cet objectif. La valeur en dollars de l’assistance au développement devrait ainsi dépasser les 100 milliards de dollars par an, avaient-ils souligné, reconnaissant que l’efficacité de l’aide aussi devait être améliorée. Selon eux, l’APD est non seulement vitale pour les pays les plus pauvres mais elle constitue aussi un investissement pour un monde plus sûr car plus équitable.
En 1970, les Nations unies avaient fixé 0,7 % du PNB comme objectif pour l’APD que seuls cinq pays ont atteint : Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède et Luxembourg. Le taux moyen d’APD s’est stabilisé entre 0,30 et 0,35 % du PNB des pays industrialisés de l’OCDE jusqu’au début des années quatre-vingt-dix, en incluant les Etats-Unis qui n’ont jamais voulu s’engager sur un tel objectif. Selon les statistiques du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, les principaux donateurs ont accru l’année dernière leur APD de 4,9 % en termes réels, compte tenu de l’inflation entre 2001 et 2002, atteignant 57 milliards de dollars, soit 0,23 % de leurs ressources globales en fonction de leur revenu national brut (RNB), loin derrière les 0,33 % régulièrement enregistrés jusqu’en 1992.
Les Etats-Unis, toujours selon le CAD, ont augmenté leur APD de 11,6 % en termes réels en 2002, la portant à 12,9 milliards de dollars, soit 0,12 % de leur RNB, cette progression résultant principalement des ressources complémentaires et des crédits d’urgence débloqués en réponse aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 et des nouvelles initiatives dans les domaines de la santé et de l’aide humanitaire. L’APD des membres de l’Union européenne a aussi augmenté en 2002. L’Irlande notamment s’est fixé comme objectif d’atteindre 0,7 % d’ici 2007 ; son APD qui ne représentait que 0,16 % de son RNB en 1992 est passé à 0,40 % en 2002, avec un accent mis sur l’aide aux pays les moins avancés.


Marie Joannidis

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