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28/05/2004
Cnuced : comment concilier commerce et développement

(MFI) Les représentants de quelque 192 pays du monde étudient, du 13 au 18 juin à Sao Paulo, au Brésil, dans le cadre de la 11e Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les moyens de mieux intégrer les pays pauvres, et en particulier les pays les moins avancés (PMA), dans l’économie mondiale marquée par la libéralisation du commerce et les avancées technologiques.

La réunion de la 11e Cnuced, qui marque aussi le 40e anniversaire de l’organisation, intervient au moment où les négociations commerciales au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont toujours bloquées, alors que les populations des pays riches comme celles des pays pauvres se posent des questions sur les bienfaits de la mondialisation. Rubens Ricupero, secrétaire général de la Cnuced, souligne que la globalisation a radicalement transformé le monde et que les problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement requièrent des approches « innovantes ». Il met ainsi l’accent sur le fait que les politiques basées sur la loi du marché n’ont pas répondu aux espérances en matière de développement durable et de réduction de la pauvreté, ce qui est notamment le cas en Amérique latine, où les performances commerciales n’ont pu empêcher un accroissement de la pauvreté.
Le rapport 2004 sur la situation des PMA, tout juste publié, reste prudent tout en ne sombrant pas dans le pessimisme absolu. Il affirme ainsi qu’il serait illusoire de penser que la pauvreté de masse caractérisant la plupart des 50 PMA peut diminuer par le seul effet d’une intégration globale et d’une expansion commerciale. Le principal défi que la plupart des PMA – dont la majorité sont africains – doivent maintenant relever est de trouver le moyen de réduire la pauvreté de manière durable alors que leur économie, récemment libéralisée, a une faible envergure et se trouve encore à un niveau de subsistance, face à un système économique international dont la libéralisation est très asymétrique, estime le rapport, faisant état des améliorations substantielles en Chine et en Inde par exemple.


Cohérence entre politiques nationales et processus internationaux

Le rapport préconise une approche du développement reposant sur trois piliers : l’élaboration dans les PMA de stratégies de développement post-libérales qui font du commerce l’une de leurs principales composantes ; des améliorations du régime commercial international, y compris sur des points qui se situent hors du cadre de l’OMC, afin de réduire les contraintes externes qui pèsent sur le développement des PMA ; une augmentation de l’assistance financière et technique fournie par la communauté internationale afin de développer les capacités productives et commerciales des PMA. « La réussite ne sera au rendez-vous que s’il existe une cohérence des politiques qui rende ces trois piliers complémentaires. Tout comme les moyens à mettre en oeuvre pour que le commerce devienne un mécanisme plus efficace de lutte contre la pauvreté, cette cohérence entre les politiques nationales de développement et les processus internationaux est le thème central de la 11e conférence de la Cnuced », soulignent les auteurs du rapport.
« Sinon, prédisent-ils, des millions de personnes continueront à vivre en-dessous du seuil de pauvreté (moins d’un dollar par jour), et en-deçà des normes minimales de développement humain. Les conflits civils, fréquents dans les pays à faible revenu qui se trouvent en état de régression ou de stagnation économique, continueront à bouleverser les moyens d’existence des populations, menaçant la sécurité tant internationale que nationale; et l’aide sera de plus en plus absorbée par des opérations successives d’allégement de la dette, des urgences humanitaires à répétition et des transferts sociaux globaux dans le but d’instaurer des conditions de vie minimales conformes avec la dignité de l’être humain », soulignent-ils. Ils évoquent aussi les ravages du sida, qui décime les classes les plus productives, en particulier en Afrique.
Les experts déplorent que dans le cadre de l’aide au développement, les secteurs productifs et l’infrastructure économique aient été délaissés au profit des besoins sociaux de base. Au début des années quatre-vingt, 45 % de l’aide bilatérale servaient à développer les secteurs productifs et l’infrastructure économique mais, en 2000-2002, ce chiffre était tombé à 23 %. Les engagements d’aide en faveur des infrastructures liées au commerce comme les transports, le stockage et les communications ont, en valeur réelle, diminué de 43 % par habitant entre 1990 et 2001. La Cnuced préconise un renforcement de la coopération Sud-Sud. Le développement du commerce Sud-Sud a été impressionnant, affirme-t-elle ; cependant, le déficit commercial des PMA vis-à-vis des autres pays en développement a quasiment triplé, passant de 5,5 milliards de dollars en 1990 à 15,6 milliards en 2002.


Réorienter la composition de l’aide

L’organisation, qui veut retrouver le rôle important qu’elle a eu dans les années soixante-dix, a participé récemment à une réunion à l’Onu avec des représentants de l’OMC et des institutions de Bretton Woods (FMI et Banque mondiale) sur l’application du consensus de Monterrey sur le financement du développement. Selon les experts, des investissements massifs sont indispensables pour renforcer les capacités productives et commerciales des PMA et améliorer leur compétitivité. Or, ces pays ne peuvent mobiliser que peu de ressources financières intérieures.
L’accroissement de l’assistance financière et technique internationale doit également s’accompagner d’un renforcement de l’efficacité de cette assistance. L’organisation estime que la reprise de l’aide aux PMA doit être amplifiée et devrait s’accompagner d’une réorientation de la composition de l’aide afin qu’elle serve de nouveau à renforcer les capacités productives et commerciales, et souhaite un plus large recours à l’aide en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) pour le développement de ces secteurs. D’après la Cnuced et la Banque mondiale, environ 50 % de la population des PMA vit avec moins d’un dollar par jour – une situation inchangée depuis 1990. Si cette tendance se poursuit, il sera impossible de réduire de moitié d’ici 2015 la pauvreté, selon l’objectif inscrit dans la Déclaration du Millénaire adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2000.


Marie Joannidis

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