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02/04/2004
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L’Afrique du Nord mise sur l’économie du savoir
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(MFI) La Banque mondiale, la ville de Marseille et l’Institut de la Méditerranée ont inauguré ensemble, en mars 2004, un Centre pour la connaissance pour la région Moyen-Orient-Afrique du Nord (Mena), dont la mission est de renforcer les moyens d’échange des savoirs. Sa création a coïncidé avec la tenue, à Marseille également, du deuxième Forum annuel sur la connaissance au service du développement, consacré aux liens entre commerce, compétitivité et économie du savoir.
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« Vu l’évolution démographique dans la région Mena, il est essentiel de promouvoir les échanges et d’améliorer la compétitivité afin de créer des emplois pour une population jeune – il faudra pour cela tirer parti du niveau d’instruction, de la créativité et de l’esprit d’initiative des individus », a affirmé Christiaan Poortman, vice-président de la Banque mondiale pour la région. Celle-ci doit en effet, selon les chiffres publiés récemment par la Banque, doubler d’ici à 2020 les niveaux d’emploi actuels en créant 100 millions de nouveaux postes pour répondre à la demande. Un nombre croissant de personnes instruites et jeunes se joignent en effet à des marchés du travail déjà saturés, les taux de chômage atteignant 15 % en moyenne. Chez les femmes, ces taux sont supérieurs de moitié à ceux des hommes.
Organisé à Marseille au mois de mars, le deuxième Forum sur la connaissance au service du développement a offert « aux pays concernés l’occasion de partager leurs expériences, principalement sur la façon dont ils mettent à profit la révolution de l’information et du savoir pour stimuler les échanges et la croissance et relever, à terme, le défi que pose la situation de l’emploi dans la région », ont souligné des responsables de la Banque mondiale. Plusieurs pays, dont l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, ont ainsi présenté au forum des études de cas sur les résultats obtenus dans la promotion du commerce, de la compétitivité et de l’économie du savoir.
La région Mena est encore mal intégrée au reste du monde, le commerce ne représentant que 12 % du PIB (comparé à près de 50 % en Asie de l’Est). À titre d’exemple, les exportations de produits manufacturés de la région se chiffrent à 40 milliards de dollars, soit autant que la Finlande, qui a 55 fois moins d’habitants. L’investissement étranger direct représente environ 1 % du PIB, soit moins qu’en Afrique subsaharienne. Sur le plan des technologies modernes, la région, qui compte 5 % de la population mondiale, ne dispose que de 0,7 % des connexions Internet.
Relier les individus, les entreprises et les institutions
« La demande de services de transfert des connaissances et d’échange du savoir qui émane du Moyen-Orient augmente à mesure que la région prend conscience du fait que sa position concurrentielle dans l’économie mondiale dépend étroitement de son aptitude à renforcer ses capacités, tout particulièrement dans les domaines qui sont le plus directement liés à l’économie du savoir », estime pour sa part un responsable de l’Institut de la Banque mondiale chargé du renforcement des capacités.
Le centre de Marseille aura donc pour tâche de faciliter le partage du savoir et le transfert des connaissances disponibles en reliant les individus, les entreprises et les institutions au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe. Les activités porteront dans un premier temps sur quatre domaines prioritaires : la connaissance au service du développement, l’éducation et l’emploi (particulièrement les problèmes qui touchent les jeunes), la gestion des zones urbaines, la gouvernance et la transparence. Les questions concernant l’eau, la santé et la participation privée à la mise en place d’infrastructures pourront, dans un second temps, être inscrites au programme. « Le choix de Marseille, carrefour entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, aidera la Banque mondiale à former des partenariats durables avec les institutions du savoir en Europe et dans la région Mena », a précisé lors de l’inauguration Jean-François Rischard, vice-président de la Banque mondiale pour l’Europe.
Des échanges en français et en arabe
Le centre jouera un rôle de « courtier » et encouragera les programmes d’échange des savoirs à distance en français et en arabe. Les institutions régionales telles que les centres de formation, les réseaux professionnels, les universités et les groupes de réflexion seront appelés à jouer un rôle moteur en tant que vecteurs et fournisseurs de connaissances. L’accès aux réseaux en ligne, conjugué à l’échange de connaissances face-à-face, permettra aux spécialistes du développement de communiquer entre eux.
Le centre devrait enfin accroître les synergies entre les programmes de la Banque mondiale visant à renforcer les capacités dans la région et ceux de la Commission européenne. Il œuvrera en collaboration notamment avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Agence française de développement, l’Université Thetys, l’Institut de la Méditerranée et le réseau de villes Mena/Euro conduit par Marseille. Il emploiera une petite équipe d’une dizaine de personnes qui élaborera des programmes d’échange du savoir en arabe, en anglais et en français, mais qui s’appuiera également sur les réseaux thématiques tels que le Forum euro-méditerranéen des instituts économiques et l’Institut arabe pour le développement urbain. Il fera enfin office de secrétariat du Forum méditerranéen pour le développement.
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Marie Joannidis
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