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06/08/2004
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Afrique : des perspectives de croissance contrastées
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(MFI) Quel est l’avenir économique du continent africain ? Telle est la question à laquelle un rapport, publié conjointement par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et la Banque africaine de développement, apporte quelques éléments de réponse.
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Pour la troisième année consécutive, le centre de développement de l’OCDE et la Banque africaine de développement (BAD) publient leurs Perspectives économiques en Afrique. Ce rapport, qui a cette fois l’offre d’énergie pour thème central, se veut avant tout « un outil d’analyse de l’évolution économique et sociale récente du continent africain ». Il fournit des prévisions globales pour l’ensemble du continent d’une part, des études par pays portant sur 22 Etats d’autre part.
Ainsi, alors qu’en 2003, le taux moyen de croissance du continent était de 3,6 %, il pourrait s’élever à 4 % en 2004. A l’échelle régionale, il est prévu un taux de croissance de 7 % en 2004 et en 2005 pour l’Afrique centrale, en partie dû à une augmentation de l’activité pétrolière et à l’émergence d’une certaine stabilité en République démocratique du Congo ; alors que, pour la même période, l’Afrique australe dépassera difficilement les 3 % (en 2003, cette région a connu un fort ralentissement économique avec une croissance à 1,8 %). Quant à l’Afrique de l’Ouest, elle a enregistré un taux moyen de l’ordre de 4,5 % en 2003, qui devrait stagner autour de 4 % en 2004 et en 2005.
Examinant les huit Objectifs pour le développement formulés par la Déclaration du millénaire adoptée en 2000 par les 191 Etats membres de l’Onu, le rapport indique qu’il sera « extrêmement difficile pour les pays africains de les réaliser » d’ici la date butoir de 2015. Cependant, certains Etats ont accompli de considérables progrès et ont déjà atteint quelques objectifs ou sont en voie d’y parvenir. A titre d’exemple, pour le premier objectif relatif à la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, 5 Etats (Ghana, Libye, Namibie, Nigeria, Tunisie) satisfont déjà les buts assignés par les Nations unies et 10 autres sont en passe de les remplir.
Les efforts fournis par l’ensemble du continent seront en outre soutenus par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) lancé en 2001 et qui œuvre en ce sens ; mais aussi par l’augmentation de l’aide publique au développement. L’APD nette totale reçue en Afrique « a progressé entre 2001 et 2002 de 35 % en valeur », affirment les experts ; elle devrait, dans une hypothèse haute, encore augmenter pour atteindre en 2006 un total « de l’ordre de 30 milliards de dollars (en dollars de 2002), soit une augmentation de 36 % par rapport à 2002 ».
Une consommation énergétique très faible
En s’intéressant plus spécifiquement à l’offre d’énergie, l’OCDE et la BAD soulèvent une question devenue cruciale en Afrique. En effet, si le continent dispose d’importantes ressources, que ce soit en termes d’énergie renouvelable ou d’énergie fossile, celles-ci sont très nettement sous-exploitées. Surtout, la consommation énergétique est de ce fait très faible en Afrique, ne représentant que 5,5 % de la consommation mondiale pour une démographie équivalente à 13 % de la population de la planète. Elle s’oriente essentiellement vers la biomasse, composée notamment du bois de chauffe et de ses dérivés. Ressource la plus utilisée par les ménages africains, le bois commence à se raréfier dans certaines régions. Quant au pétrole, principalement présent en Afrique subsaharienne (et plus particulièrement dans le Golfe de Guinée), c’est la seule énergie largement exploitée.
La question de l’utilisation des ressources énergétiques et de leur optimisation est d’autant plus importante pour l’Afrique que développement et offre d’énergie apparaissent étroitement liés. En fait, l’accès aux énergies dites « modernes » – produits pétroliers et énergie électrique – devrait contribuer à la fois à l’amélioration des conditions de vie des populations (plus spécialement concernant les équipements ménagers et les structures médicales), au renforcement de l’activité économique ainsi qu’à une intervention plus efficace des autorités publiques (les Etats pouvant ainsi proposer des services publics de meilleure qualité en matière d’éducation, ou encore de santé). A ce sujet, l’initiative, menée au cours des années quatre-vingt-dix en Côte d’Ivoire dans le secteur de l’électricité apparaît « très positive » selon le document. Depuis la privatisation de la Compagnie ivoirienne d’électricité en 1990, le nombre d’abonnés avait été multiplié par deux (ils sont à ce jour 800 000), et la consommation intérieure avait augmenté de 64 %. Cette privatisation avait ainsi bénéficié aux consommateurs (les prix ayant globalement peu augmenté) et à l’État qui percevait de substantielles recettes fiscales.
L’OCDE et la BAD montrent également que la réflexion autour de l’offre d’énergie et de l’intervention des pouvoirs publiques doit s’accompagner de la promotion du principe de bonne gouvernance, dans les sphères à la fois économiques et politiques. Plus spécifiquement, en matière de gouvernance politique, la démocratie est érigée en modèle car elle « constitue la condition sine qua non du développement économique à long terme ». L’instauration de l’État de droit, le respect des droits de l’homme ou encore des libertés fondamentales sont autant d’éléments qui semblent pouvoir concourir à l’amélioration de la situation économique et sociale de chaque Etat. L’apaisement de certains conflits et les processus de transition qui en découlent laissent présager une meilleure stabilité dans certaines régions, sans pour autant oublier que quelques Etats subissent encore des crises internes importantes comme la Côte d’Ivoire ou la Somalie.
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Florence Leroux
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