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11/06/2004
Francophonie : priorité au développement durable

(MFI) Du 1er au 4 juin 2004, l’Université de Ouagadougou (Burkina) a accueilli le colloque « Développement durable : leçons et perspectives », en collaboration avec l’AUF et l’AIF. Universitaires et experts francophones ont librement débattu pour aboutir à des « recommandations stratégiques » soumises aux chefs d’Etat et de gouvernements en vue du futur Sommet francophone.

Coup d’accélérateur dans les préparatifs du Xe Sommet de la Francophonie, programmé pour les 26 et 27 novembre prochains à Ouagadougou : les conclusions du colloque scientifique, réuni début juin dans la capitale burkinabè, affirment non seulement la nécessité que ce Sommet « débouche sur des actions concrètes » et que le développement durable soit « au centre des stratégies des Etats », mais aussi que la Francophonie doit « réaffirmer, comme espace politique et communauté solidaire, sa contribution originale au développement durable et infléchir certains courants dominants ». Des termes qui font écho aux propos de Roger Dehaybe en ouverture de la rencontre : « Le développement tout court et le développement durable plus encore ne seront atteints qu’au prix d’une plus forte volonté politique et d’une modification des rapports de forces dans le monde. La mondialisation, déclare l’administrateur général de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF), n’est pas, comme certains le prétendent, sauvage, et le désordre n’est qu’apparent. Il permet, au contraire, à certains groupes et à certains Etats d’être plus riches et plus forts. Notre colloque pose ces questions. Il est donc profondément politique. »
Scientifique, économique, politique ? Quoi qu’il en soit, la rencontre, organisée par l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Université de Ouagadougou et l’AIF, a suscité l’intérêt aux quatre coins de l’espace francophone. Plus de 800 communications ont été soumises pour l’ensemble des cinq axes retenus – diversité linguistique et culturelle ; éducation, formation professionnelle et enseignement supérieur ; stratégies de développement durable ; technologies de l’information et de la communication au service du développement durable ; démocratie, état de droit et bonne gouvernance. Le comité scientifique en a retenu 152, dont environ cent ont été oralement présentées et débattues lors des séances de travail par les participants – plus de 300 universitaires, chercheurs, étudiants et représentants d’organisations internationales ou de la société civile. Les autres étaient publiées sous forme d’affiches. Cet engouement a comblé Michèle Gendreau-Massaloux, recteur de l’AUF, soucieuse que l’action de l’Agence universitaire aide « les Etats et leurs citoyens à prendre peu à peu en charge leur développement ».


Vers l’adoption d’une stratégie décennale

Réuni deux ans après le Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, qui avait connu un relatif échec, le colloque avait pour mission, comme l’a rappelé Abdelhafid Debbarh, président du comité scientifique, de « faire le bilan des diverses stratégies définies et d’extraire des communications retenues des propositions opérationnelles qui seront soumises aux chefs d’Etat » lors de leur réunion en novembre. Outre l’adoption – classique – d’une « déclaration de Ouagadougou », le Xe Sommet verra en effet pour la première fois le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le président Abdou Diouf, proposer aux chefs d’Etat et de gouvernement l’adoption d’une stratégie décennale. « Depuis un an et demi, a précisé Roger Dehaybe lors d’une déclaration à la presse, notre organisation est en train de faire la synthèse entre francophonie politique et francophonie de coopération. La Francophonie n’est pas un bailleur de fonds, mais un partenaire du développement. »
Cette stratégie décennale, si elle intègre les résultats du travail scientifique synthétisé début juin, devrait reprendre à son compte les recommandations stratégiques formulées dont, par exemple, la nécessité d’avoir « une présence et des approches concertées dans les négociations internationales et dans les organismes qui définissent les normes » ; de renforcer « les capacités des Etats en mettant en œuvre une politique vigoureuse de soutien à tous les niveaux d’éducation et de formation, susceptible d’affirmer la priorité du droit à l’éducation comme principal vecteur de la solidarité francophone » ; de mettre en place « un forum de concertation sur les enjeux du pluralisme culturel et linguistique mondial » ; de renforcer « la solidarité numérique à travers la démocratisation de l’accès aux TIC, le développement et l’appropriation des logiciels libres » ou encore de consolider « partout la démocratie et l’Etat de droit, notamment grâce au respect du processus électoral ».


« S’il y a le malheur quelque part, il y aura toujours une guerre possible »

On le voit, la double aspiration de la Francophonie se dessine à travers ces recommandations : être en son sein un espace de plus grande solidarité, renforçant chacun de ses membres par la mutualisation des moyens, et être à l’extérieur un acteur capable d’influer sur un monde international en mutation. « La réflexion critique sur les concepts et les normes qui encadrent – sinon réduisent – les relations internationales est primordiale », a souligné Christine Desouches, délégué général aux droits de l’homme et à la démocratie de l’AIF. « Il faut donner un sens et une densité au développement durable : la Francophonie n’a pas le choix, c’est une condition de sa survie », a pour sa part affirmé Jean du Bois de Gaudusson, président de l’AUF, souhaitant malicieusement que « la réflexion », également, « soit durable »… Président de l’Université de Ouagadougou et, à ce titre, hôte de la rencontre, Joseph Paré a conclu sur le même registre : « Il faut faire notre part du travail intellectuel, car sinon le monde qui se construit se construira contre nous. Nous croyons que s’il y a le malheur quelque part, il y aura toujours une guerre possible. Le grand débat que nous avons eu va infléchir les positions de nos chefs d’Etat. » Rendez-vous en novembre pour en avoir la certitude.

Ariane Poissonnier,
envoyée spéciale à Ouagadougou


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