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03/09/2004
L’eau, une ressource précieuse à mieux gérer

(MFI) Le 4e Congrès mondial de l’eau se tient du 19 au 24 septembre à Marrakech, au Maroc. Les spécialistes vont discuter des problèmes liés à l’eau, qui sont multiples et tiennent davantage à une répartition inégale entre les zones de la planète qu’à une pénurie globale.

Après Paris, Berlin et Melbourne, Marrakech accueille le 4e Congrès mondial de l’eau, qui a lieu au Maroc du 19 au 24 septembre 2004 (1). L’International Water Association (IWA) en est l’organisateur, en collaboration avec l’Association marocaine de l’eau potable et de l’assainissement. On attend à ce congrès 3 000 personnes, opérateurs et chercheurs. Les professionnels d’organisations privées et publiques vont aborder huit thèmes en six jours : l’innovation dans le traitement de l’eau potable ; l’innovation dans le processus de traitement des eaux usées ; l’innovation dans les systèmes d’approvisionnement en eau : utilisation, recyclage et efficacité ; les ressources hydriques intégrées et la gestion des bassins versants ; l’exploitation des systèmes relatifs à l’eau potable et aux eaux usées ; l’eau et la santé ; la gestion de l’entreprise ; la gestion stratégique des infrastructures.

L’agriculture du Sud gaspille, les activités du Nord polluent

Si l’eau pose problème, ce n’est pas parce que la planète prise dans son ensemble en manque, mais avant tout parce qu’elle est mal répartie – surconsommée par certains et inaccessible pour d’autres –, mal utilisée et de plus en plus polluée. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Unep, selon son acronyme anglais), « un foyer de pays développés consomme, en moyenne, 10 fois plus d’eau douce qu’un foyer de pays en développement » (2). Aujourd’hui, 80 pays, représentant 40 % de la population mondiale, connaissent de graves pénuries d’eau.
L’Unep affirme que pour atteindre les objectifs fixés pour 2015 en matière d’approvisionnement, 1,5 milliard de personnes de plus, en Afrique, en Asie, en Amérique Latine et dans les Caraïbes devront avoir obtenu un accès à l’eau. On prévoit que dans les trente prochaines années, la consommation d’eau augmentera de 20 % ; le monde comptera plus de 200 villes de près de 10 millions d’habitants, en particulier dans les pays du Sud. Cependant le pouvoir économique et financier de ces pays ne permettra pas d’accompagner cette explosion urbaine.
Autre problème : l’eau est mal employée par le secteur agricole, qui utilise 70 à 80 % des ressources en eau douce de la planète. Les pays du Sud ont des méthodes d’irrigation archaïques, ce qui conduit à des gaspillages du fait des fuites et de l’évaporation, tandis que les pays du Nord polluent l’eau avec les nitrates et les pesticides. Or les maladies et décès ayant pour origine la seule pollution des eaux côtières représentent d’ores et déjà pour l’économie mondiale une perte de 16 milliards de dollars par an.


Trois cent zones dans le monde de conflits potentiels liés à l’eau

Des conflits provoqués par l’appropriation des ressources en eau sont déjà en cours, d’autres surgissent. Au Moyen-Orient, la survie de l’Etat d’Israël passe, aux yeux de son gouvernement, par le contrôle de l’eau, ce qui l’amène à pomper dans les nappes phréatiques des territoires palestiniens. La Turquie, la Syrie et l’Irak se disputent les eaux du Tigre et de l’Euphrate : de par sa position géographique, la Turquie détient la « clef » de l’approvisionnement commun, ce qui lui donne un réel pouvoir sur ses deux voisins. Des tensions très fortes auprès des fleuves frontaliers apparaissent également, notamment entre le Soudan, l’Ethiopie et l’Egypte pour les eaux du Nil, ainsi qu’entre la Mauritanie et le Sénégal pour le contrôle du fleuve du même nom. De même, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan s’affrontent pour l’Amou-Daria et le Syr-Daria. Enfin, le Mexique et les Etats-Unis s’opposent autour du Colorado. L’Organisation des Nations unies recense trois cent zones dans le monde de conflits potentiels liés à l’eau.

