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20/02/2004
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Afrique : les bourses se portent bien
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(MFI) Les bourses africaines se portent généralement bien et certaines, comme celle du Ghana, ont enregistré des hausses record en 2003. Mais comme ailleurs, les marchés financiers restent tributaires de la situation politique et des risques encourus ou anticipés.
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Le Conseil américain des entreprises pour l’Afrique (Corporate Council on Africa) a affirmé fin janvier que la bourse des valeurs du Ghana a été la plus performante du monde en 2003. Le Conseil souligne qu’avec une hausse calculée en dollars de 144 %, elle a distancé les 61 places financières examinées par la société Databank Financial Services. Les bourses de cinq autres pays africains – l’Ouganda, le Kenya, l’Égypte, le Nigeria et Maurice – ont également obtenu d’excellents résultats, avec une hausse des cours en dollars supérieure à 50 % durant cette même période. Selon la Databank, la hausse moyenne des actions cotées en bourse en Afrique a atteint 44 % l’an dernier, contre 30 % pour l’indice mondial MSCI (Morgan Stanley Capital International), 32 % en Europe, 26 % aux États-Unis et 36 % au Japon.
Les principales places financières, sinistrées depuis l’an 2000, ont en effet commencé à connaître une reprise significative après avoir touché le plancher en mars 2003, anticipant sur la reprise économique aux Etats-Unis. Le Corporate Council, qui regroupe quelque 190 sociétés américaines implantées en Afrique, invite les investisseurs à considérer « sérieusement » les nouvelles places financières de l’Afrique comme étant un lieu où il est bon d’investir.
Mais comme ailleurs, les bourses restent tributaires de la situation politique et des risques encourus ou anticipés. Ainsi la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) située à Abidjan, bourse régionale de huit pays francophones de la Zone franc (UMEOA), a pâti de la violence ambiante alors que l’attention s’est de nouveau portée sur les valeurs kényanes en raison de la transition politique réussie du pays, de l’engagement du gouvernement kényan à entreprendre des réformes macroéconomiques, des mesures qu’il a prises pour s’attaquer à la corruption ainsi que de la reprise de l’aide extérieure. Un pays comme le Nigeria a pour sa part bénéficié de la hausse des cours du pétrole brut, de la stabilité du taux de change et des taux d’intérêt.
L’un des moyens essentiels de constituer un capital national
L’Association des bourses africaines (ASEA), créée en 1993, tente d’encourager le développement des bourses, mais aussi la coopération entre elles à l’intérieur de quatre grandes régions : en Afrique de l’Est, entre les bourses du Kenya, de la Tanzanie et de l’Ouganda ; au sein de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), entre la bourse de Johannesburg et les autres bourses moins importantes ; en Afrique du Nord, sous l’impulsion des bourses du Caire et d’Alexandrie ; et en Afrique de l’Ouest, entre les bourses du Nigeria, du Ghana et la BRVM. En Afrique de l’Ouest, l’idée d’une intégration plus complète des bourses s’inscrit dans le cadre d’un mouvement plus large vers l’abaissement des obstacles à la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et du capital qui est un des objectifs de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
Les partisans des marchés boursiers africains estiment que les bourses pourraient permettre de mobiliser des ressources pour le développement en émettant des obligations destinées à financer des projets industriels et sociaux déterminés, ce qui reste encore globalement un vœu pieux. Pour le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), les marchés boursiers, ainsi que les autres sources de financement, pourront promouvoir l’expansion des entreprises privées et par suite une croissance plus forte des économies nationales.
D’autres experts estiment cependant que les liens entre bourses et développement sont encore inexistants et qu’il faut d’abord s’attaquer à la pauvreté, même si l’épargne africaine et le secteur informel drainent beaucoup de capitaux difficiles à chiffrer. Mark Malloch Brown, administrateur du Pnud, souligne que le développement des marchés d’obligations et d’actions en Afrique était l’un des moyens essentiels de constituer un capital national, de développer le secteur privé et d’inverser la fuite des capitaux. En même temps, il met l’accent sur l’importance du rôle de la formation du capital national et de l’investissement dans la croissance des économies – facteur généralement reconnu comme important (bien qu’insuffisant) de la réduction d’une pauvreté endémique.
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Marie Joannidis
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