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28/06/2004
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TIC : sur tous les fronts du développement
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(MFI) Alors que la 11e Cnuced a été marquée, en juin au Brésil, par le lancement d’un partenariat sur les technologies de l’information et de la communication et de l’Institut virtuel sur le commerce et le développement, Maurice se prépare à accueillir, en juillet, le premier Forum mondial TIC pour les pays les moins avancés.
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Dans la perspective de la tenue, en Tunisie au mois de novembre 2005, de la seconde phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) – dont la première réunion préparatoire a lieu fin juin 2004 –, la mobilisation en faveur d’un plus large accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) se fait multiple. Enjeu de cette mobilisation, selon la Déclaration de principes et le Plan d’action du SMSI adoptés à Genève, lors de la première phase : édifier une société de l’information inclusive – c’est-à-dire ne laissant personne sur le bord du chemin. Ce qui exige la prise en compte des besoins des pays les moins développés. « Les Nations unies constituent le seul cadre où toutes les composantes de la société humaine, des plus faibles aux plus influentes, peuvent faire entendre leur voix, a en ce sens noté, lors de la 11e Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Rubens Ricupero, son secrétaire général. Si nous sommes solidaires dans la lutte contre le terrorisme et la menace des armes interdites, nous devons aussi sans hésitation l’être dans la défense de nos semblables contre la pauvreté abjecte. »
Parmi les partenariats pour le développement lancés à Sao Paulo (Brésil), la Cnuced a décidé – à côté des produits de base, de l’investissement et de la formation – d’en consacrer un aux TIC. Elle est en effet convaincue que les TIC peuvent « renforcer la productivité et la compétitivité des entreprises, soutenir la transformation des structures des marchés, aider les sociétés à participer aux processus internationaux de production de biens et de richesses, à réduire leurs coûts de distribution tout en améliorant la gestion des risques commerciaux. » La croissance annuelle du secteur des TIC et des services qui leur sont liés est de 45 %. L’Inde, par exemple, en tire d’énormes revenus et le secteur a créé nombre d’emplois profitant aux femmes. L’Arménie, elle, attire des entreprises d’Amérique du Nord et des pays de l’ex-bloc soviétique qui y délocalisent certains services : le secteur électronique connaît une croissance annuelle moyenne de 17 % et, en 2003, a généré des revenus de l’ordre de 50 millions de dollars.
E-tourisme et e-finance pour les PME
Le partenariat – qui associe gouvernements et institutions publiques au secteur privé, aux ONG et à la société civile – pour les TIC porte sur cinq secteurs prioritaires : la mesure de la société de l’information (comment produire des statistiques fiables permettant de construire des politiques réalistes) ; le tourisme électronique ; les politiques pour les TIC (comment établir un environnement juridique et des politiques nationales favorables aux TIC) ; la finance électronique pour les petites et moyennes entreprises (PME); les logiciels libres et ouverts.
Le e-tourisme est particulièrement intéressant : Internet ayant complètement modifié les processus de promotion et de ventes dans le secteur, la possibilité est aujourd’hui offerte aux pays du Sud de proposer eux-mêmes et pour un coût moindre leur offre touristique – le secteur pèse par exemple 2 milliards de dollars en Afrique du Sud. La coopération a déjà débuté avec l’Organisation mondiale du tourisme. La finance électronique devrait permettre aux PME d’importants gains de compétitivité en leur permettant d’accéder à des offres de crédits on-line bien plus concurrentielles ainsi qu’à une information sur les taux et les conseils bien plus complète. Des discussions sont engagées avec divers partenaires, dont des banques de développement, l’assureur-crédit Coface, Visa International ou ABN-Amro. Enfin, pour le secteur logiciels libres et ouverts, le partenariat prévoit de développer d’ici la fin de l’année un portail dédié aux événements promouvant ces logiciels dans le monde et de soutenir au moins un événement de ce type par an sur chacun des trois continents en développement. Les partenaires sollicités sont les associations défendant ces logiciels (Fossfa, Fossap), les sociétés informatiques (Novell Suse, HP) et les agences des Nations unies.
La 11e conférence a également vu le lancement d’un nouveau réseau d’information électronique, l’Institut virtuel de la Cnuced, qui permettra aux pays dont les institutions publiques et les entreprises n’ont pas encore pu tirer profit des TIC d’en acquérir les principales connaissances, puis de les utiliser dans les domaines de la gouvernance et de la gestion du commerce. Défini comme un réseau académique mondial travaillant avec les institutions universitaires nationales, l’Institut virtuel créera un site Web qui donnera accès à une sélection de ressources pédagogiques de la Cnuced.
Coordonner la participation de toutes les parties
Organisé conjointement par l’Union internationale des télécommunications (UIT) et le Conseil des entreprises du Commonwealth, le premier Forum mondial TIC pour les pays les moins avancés (PMA), qui se tient du 7 au 9 juillet 2004 à Maurice, s’inscrit dans la même logique de partenariat conçue comme la seule à même de relever le défi de réduction de la fracture numérique. Certes, dans le monde en développement, l’accès aux techniques de communication s’est amélioré : en matière de lignes fixes, le déséquilibre entre pays développés et en développement a été ramené de 14 pour 1 à 5 pour 1 entre 1992 et 2002. Dans le cas des téléphones mobiles, le « rattrapage » a été encore plus impressionnant, passant de 30 pour 1 en 1992 à 5 pour 1 en 2002. Toutefois, pour être de moins en moins marquée, la disparité n’en est pas moins excessive, en particulier en ce qui concerne Internet. L’Est de l’Asie, où l’accès large bande se généralise rapidement, est un exemple à méditer alors que, pour la plupart, les habitants du monde en développement ne disposent pas encore d’une simple connexion.
Le Forum sera l’occasion, d’une part, de déterminer les projets des TIC qui ont abouti, ceux qui ont besoin de soutien pour se poursuivre ainsi que les propositions de nouveaux projets et, d’autre part, de procéder à un échange de vues avec les bailleurs de fonds. « Il est extrêmement important de coordonner la participation de toutes les parties, a insisté Hamadoun Touré, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l’UIT. Le Forum mondial constitue une plate-forme qui permet de mettre en commun les données d’expérience et les idées, ainsi que de concevoir et de coordonner des stratégies. Les mesures que nous prendrons doivent être complémentaires les unes des autres si nous voulons réussir. »
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Ariane Poissonnier
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