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12/11/2004
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Campagne mondiale pour l’eau et l’assainissement (1)
De l’eau, oui, mais pas seulement : de l’hygiène aussi !
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(MFI) Alors que la question de l’eau est largement inscrite à l’agenda international – les Nations unies lancent l’année prochaine une nouvelle Décennie de l’Eau, la Commission du Développement durable consacre sa réunion de mai 2005 à la stratégie de l’eau… –, la campagne mondiale Wash a pour objectifs, d’une part, d’insister sur l’éducation à l’hygiène comme élément complémentaire impératif et, d’autre part, de ne pas laisser se répéter les erreurs du passé. Des sujets débattus au Forum mondial de Dakar (29 novembre-3 décembre 2004).
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« La question écologique la plus importante pour les pauvres est presque totalement laissée de côté » : Gourisankar Ghosh, directeur exécutif du Conseil de concertation pour l’approvisionnement en eau et l’assainissement (WSSCC, suivant ses initiales en anglais), n’est pas un provocateur, mais à ses yeux, la question de l’accès à l’eau potable et à un assainissement correct, préalable absolu au développement, doit absolument revenir au premier plan. C’est dans ce but que le WSSCC organise à Dakar le Forum mondial Wash, importante étape de la campagne WASH – water, sanitation and hygiene for all –, articulée autour de deux idées principales.
La première est que l’accès à une eau propre est nécessaire mais loin d’être suffisant pour améliorer réellement la situation des plus pauvres, et que les questions de l’assainissement et de l’éducation à l’hygiène, pour moins prestigieuses qu’elles soient, n’en sont pas moins essentielles. Car, rappelle le WSSCC, « un gramme de matière fécale peut contenir dix millions de virus, un million de bactéries, un millier de kystes de parasites et une centaine d’œufs de vers : c’est ce qui place l’élimination sans danger des matières fécales au premier rang des priorités de santé publique ». Des millions de personnes ne sont toujours pas informées comme il convient, souligne encore le Conseil, « des liens qui existent entre les matières fécales et la maladie », et ce, en partie « à cause des tabous, de la gêne et du silence qui entourent les questions d’assainissement et d’hygiène ». Le WSSCC estime qu’en permanence, « près de la moitié de la population des pays en développement souffre de maladies liées à l’absence d’eau, d’assainissement et d’hygiène » telles que les affections diarrhéiques comme le choléra ou la dysenterie, mais aussi les vers intestinaux, le trachome ou les infections cutanées. Ce qui représente un fardeau énorme en matière de revenus, de temps, d’énergie et de budget : les experts ont estimé que cela coûtait aux plus pauvres 5 milliards de journées de travail par an, sans parler des pertes de productivité. Ces maladies provoquent, en outre, le décès prématuré de cinq millions de personnes par an.
Il existe des systèmes bon marché d’eau et d’assainissement
Deuxième idée forte de la campagne WASH : donner à chacun accès à une eau propre et à un assainissement correct est un objectif réaliste, à condition de ne pas répéter les erreurs du passé ou de baisser d’avance les bras. L’argument du manque d’argent, par exemple, ne se justifie pas. Les technologies liées à l’eau et à l’assainissement ont en effet énormément progressé et le coût par habitant a considérablement chuté. Seulement, de nombreux pays en développement consacrent moins de 1 % des dépenses publiques à des systèmes bon marché d’eau et d’assainissement, préférant bien souvent financer des installations onéreuses utiles à quelques uns au lieu d’investir dans des services de coût modique destinés à la majorité. De plus, tient à rappeler le WSSCC, les pauvres paient déjà l’eau qu’ils consomment – ils l’achètent d’ailleurs souvent plus cher que des populations plus aisées bénéficiant d’une adduction d’eau subventionnée. Le WSSCC milite donc également pour que soient écartées les « approches verticales du sommet vers la base ». Pour multiplier l’efficacité des efforts, le Conseil préconise enfin d’accentuer la synergie entre les trois composantes eau-assainissement-hygiène, les chercheurs ayant démontré que l’impact des trois éléments regroupés est bien plus important que la somme des parties.
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Ariane Poissonnier
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