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16/01/2004
L’AGOA, outil de politique extérieure des Etats-Unis

(MFI) Courtisée par les Américains pour son pétrole et autres matières premières ainsi que pour son soutien politique à la lutte contre le terrorisme international menée par Washington, l’Afrique espère un accès élargi au marché américain pour ses produits.

Le président George Bush, qui s’est rendu en Afrique en juillet 2003, a renouvelé ses promesses et décidé d’appliquer, le 30 décembre 2003, à 37 pays de l’Afrique sub-saharienne les préférences commerciales accordées à leurs exportations vers les Etats-Unis sous le régime de la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA) pour 2004. Nouveau venu dans la liste mise à jour chaque année par le président américain, l’Angola, deuxième producteur de brut de l’Afrique au sud du Sahara. Deux pays, la République centrafricaine et l’Erythrée, ont été en même temps rayés de la liste des privilégiés car ne répondant plus aux critères d’éligibilité. La loi, adoptée en 2000, exige que les pays bénéficiaires continuent à progresser vers une économie de marché, l’état de droit, le libre-échange et qu’ils mettent en œuvre des politiques économiques susceptibles de réduire la pauvreté tout en assurant la protection des droits des travailleurs.
Les observateurs remarquent que l’interprétation des critères est quelque peu aléatoire. Ainsi l’Angola a été admis malgré le fait que ce pays, sorti d’une guerre civile de près de trois décennies en 2002, continue à être épinglé par les organisations de droits de l’homme, la dernière en date étant l’américaine Human Rights Watch (HRW), qui vient d’accuser le régime de détournement massif des revenus pétroliers, ce qui n’est guère de nature à réduire la pauvreté qui frappe 70 % de la population. La RCA et l’Erythrée semblent de leur côté avoir été « punies » par l’administration Bush en raison du dernier coup d’Etat à Bangui et du récent conflit armé de l’Erythrée avec l’Ethiopie, qui reste un des partenaires privilégiés de Washington en Afrique.


Des exportations de 10,2 milliards de dollars en neuf mois

Le ministre américain du Commerce Donald Evans avait affirmé fin 2003, au cours d’un forum sur l’AGOA, qu’il faudrait étendre encore la portée des préférences commerciales accordées aux Africains. Il a précisé que la valeur totale de leurs exportations vers les Etats-Unis avait atteint 10,2 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2003, soit 14 % de plus que le total de 2002. Malgré ces données encourageantes, « il faudra faire davantage dans les années à venir », avait-il dit, laissant entendre que 6 000 articles supplémentaires pourraient être ajoutés à la liste des produits couverts par l’AGOA.
Les Américains avaient par ailleurs décidé, peu avant la conférence de Monterrey sur le financement du développement en mars 2002, une augmentation de 5 milliards de dollars de leur aide annuelle aux pays en développement pour la porter à 15 milliards de dollars d’ici 2007. Ces fonds sont distribués à travers le Compte du défi du millénaire (New Millenium Challenge Account – MCA) créé par le président Bush. Mais, là aussi, ils ont établi un système de récompenses aux « bons élèves », c’est-à-dire ceux qui entreprennent des réformes préconisées par Washington.
En décembre, le président américain, dans une brève visite surprise aux ministres africains du Commerce et des Finances réunis dans le cadre de l’AGOA à Washington, les a assurés de son engagement à poursuivre son soutien à cette loi et à l’Afrique en général.
Adoptée sous l’administration Clinton, la loi sur l’AGOA accorde un accès préférentiel que le président George W. Bush a renouvelé jusqu’en 2008. Une nouvelle législation pour l’étendre au-delà a été présentée à la Chambre des représentants et au Sénat, notamment soutenue par de nombreux hommes d’affaires, des ONG ainsi que le lobby noir. Mais ses partisans redoutent une désaffection par rapport à l’Afrique malgré les paroles lénifiantes du Congrès, fortement sollicité pour la guerre en Afghanistan et surtout en Irak et la lutte contre le terrorisme, devenues les priorités de l’administration Bush.
D’autant plus que celle-ci est irritée par l’adhésion de l’Afrique au front du refus des pays en développement à la dernière conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun qui a bloqué le cycle de Doha. « Bush a besoin du vote noir comme il a besoin de celui des latinos et il sera obligé de faire des gestes en faveur des Africains », soulignent toutefois des observateurs diplomatiques évoquant les élections présidentielles américaines de novembre 2004.


Marie Joannidis

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