(1) www.iwa2004marrakech.com (en anglais)
(2) www.unep.org

Christelle Seguin


Chiffres et données

(MFI) Lors d’une émission diffusée sur la radio publique France Inter, Jacques Bethemont, sociologue et hydrologue, et Marc Laimé, journaliste et sociologue, ont livré à la réflexion un certain nombre d’éléments dont voici les principaux (1).

* Eau douce – eau salée

Les océans et mers salées représentent l’essentiel de l’eau disponible sur la Terre ; la planète possède en effet très peu d’eau douce, 2,5 % du total ; la population mondiale en utilise 0,0002 %. L’eau douce se trouve dans la terre, les plantes, l’air, la pluie et les fleuves en perpétuel renouvellement. Ressource mondiale, elle ne peut être distribuée et utilisée que localement. En France, l’eau provient à 40 % des fleuves et des rivières et à 60 % des nappes phréatiques. Dans Paris intra-muros, la proportion est de 50 % en provenance de la Seine et de 50 % des nappes phréatiques situées à 50 km de la capitale. Au fil du temps, les nappes phréatiques subissent une pollution urbaine et agricole (présence de nitrates et de pesticides). L’eau de pluie peut aussi être très polluée selon les régions.

* Répartition

La majeure partie de l’eau douce disponible se trouve en zone équatoriale, où l’atmosphère en est saturée. L’Asie des moussons est par exemple riche en eau, mais celle-ci n’est présente que durant une saison. Un Français dispose de plus d’eau qu’un Israélien et consomme moins qu’un Américain. Les endroits les plus riches en eau sont les plus dépeuplés. « Il faudrait 1 000 mètres cubes par personne et par an », affirme Jacques Bethemont.
Il existe différents usages de l’eau : 70 % des ressources sont utilisées pour l’agriculture, 20 % par les industriels et 10 % pour l’usage courant. Le secteur de l’énergie prélève l’essentiel des ressources d’eau naturelle disponibles, rejetées après utilisation.

* Verte, bleue ou virtuelle

Jacques Bethemont rapporte que les économistes anglais distinguent trois types d’eau : l’eau bleue, celle qui coule du robinet ; l’eau verte, celle de la pluie qui est stockée par les plantes, et la virtuelle. De quoi s’agit-il ? Par exemple, quand les Egyptiens qui manquent d’eau achètent une tonne de blé à l’Argentine, ils achètent en même temps la tonne d’eau qui a été nécessaire à la pousse de ce blé. L’idée est définie par Tony Allan, chercheur à l’Université de Londres, comme « l’eau contenue dans les marchandises ». Cependant il sera difficile pour les pays en développement de financer, à long terme, les importations de denrées alimentaires, « solution » qui en outre accroît leur dépendance.

* Dessaler l’eau de mer

Dessaler l’eau de mer (97,5 % de l’eau de la planète) est possible mais le processus demeure coûteux : 1 dollar pour 1 mètre cube. En outre, il ne peut se faire que dans un périmètre restreint, en bord de mer, car transporter l’eau est cher et risqué en terme d’hygiène. L’île méditerranéenne de Malte, qui ne possède quasiment pas d’eau, peut s’offrir des usines de dessalement grâce aux recettes générées par le flux touristique.

* Des progrès au Sud, mais une mobilisation encore insuffisante

En Asie du Sud, entre 1990 et 2000, 220 millions de personnes ont bénéficié d’un plus grand accès aux services d’approvisionnement en eau douce et d’assainissement. Sauf que durant la même période, la population a augmenté de 222 millions d’individus dans cette région, ce qui a eu pour effet d’annuler les progrès accomplis. Reste que dans les pays en développement, on observe une nette amélioration de la gestion de l’eau puisque, ces vingt dernières années, 2,4 milliards de personnes supplémentaires ont eu accès à une eau salubre et 600 millions à des meilleurs systèmes d’assainissement.
À l’heure actuelle, la communauté internationale a débloqué 80 milliards d’euros pour faire face au problème de l’eau, cependant ce sont 180 milliards d’euros qui seraient nécessaires. Peser sur les orientations et mobiliser la communauté internationale, tel est le pari de ces prochaines années.

(1) Une histoire d’eau. Tout s’explique, émission du 13 août 2004, France Inter.

Transcription mise en forme par Christelle Seguin




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