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09/07/2004
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Lutte contre la pauvreté et développement durable : le défi de 2050
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(MFI) L’initiative lancée en 2000 par la communauté internationale, pour réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015, doit se conjuguer aux exigences du développement durable, qui cherche à concilier croissance à long terme et préservation des richesses de la planète pour les générations futures, souligne la Banque mondiale dans un récent rapport.
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Intitulée Une croissance responsable pour le nouveau millénaire, l’étude publiée en juin par la Banque mondiale examine les perspectives socio-économiques à l’horizon 2050, bien au-delà des Objectifs de développement du millénaire fixés pour 2015 par un sommet des Nations unies réuni il y a quatre ans. James Wolfensohn, le président de la Banque mondiale (BM), estime, dans une préface à cette étude, que des « politiques éclairées », fondées sur « la création responsable de richesses qui accélèrent la croissance économique, en particulier dans les pays en développement, mais d’une manière responsable sur le plan de l’environnement et socialement, » pourraient aboutir en 2050 à un « monde libéré de la pauvreté ». « Mais si nous choisissons d’autres options et priorités, 2050 pourrait être une époque de conflits sociaux et de dégradation de l’environnement », a-t-il ajouté, estimant que le risque serait réel notamment si la distribution actuelle des revenus – 80 % de la population ne dispose que de 20 % des revenus mondiaux – ne devient pas plus équitable.
Selon l’étude, la population mondiale pourrait passer de 6 milliards à présent à 9 milliards en 2050, avec une forte pression dans les villes des pays en développement (PED). Si, selon un scénario optimiste, le produit intérieur brut (PIB) par habitant des pays riches augmentait de 2 % par an, et celui des pays à bas et moyens revenus de 3,3 %, le revenu mondial quadruplerait, à 135 000 milliards de dollars, la part des pays pauvres doublant pratiquement. Mais il faudrait changer de modes de production et de consommation pour préserver l’environnement. Ces questions doivent donc faire partie du dialogue politique mondial.
Réduire les barrières commerciales des pays riche
Étant donné que le monde devra nourrir 2 à 3 milliards de personnes de plus dans les 30 à 50 années à venir, il est urgent, affirment les auteurs du rapport, de mettre en œuvre ce qu’ils appellent « une croissance responsable » dans les régions rurales. Les données récentes démontrent que la pauvreté rurale perdure alors que la croissance de la production agricole stagne. Pour renverser la tendance, des efforts sont nécessaires : le monde développé doit libéraliser l’accès à ses marchés et réduire les subventions agricoles alors que les PED doivent améliorer leurs politiques agricoles et mieux gérer leurs ressources naturelles.
Dès à présent, il faut investir dans le développement à long terme du capital social et humain. Agir dès maintenant exige également des progrès sur l’aide et le commerce. L’aide au développement couplée avec la bonne gouvernance dans les pays qui la reçoivent peut être un très fort moteur de croissance. Les études récentes indiquent cependant qu’une réduction des barrières commerciales des pays riches pourraient produire des effets beaucoup plus importants que l’aide : les pays en développement pourraient ainsi voir leurs revenus augmenter de 350 milliards de dollars par an d’ici à 2015 alors que l’aide s’élève actuellement à une cinquantaine de milliards par an.
Une énergie propre
La Banque mondiale met également l’accent, dans son rapport, sur les énergies renouvelables jusqu’ici négligées. A l’heure actuelle, 1,6 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Environ 2,4 milliards dépendent de méthodes traditionnelles de combustion de la biomasse (bouse, herbe ou bois) pour faire cuire leurs aliments sur des foyers primitifs. La pénétration des énergies propres est restée limitée car elles coûtent plus cher et les pouvoirs publics subventionnent avant tout les combustibles fossiles (pétrole et charbon). Le résultat est qu’aujourd’hui moins de 2 % de l’énergie provient de sources renouvelables comme l’énergie éolienne, solaire, géothermique et hydroélectrique ou la biomasse ad hoc (plantations industrielles d’arbres ou d’herbages graminés).
Pour les experts de la Banque, subventionner le combustible fossile est peu efficace pour améliorer la disponibilité d’énergie chez les plus pauvres. La nécessité d’éliminer cette distorsion des politiques relatives aux combustibles fossiles et les coûts engendrés par les efforts d’atténuation de l’impact de la pollution sur l’environnement et la santé rendent impératif le développement d’un marché de l’énergie renouvelable. Aujourd’hui, les pays industrialisés produisent 80 % des gaz responsables de l’effet de serre générés par l’activité humaine. D’ici vingt à trente ans, les émissions des pays en développement rattraperont, voire surpasseront, celles des pays industrialisés, mais il s’agira surtout des pays comme la Chine et l’Inde, appelés à devenir les géants économiques de ce siècle.
L’enjeu de l’eau
Le rapport fait état de prévisions selon lesquelles la consommation d’eau devrait augmenter de 50 % au cours des trois prochaines décennies alors que la moitié de la population mondiale, surtout en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud, en manquera d’ici 2025. Le développement des infrastructures de l’eau est essentiel pour beaucoup de PED afin de générer des richesses, réduire les risques sanitaires et combattre la pauvreté, à condition de préserver l’environnement.
Début juillet, au cours d’une réunion à Tunis, la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé son intention de mobiliser 615 millions de dollars pour une « Facilité africaine de l’eau ». La BAD a aussi lancé sa nouvelle Initiative pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement en milieu rural, qui compte mobiliser quelque 15 milliards de dollars d’ici à 2015. La Banque s’est engagée à fournir 30 % de ce montant. Les pays retenus pour la phase de lancement de ce projet sont le Bénin, le Burkina Faso, l’Éthiopie, le Ghana, le Mali, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda et le Sénégal. Pour sa part, l’Union européenne s’est engagée à accorder un financement de 500 millions d’euros pour des projets dans le secteur de l’eau et de l’assainissement dans les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique au titre de l’initiative « L’eau pour la vie ».
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Marie Joannidis
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