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29/10/2004
Chine-Afrique : une coopération renouvelée

(MFI) La Chine, devenue en moins de vingt ans un acteur majeur dans l’économie mondiale, a intensifié ses relations déjà anciennes avec le continent africain pour augmenter ses parts de marché et s’assurer un accès accru aux ressources pétrolières africaines.

La Chine et l’Inde, l’autre nouveau géant économique asiatique, ont besoin du pétrole pour leur expansion rapide et rivalisent à coups de bonus et de promesses d’aide au développement pour s’assurer des points d’appui à travers l’Afrique. Selon des estimations américaines, la Chine est devenue en 2003 le deuxième consommateur de produits pétroliers dans le monde après les Etats-Unis, devançant pour la première fois le Japon avec une demande totale de 5,56 millions de barils jours (mbj).
L’administration américaine prévoit que la consommation chinoise atteindra près 12,8 mbj d’ici 2025, dont 9,4 mbj seront importés. La Chine est à l’origine des 2/5e de l’accroissement de la demande mondiale de brut depuis quatre ans et porte ainsi une part de la responsabilité de la forte hausse des prix pétroliers depuis le début de 2004. Outre sa soif de pétrole qui l’a poussée à s’intéresser particulièrement au Soudan, à l’Angola, au Nigeria mais aussi à la Libye, au Tchad, au Gabon et à d’autres pays producteurs, Pékin convoite les minerais et d’autres matières premières et favorise les infrastructures - sans oublier la coopération militaire. Ses partenaires sont souvent des pays en crise ou sortant d’un conflit et qui sont en délicatesse avec les institutions internationales.


Menace de veto pour le Darfour

La Chine a menacé par exemple en septembre 2004 d’utiliser son droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, pour s’opposer à l’adoption de sanctions pétrolières contre le Soudan, à propos du conflit militaro-humanitaire dans le Darfour. Les Chinois sont en effet solidement implantés au Soudan : la compagnie chinoise CNPC (China National Petroleum Corporation) a terminé en 2003 le développement du grand champ pétrolier de Muglad qui produira plus de 500 000 barils-jour à partir de 2005, ainsi qu’une raffinerie capable de traiter 2,5 millions de tonnes par an, et un oléoduc de 1 500 kms pour l’exportation de brut à partir d’un terminal sur la Mer Rouge. Selon des experts chinois, Pékin a investi 3 milliards de dollars dans ce projet qui constitue le plus important investissement chinois à l’étranger. Le pétrole soudanais représente près de 7 % des importations chinoises de brut.
Début octobre 2004, la Chine a emporté le droit d’acquérir une participation de 50 % du bloc 18 dans l’offshore angolais, détenu par le géant pétrolier Shell, également convoité par la société d’Etat indienne ONGC-Videsh. Celle-ci avait pratiquement conclu un accord avec le groupe anglo-néerlandais, mais la compagnie d’État angolaise, Sonangol, a bloqué cet accord, selon un expert indien qui attribue un tel revers au fait que les Chinois ont ouvert pour l’Angola une ligne de crédit de deux milliards de dollars pour des projets d’infrastructures, au taux d’intérêt privilégié de 1,5 % par an. Selon certaines sources, ce prêt sera remboursé par des livraisons de 10 000 barils/jour de brut pendant dix sept ans.


Coopération militaire ancienne

Pékin maintient également d’excellentes relations avec le Zimbabwe, tout en se défendant de vouloir vendre de nouveaux chasseurs bombardiers au régime de Robert Mugabe. La Chine a en tout cas multiplié sa coopération militaire avec les pays africains depuis le milieu des années 90. Elle a, par exemple, conclu un accord militaire avec le Congo Brazzaville alors que des instructeurs chinois ont formé des militaires angolais. Pékin a vendu du matériel militaire non seulement à Luanda mais aussi, entre autres, à la République Centrafricaine, au Burkina Faso, au Tchad, au Libéria, au Sénégal et à la RDC à l’époque de Laurent Désiré Kabila.
Rappelons que Pékin avait déjà soutenu dans les années 60 et 70 plusieurs mouvements de libération africains, se posant en rivale à la fois des Etats-Unis et du bloc soviétique, et entretenu une politique d’aide au développement non négligeable. Puis les relations commerciales ont peu à peu pris le dessus. Cette coopération se fait sans états d’âme, Chinois et Africains sont d’accord pour considérer les droits de l’homme comme une affaire intérieure à chaque État, attitude qui a permis à Pékin de maintenir des relations étroites avec des pays « punis » par la communauté internationale. En retour, la Chine a toujours cherché à bénéficier de l’appui des Africains au sein de la commission des droits de l’homme de l’ONU quand elle était mise en accusation, soutenant pour sa part les demandes africaines en faveur de l’annulation de la dette et de l’augmentation de l’aide des pays riches.
L’Afrique a été dans les années 80 un enjeu entre Pékin et l’île de Taiwan. En Afrique, une dizaine de pays avaient reconnu la république taiwanaise, l’Afrique du Sud étant son plus important partenaire. Les dirigeants sud-africains ont toutefois sacrifié fin 1997 ces importantes relations commerciales au profit de la reconnaissance diplomatique de Pékin. Un choix payant, puisque les relations commerciales sino – sud africaines ont connu une expansion foudroyante depuis 1998. D’autres pays africains ont suivi l’exemple de Pretoria.
Selon des chiffres chinois, la valeur totale des échanges entre la Chine et l’Afrique sub-saharienne – qui étaient de 817 millions de dollars en 1977 – ont dépassé les dix milliards en 2000 et 18,5 milliards en 2003, ce qui néanmoins ne constitue qu’une part modeste, 2,4 %, du commerce extérieur chinois. Les autorités chinoises considèrent qu’il existe ainsi un « potentiel immense » pour l’expansion des échanges avec le continent. La relance des relations économiques et commerciales a été marquée par un premier Forum de Coopération Chine-Afrique à Pékin en 2000 puis un deuxième à Addis Abeba en Ethiopie en décembre 2003. Le plan d’Action adopté à la fin de cette deuxième réunion a défini les objectifs de la coopération sino-africaine pour 2004-2006 portant à la fois sur un soutien politique et économique dans le cadre du Nepad (le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique).


Marie Joannidis

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