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30/04/2004
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Zone Franc : la rigueur au rendez-vous
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(MFI) A l’instar de leurs partenaires européens, dont la France, les pays africains de la Zone Franc se sont mis à l’heure de la rigueur économique et monétaire afin de relancer la croissance, mise à mal en Afrique de l’Ouest par l’onde de choc ivoirienne et en Afrique centrale par les disparités entre les pétroliers et les autres.
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Selon les experts de la Zone qui lie à la France 14 pays de l’Afrique sub-saharienne et les Comores – le Trésor français garantissant la parité de leur monnaie commune, le franc CFA, ainsi que le franc comorien, avec l’euro – la croissance économique réelle de la Zone Franc a fléchi en 2002 et 2003 après un raffermissement en 2001. La réunion, à la mi-avril à Brazzaville, des quinze ministres des Finances avec François Loos, ministre français délégué au Commerce extérieur et Xavier Darcos, nouveau ministre délégué à la Coopération, au développement et à la francophonie, a permis de constater que les efforts en matière de convergence devaient être approfondis, malgré des progrès notables dans le domaine monétaire comme la réduction de l’inflation.
Le communiqué final souligne la nécessité de diminuer les déficits budgétaires et préconise une mobilisation politique au plus haut niveau, « en vue de respecter les horizons de convergence et de renforcer la solidarité et la stabilité monétaires de la Zone ». Les ministres ont identifié un certain nombre d’actions prioritaires : vigilance particulière en matière d’accumulation d’arriérés intérieurs, renforcement de l’assainissement des finances publiques et amélioration de la collecte fiscale, « qui est à la fois un critère de convergence et le moyen de financer les politiques de croissance et de réduction de la pauvreté ».
Selon des experts africains, la croissance de l’ensemble de la zone UEMOA a été faible en 2003 en raison de la situation ivoirienne, et ce malgré une bonne campagne agricole dans le Sahel, qui a bénéficié de pluies abondantes. La baisse du prix du cacao et du coton devrait peser en 2004. En revanche, la croissance s’est nettement améliorée dans les pays de la Cemac, en raison de la baisse du dollar par rapport à l’euro et du maintien des cours élevés du pétrole, d’autant plus que le Tchad a commencé à bénéficier de la manne de l’or noir.
Mettre en œuvre une « saine » politique d’endettement
Le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé fin avril sa préoccupation concernant l’instabilité politique en Côte d’Ivoire, qui met en péril son économie et celles de ses voisins. L’impact de la crise ivoirienne dans la zone a également été souligné par le Conseil de sécurité de l’Onu qui prônait, fin mars 2004, une approche régionale aux crises qui secouent l’Afrique de l’Ouest. Selon le secrétaire général de l’organisation Kofi Annan, cette situation favorise aussi bien le trafic illicite d’armes légères que l’exploitation illégale des ressources naturelles, le recrutement forcé d’enfants dans les conflits ou le recrutement de mercenaires. Le FMI a de son côté déploré le fait que la Côte d’Ivoire laisse s’accumuler les arriérés de paiement à l’intérieur du pays et auprès de ses créanciers étrangers et ne rembourse plus que les dettes dues aux institutions multilatérales comme le FMI et la Banque mondiale.
La mise en œuvre d’une « saine » politique d’endettement des Etats a été au centre des discussions de la Zone Franc qui reconnaît qu’elle est essentielle pour le développement des pays. Les ministres ont ainsi souligné le rôle clé que représente la bonne gestion de la dette pour le renforcement de la stabilité macroéconomique des Etats, et pour le renforcement des marchés financiers régionaux. Le président congolais Denis Sassou Nguesso a plaidé en faveur d’un traitement particulier pour les pays qui, comme le sien, sortent d’un long conflit.
La collecte fiscale dans la Zone Franc, inférieure à la moyenne d’autres pays africains alors qu’elle est indispensable au financement public, reste une de ses principales faiblesses. Autre secteur à la traîne, celui du climat des affaires qui passe notamment par l’implication, dans chaque pays, des différentes administrations concernées et du secteur privé à travers notamment une amélioration des systèmes mettant en œuvre l’harmonisation du droit des affaires prévu par l’Ohada, organisation qui compte 16 Etats membres et à laquelle la RDC devrait d’ailleurs, selon le président Kabila, adhérer au cours du premier semestre 2004. A Brazzaville, les ministres ont insisté sur les notions d’éthique, de responsabilité et de transparence dont doivent faire montre les acteurs économiques. Ils se sont aussi engagés à mettre en œuvre rapidement les textes communautaires adoptés en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, notamment en rendant opérationnelles les unités de renseignement financier.
Marie Joannidis
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