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06/02/2004
Normes de qualité : à la fois contrainte et visa pour l’export

(MFI) Les normes de qualité en vigueur sur les marchés européens et américains sont de plus en plus nombreuses et rigoureuses. Elles pénalisent certains exportateurs africains de denrées agricoles, mais surtout ceux qui vendent des produits finis.

Iso 9000, Iso 14000, Iso 9001, AS 8000… Les sigles se suivent et se ressemblent. Ils traduisent une même exigence : la qualité des produits. Impossible d’accéder aux marchés européens et nord-américains sans montrer patte blanche. Ces normes aux intitulés obscurs visent à protéger le consommateur et à prévenir les accidents. Leur accumulation ne semble plus avoir de limites. Dans le seul domaine alimentaire, on recense, au niveau européen, plusieurs dizaines de critères pour apprécier la conformité sanitaire ou sociale d’un produit. Avec les nouvelles épidémies (SRAS, grippe du poulet, ESB), les mesures de contrôle sont devenues encore plus drastiques. Plus récentes, les normes de respect de l’environnement et celles liées à l’éthique permettent aussi de filtrer les entreprises étrangères pouvant accéder à ces marchés tant convoités. Il s’agit alors de s’assurer que la production n’occasionne pas de pollution excessive et que l’exportateur n’a pas recours au travail des enfants, ni à celui abusif des prisonniers.
Les pays pauvres, ceux d’Afrique en particulier, rencontrent les plus grandes difficultés à satisfaire ces normes, faute de moyens pour améliorer ou renouveler leurs équipements. Faute de formation aussi, car la qualité n’est pas une simple question de machines, mais aussi de comportement au travail. Les filiales des sociétés européennes implantées sur le continent ne sont pas concernées, puisque leurs maisons-mères mettent régulièrement leurs outils industriels à niveau. C’est une autre paire de manches pour les PME locales. Par exemple, la plupart des producteurs de cigarettes du Zimbabwe devront encore améliorer leurs procédés de fabrication pour que leur tabac contienne un taux de goudron beaucoup plus faible qu’actuellement. Cela renchérira leurs coûts et les rendra moins compétitifs. Les phosphatiers du Togo ont été contraints de renouveler leurs machines pour satisfaire aux nouveaux critères européens concernant le cadmium, une substance toxique.


Le Trophée européen de l’excellence et de la qualité reçu par une société éthiopienne

Seules quelques entreprises tiennent le pari de la qualité internationale, comme la société éthiopienne Spice extraction factory, qui exporte 100 % de sa production vers les pays du Nord, notamment le Japon et les Etats-Unis, pour un chiffre d’affaires annuel de 3 à 5 millions de dollars selon les années. La société a même obtenu, il y a quelques années, le Trophée européen de l’excellence et de la qualité. On pourrait également citer l’exemple des sociétés marocaines Ennsar (chocolat), Setexam (additifs chimiques) et Bab Mansour (huile d’olive), toutes trois distinguées par les autorités canadiennes pour les mérites de leurs produits.
Dans le camp des entreprises capables de satisfaire les exigences européennes, on trouve aussi les sous-traitants des entreprises occidentales qui ont délocalisé tout ou partie de leur fabrication sur le continent. Principaux secteurs concernées : le textile et la maroquinerie. Mais pour quelques dizaines de sociétés qui passent la barrière des normes, combien d’autres sont contraintes de renoncer à de juteux marchés internationaux ? De là à crier au protectionnisme déguisé, il n’y a qu’un pas que gouvernements, hommes d’affaires et ONG d’Afrique franchissent allègrement. Pourtant, cela ne suffit pas. Bon gré mal gré, les Africains devront se conformer à ces normes.


Des organismes locaux de certification sont créés

Plusieurs organismes internationaux se proposent de les y aider. C’est le cas du Centre de développement industriel (CDI), créé dans le cadre des accords ACP-CEE et basé à Bruxelles. Le CDI a déjà aidé plusieurs centaines de producteurs d’ananas togolais à acquérir le « label vert », qui leur a ouvert bien des portes en Europe. Autre intervenant : l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi). Son aide a permis à plusieurs entreprises africaines d’accéder à des marchés hors de leur portée faute de satisfaire aux normes requises. Parmi les bénéficiaires, l’éthiopien Awash winery (exportation de vins), le kényan Kamuno products (jus de fruits), le ghanéen Juaben oil mills (huilerie de palme).
Après avoir longtemps râlé, les pouvoirs publics africains eux-mêmes commencent à s’intéresser aux problèmes de qualité, et créent des organismes locaux de certification. C’est le cas au Burkina Faso, où un établissement public, l’Office national du commerce extérieur, délivre des labels de qualité et incite les producteurs agricoles et les PME industrielles à demander des certifications. C’est aussi le cas au Bénin, où un centre de normalisation et de gestion de la qualité (Cébénor) a été récemment créé. Il a contraint les producteurs d’ananas à réduire l’utilisation des engrais pour percer le marché français. Résultat immédiat : les exportations ont doublé, en volume, sous l’effet de la demande. Ce n’est qu’un début.


Yolande S. Kouamé

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