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19/12/2003
Commerce international : les Africains courtisés pour 2004

(MFI) Les discussions entre pays développés et en développement se sont multipliées en cette fin d’année 2003, dans l’espoir de remettre sur les rails les négociations commerciales bloquées depuis la réunion avortée de l’OMC à Cancun en septembre dernier. Malgré leur faible poids dans le commerce mondial, qui ne dépasse pas 2 % des échanges, les Africains sont, en raison du nombre de voix qu’ils représentent, très courtisés par les pays industrialisés.

A Cancun, les Africains avaient fait bloc avec les autres pays du Sud pour s’assurer que le Doha Round, le cycle de négociations commerciales multilatérales qui doit officiellement s’achever le 31 décembre 2004, soit effectivement centré sur le développement des pays pauvres. Ils réclament notamment la suppression des subventions agricoles, accordées par l’Union européenne et les Etats-Unis à leurs fermiers et qui concurrencent, de « manière injuste » estiment-ils, leurs exportations. Ils s’opposent aussi, afin de ne pas disperser les efforts, à l’inscription à l’ordre du jour de quatre nouveaux sujets, proposés en 1996 par l’Union européenne, portant sur le commerce et l’investissement, la politique de concurrence, la transparence dans les achats publics et la facilitation du commerce.
Réuni fin novembre à Bruxelles, le Conseil des ministres des pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), liés à l’Union européenne par l’accord de Cotonou, a donné mandat au groupe ACP à Genève et à Bruxelles afin d’accroître leur participation au processus de négociation au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Soulignant que le groupe ACP doit continuer à participer de façon constructive au processus de l’après-Cancun, en vue d’arriver à une conclusion satisfaisante des négociations du Doha Round, ils ont insisté sur la nécessité de prendre en compte les intérêts et les besoins des pays en développement. Ils ont réclamé que le Conseil général de l’OMC reprenne en priorité les négociations sur les questions essentielles telles que le traitement spécial pour les pays pauvres, la situation particulière des pays les moins avancés dont la majorité sont en Afrique et qui sont encore largement absents de cette organisation, le programme de travail pour les petites économies ou les règles régissant les accords commerciaux régionaux.
Mettant la priorité sur l’agriculture, les pays ACP estiment toujours que le problème du coton doit être traité séparément et non dans le cadre des négociations agricoles globales en cours à l’OMC, car c’est une question vitale pour les pays concernés – comme le Mali, le Burkina Faso, le Tchad ou le Bénin – qui requiert une solution urgente.


Plus de 6 000 articles pourraient être ajoutés à la liste des produits AGOA

Début décembre, une réunion à Brasilia a scellé la réconciliation entre l’Union européenne et le groupe des pays émergents du G20, dirigé par le Brésil et comprenant notamment l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Nigeria. Les ministres de ce groupe et le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy se sont entendus pour une reprise rapide des négociations, afin de conclure, si possible, le Doha Round comme prévu à la fin de 2004.
Pratiquement en même temps à Washington, le gouvernement américain a fait du charme aux Africains qui, pour le moment, campent sur leurs positions et restent soudés avec le reste des pays en développement. Le ministre américain du Commerce, Donald Evans, a affirmé, au cours d’un forum sur la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), qu’il faudrait étendre encore la portée des préférences commerciales accordées par les Etats-Unis aux produits exportés par les pays africains. Parlant devant des ministres du Commerce des pays participant à l’AGOA, il a précisé que la valeur totale de leurs exportations vers les Etats-Unis ont atteint 10,2 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2003, soit 14 % de plus que le total de 2002. Malgré ces données encourageantes, « il faudra faire davantage dans les années à venir », a-t-il dit, laissant entendre que 6 000 articles supplémentaires pourraient être ajoutés à la liste des produits couverts par l’AGOA.
Devant les représentants des principales sociétés pétrolières américaines et de 14 pays africains réunis à Houston (Texas), Stephen Hayes, le président du Corporate Council on Africa (Conseil des entreprises américaines liées à l’Afrique) affirmait, à la mi-novembre, que c’est le commerce « qui propulsera le continent dans le XXIe siècle ». « C’est en premier lieu le commerce qui permettra d’atténuer la pauvreté en Afrique », avait-il insisté.


Rendez-vous le 11 février 2004

Toutes ces bonnes intentions n’ont pas véritablement débloqué les négociations au sein de l’OMC. Les 146 pays membres réunis à la mi-décembre au sein du Conseil général de l’organisation ont fait l’inventaire des divergences qui subsistent, mais se sont accordés sur l’urgence de remettre les négociations sur les rails. Bien qu’ils aient ainsi raté la date butoir du 15 décembre fixée par la conférence de Cancun, ils ont manifesté la volonté politique d’aboutir d’ici la prochaine séance du Conseil, prévue le 11 février 2004. « Notre objectif commun, conformément aux instructions données par les ministres à Cancun, était de parvenir à redonner leur élan aux négociations, a déclaré le directeur général de l’OMC, le Thaïlandais Supachai Panitchpakdi. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous ne devons pas nous décourager », a-t-il ajouté, estimant que des progrès ont été accomplis depuis Cancun. Un point de vue partagé par l’Uruguayen Carlos Perez del Castillo, président du Conseil général, qui a dirigé les discussions et dont le mandat expire fin décembre. Ce sera à son successeur, élu au début de 2004, de continuer les efforts.
« Tout a été très lent depuis Cancun, mais il y a maintenant un espoir raisonnable de reprise des négociations au début de 2004 », estime un haut fonctionnaire de l’OMC. Il a précisé que lors de sa prochaine réunion, le Conseil général devrait proposer la reprise du travail des huit groupes de négociations qui s’occupent des principaux sujets du Doha Round d’ici la fin du mois de février, « bien qu’il est clair qu’on est loin d’un accord complet ». Il a cependant reconnu que des facteurs extérieurs comme les élections américaines de novembre 2004 ou l’élargissement de l’Union européenne à 25 membres pourraient avoir un impact sur le déroulement des négociations commerciales.


Marie Joannidis

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