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23/01/2004
Globalisation « équitable » : mythe ou réalité

(MFI) La sécurité et la prospérité mondiales ont été début 2004 au centre des préoccupations de la communauté internationale. Mais de nombreuses voix s’élèvent désormais pour réclamer une globalisation « équitable » qui n’oublie pas les pauvres, en commençant par le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, qui a entrepris fin janvier une grande tournée européenne devant notamment le mener en Allemagne, en Suisse où s’est tenu le Forum économique mondial de Davos, en Suède, à Paris et en Belgique.

Avant même son départ de New York, Kofi Annan a appelé le monde des affaires, réuni du 21 au 25 janvier à Davos, à soutenir ses efforts pour assurer que la globalisation ou mondialisation œuvre en faveur des populations. Le forum a réuni cette année plus de 2 100 participants de 94 pays, dont plus de 30 chefs d’État ou de gouvernement et un grand nombre d’hommes d’affaires et d’entrepreneurs autour du thème : partenariats « pour la sécurité et la prospérité ». Mais la reconstruction de l’Irak et la reprise de la croissance mondiale sont en tête des priorités même si, comme d’habitude, les discussions tournent aussi autour du combat contre la pauvreté, surtout dans le tiers monde.
Kofi Annan a aussi rappelé la nécessité pour les dirigeants du monde de concentrer leurs énergies sur les menaces posées par la pauvreté extrême, la famine, les maladies endémiques et la dégradation de l’environnement après une année au cours de laquelle l’attention a surtout porté sur d’autres menaces. Dans son discours de fin d’année, le secrétaire général avait appelé à regarder au-delà de l’Irak et à s’efforcer d’atteindre les objectifs de développement qui ont été fixés, à finir ce qui n’a été « qu’à moitié fait en Afghanistan », à s’occuper des problèmes qui se posent en Amérique latine et en Afrique, à faire en somme de l’année qui vient celle des « promesses tenues ».
« Oui, l’Irak est important pour l’avenir de la région et l’avenir du monde. Oui, il faut arrêter la propagation des armes de destruction massive. Oui, il faut combattre le terrorisme. Oui, nous sommes confrontés à de nouvelles menaces, à de nouveaux défis et il nous faut changer pour répondre à ces défis », avait-il souligné, avant d’ajouter qu’il y avait aussi « beaucoup d’autres problèmes importants : la pauvreté, la faim, la maladie, l’analphabétisme ». Les objectifs qui restent à atteindre et qui concernent au premier chef les pays africains vont de l’augmentation de l’aide publique au développement à l’octroi aux pays pauvres d’un accès équitable aux marchés en passant par l’allègement de la dette, la lutte contre le HIV/sida…


Un « contrat mondial » fondé sur des valeurs et des principes communs

Ces thèmes ne sont pas absents de la tournée européenne du secrétaire général de l’Onu, qui devait rencontrer à Paris le président français Jacques Chirac, lequel participe également à une réunion sur le « Pacte mondial » (Global Compact) consacré à la transparence et la lutte contre la corruption.
Kofi Annan avait lancé l’idée d’un tel pacte précisément au forum de Davos en 1999. « Je suggère que vous, les dirigeants de grandes sociétés réunis à Davos et nous, les Nations unies, concluions un "contrat mondial" fondé sur des valeurs et des principes communs qui donneront un visage humain au marché mondial. La mondialisation est une réalité incontournable. Mais, à mon avis, nous en avons sous-estimé la fragilité. Voici où le bât blesse : l’expansion des marchés est bien trop rapide pour que les sociétés et leurs systèmes politiques puissent s’y adapter, sans parler de l’orienter. Or, l’histoire nous enseigne qu’un tel déséquilibre entre les sphères économique, sociale et politique ne peut durer », avait-il dit à l’époque, préconisant le respect des droits de l’homme, des conditions de travail et de l’environnement.
Le secrétaire général de l’Onu devait retrouver Jacques Chirac le 30 janvier à Genève pour une réunion avec Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva qui a préconisé la création d’un fonds mondial contre la faim à l’instar de celui qui a déjà mis en place pour combattre le HIV/SIDA. Le chef d’Etat français attend pour sa part les résultats des études en cours d’un groupe de travail mis en place à la suite du sommet franco-africain de Paris, pour « réfléchir à la possibilité de nouvelles contribution financières internationales pour réduire la pauvreté, favoriser le développement et financer les biens publics globaux tels que l’environnement, la santé publique ou les ressources rares ». Cette étude entre dans le cadre des réflexions sur la recherche de nouvelles taxes pour financer le développement entamées après la conférence de Monterrey au Mexique en 2002.


Marie Joannidis

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