accueilradio  actualités  musique  langue française  presse  pro
radio
Liste des rubriques
MFI HEBDO: Economie Développement Liste des articles

06/08/2004
L’Afrique en sommet contre le chômage

(MFI) Réunis, les 8 et 9 septembre prochains, à Ouagadougou (Burkina Faso) pour un sommet extraordinaire de l’Union africaine consacré à l’emploi et à la pauvreté, les dirigeants des 53 membres de l’organisation panafricaine ou leurs représentants tenteront de donner une impulsion nouvelle au monde du travail.

Comme ils l’ont fait pour le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique (Nepad), désormais sur les rails même si beaucoup reste encore à faire, les chefs d’Etat et de gouvernement africains se penchent directement sur les problèmes du chômage qui aggravent la pauvreté de leur continent. C’est une première. Pour cette rencontre à Ouagadougou les 8 et 9 septembre 2004, ils ont mis sur pied un partenariat renforcé avec l’Organisation internationale du travail (OIT) et son organe exécutif, le Bureau international du travail (BIT) dirigé par Juan Somavia, qui a participé activement à la préparation du sommet.
Le BIT a ainsi organisé, fin 2003 à Addis Abeba, en Ethiopie, siège de l’Union africaine, une réunion régionale consacrée à la création d’emplois « décents » en Afrique, impliquant non seulement les opérateurs politiques et économiques, y compris le secteur privé, mais aussi les ONG professionnelles et les syndicats qui restent encore une force de pression embryonnaire dans plusieurs pays du continent. Les experts estiment que la croissance économique ne peut à elle seule faire reculer la pauvreté et que l’emploi est le principal mécanisme pour atteindre cet objectif. Ils déplorent toutefois l’absence de stratégie cohérente intégrée dans plusieurs pays africains, la faiblesse de la productivité de la majorité des travailleurs africains qui freine l’épargne, la consommation et l’investissement mais aussi leur compétitivité sur le marché international. Une déclaration finale intitulée Un travail décent pour le développement de l’Afrique a insisté sur les objectifs stratégiques définis par l’OIT : création d’emplois et d’entreprises, normes du travail correctes, protection sociale minimum et dialogue social.


Soutenir les efforts des employeurs et des travailleurs contre le VIH/sida

Une résolution a également appelé les gouvernements africains à soutenir les efforts des employeurs et des travailleurs dans leur combat contre le VIH/sida, l’épidémie frappant de plein fouet les populations les plus actives. Elle suggère d’établir un cadre légal et politique permettant d’agir sur le lieu de travail contre le sida, ainsi que des mesures pour contrecarrer les préjugés et la discrimination, et le renforcement de plans nationaux de lutte contre le virus qui devront comporter une stratégie prenant en compte le monde du travail. Le BIT précise que 90 % des personnes infectées sont des travailleurs âgés de 15 à 49 ans. Et estime que l’épidémie entraînera, d’ici l’an 2020, une réduction de 10 à 30 % de la main d’œuvre dans les pays les plus touchés. Notant que plus de 300 millions de jeunes Africains feront leur entrée sur le marché du travail dans les dix prochaines années, une autre résolution a appelé l’OIT à porter encore plus son attention sur la promotion de l’emploi des jeunes.
Car les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les quelque trois milliards de personnes dans le monde qui survivent avec deux dollars américains ou moins par jour, 500 millions sont en Afrique (soit les trois quarts de la population du continent). Parmi eux, quelques 320 millions vivent dans une pauvreté extrême avec un dollar ou moins par jour. On voit émerger un secteur urbain informel en rapide expansion qui cohabite avec un secteur agricole où travaille plus de 70 % de la population. Les femmes et les jeunes sont particulièrement vulnérables. D’ici 2015, un Africain sur dix vivra et travaillera hors de son pays d’origine.
Au rythme actuel de la croissance, l’objectif de l’Onu de réduire de moitié la pauvreté extrême en Afrique d’ici 2015 ne sera donc pas atteint. Le BIT estime cependant que le travail peut être l’instrument qui apportera l’impulsion nécessaire à l’édification d’une structure africaine du développement, combinant ouverture sur le plan social et dynamisme sur le plan économique. Ses priorités sont à la fois la promotion de l’égalité – notamment entre les sexes – et la lutte directe contre les causes profondes de la pauvreté. Selon les experts, la seule création d’emplois ne suffit pas. Il faut aussi placer l’emploi au centre des politiques économiques et sociales, s’efforcer d’obtenir une économie mondiale plus ouverte et équitable et promouvoir la responsabilisation et la participation.
Pour le ministre burkinabé du Travail, de l’emploi et de la jeunesse, Alain Ludovic Tou, président du comité national d’organisation du sommet extraordinaire de l’UA, la tâche est immense même dans un pays comme le sien qui y travaille depuis longtemps. Il estime que 40 % de la population en âge de travailler est sous-employée, met l’accent sur la solidarité nationale et internationale mais aussi sur la nécessité de « bâtir des sociétés démocratiques ouvertes » pour favoriser le dialogue social et l’emploi, principes qui sont aussi les fondements du Nepad.

Marie Joannidis


Qualification des travailleurs et réadaptation des populations civiles

(MFI) Le BIT soulève un autre problème de taille, celui du travail des enfants qui, quand ils ne sont pas enrôlés de force, travaillent péniblement dans l’agriculture et le secteur informel. L’organisation veut donc s’attaquer d’abord aux groupes les plus vulnérables dont les enfants engagés dans la prostitution, les mines, les travaux domestiques et l’agriculture commerciale.
Un programme intitulé Des emplois en Afrique est déjà opérationnel dans 17 pays et a été intégré dans toutes les activités de l’OIT relatives à l’emploi. L’accent y est mis sur la création de micro et petites entreprises, d’associations d’épargne et de crédit et d’autres types d’institutions de la micro-finance.
Les experts mettent aussi l’accent sur la qualification des travailleurs (alphabétisation, instruction et formation professionnelle), la réadaptation des populations civiles dans les pays touchés par les conflits et les catastrophes naturelles, le développement des coopératives. Parmi les projets susceptibles de favoriser l’emploi figurent des programmes de construction de routes à forte intensité de main-d’œuvre, la collecte des déchets, la formation à la gestion et autres initiatives permettant d’assurer des services publics essentiels qui pourraient créer des milliers d’emplois sur le continent.

M. J.




retour

Qui sommes nous ?

Nos engagements

Les Filiales

RMC Moyen Orient

Radio Paris-Lisbonne

Delta RFI

RFI Sofia