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21/01/2005
Lutte contre la pauvreté : messieurs, honorez vos promesses !

(MFI) Le Projet Objectifs du Millénaire, qui a fait travailler près de 300 experts indépendants sous la responsabilité de Jeffrey D. Sachs, a rendu le 17 janvier 2005 son rapport à Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies. Quelques jours plus tard était présentée à Paris la campagne française « 2005 : plus d’excuses ! », déclinaison nationale de l’Action mondiale contre la pauvreté, lancée au Ve Forum social mondial (26 au 31 janvier) de Porto Alegre, au Brésil. Malgré des approches différentes, les uns comme les autres se rejoignent pour demander avant tout aux gouvernements d’honorer leurs engagements.

« On a décidé de prendre au sérieux les engagements que les chefs d’Etat ont pris en 2000 », lance Henri Rouillé d’Orfeuil en présentant, le 20 janvier à Paris, la campagne française « 2005 : plus d’excuses ! ». Coordination Sud, qu’il préside, fait partie de la coalition française rassemblant une trentaine d’organisations (ONG, syndicats, associations…) décidées à se mobiliser tout au long de l’année 2005 au sein de l’Action mondiale contre la pauvreté. Les engagements auxquels Henri Rouillé d’Orfeuil fait référence sont bien connus : il s’agit des 8 objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), adoptés à New York, lors du Sommet du Millénaire, par les 191 Etats membres des Nations unies ; ils doivent permettre de réaliser, d’ici 2015, des avancées significatives afin d’éradiquer l’extrême pauvreté. Malgré leurs insuffisances et leurs limites, sources de débats à n’en plus finir, les OMD constituent à ce jour l’engagement le plus tangible pris par la communauté internationale pour lutter contre la pauvreté.
La coalition a décidé d’interpeller le gouvernement français – Jacques Chirac a ainsi reçu une carte de vœux on ne peut plus explicite – sur ses engagements en faveur des OMD. Elle lui demande de faire preuve de détermination et de soutenir, lors des rencontres internationales, des mesures concrètes autour de 4 axes : l’annulation de la dette des pays pauvres, dont le remboursement est « un obstacle majeur au développement des pays du Sud, qui empiète sur les ressources nécessaires au financement des secteurs sociaux fondamentaux pour les populations (éducation, santé, accès à l’eau…) » ; l’augmentation et l’amélioration de l’aide au développement, alors que « seuls cinq Etats respectent l’engagement pris en 1970 par les pays riches dans le cadre de l’Onu de consacrer 0,7 % de leur PIB à l’aide au développement » ; l’instauration de règles commerciales justes, considérant que « la mise en concurrence généralisée, en particulier dans le domaine agricole, joue de manière négative sur les populations les plus défavorisées » ; et enfin, la lutte contre l’évasion fiscale, qui contribue « au détournement de l’aide et prive les pays de ressources indispensables au financement des politiques publiques nécessaires au développement ».


Faire pression sur les gouvernements

« C’est cette année ou jamais », a encore lancé Céline Trublin, directrice des campagnes à Agir Ici, autre organisation membre de la coalition française. De fait, l’agenda de l’année 2005 compte nombre de rendez-vous où l’on parlera lutte contre la pauvreté et/ou financement du développement. Les OMD seront notamment au cœur des discussions au G8, qui se déroulera au Royaume-Uni en juillet, et à l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre. « L’année 2005 représente donc une réelle opportunité pour la société civile de faire pression sur les gouvernements du Nord et du Sud pour qu’ils prennent des mesures concrètes et ambitieuses contre l’extrême pauvreté », insiste donc la coalition, en soulignant que « d’ores et déjà, l’objectif prévu pour 2005 visant à instaurer la parité filles/garçons dans l’enseignement primaire et secondaire ne sera pas atteint : aujourd’hui, plus de 60 millions de filles n’ont toujours pas accès à l’école primaire. » Comment faire pour qu’il n’en soit pas de même pour tous les objectifs du Millénaire ?
C’est également à cette question qu’a voulu répondre le Projet Objectifs du Millénaire, qui a travaillé, depuis juillet 2002, à établir un plan pratique pour réaliser les OMD. Sous la direction de Jeffrey D. Sachs, 10 équipes thématiques ont rassemblé les apports de 265 chercheurs, praticiens du développement, dirigeants politiques et membres d’ONG ; effectué à la demande du secrétaire général des Nations unies, et donc indépendamment des gouvernements des pays membres, ce travail a donné naissance à un rapport, présenté le 17 janvier à New York, qui fixe un certain nombre d’étapes intermédiaires. La démarche elle-même est novatrice dans l’action internationale.


Révolution dans la pratique de l’aide : partir des besoins et non des moyens disponibles

Invité à commenter le rapport, dans le cadre d’un débat organisé à Paris par l’Institut de Sciences politiques et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Pierre Jacquet, chef économiste de l’Agence française de développement, a tenu à le souligner : « Ce qui est nouveau, c’est qu’à une obligation de moyens [les 0,7 % du PIB de 1970, ndlr], on a ajouté avec les OMD une obligation de résultats ; cela change la perspective et amène même une révolution managériale totale. Mais pour arriver à ces résultats, maintenant il faut s’organiser : c’est ce que propose ce rapport. » Patrick Messerlin, coordinateur des questions relatives au commerce et au développement pour le rapport Sachs, insiste également sur le changement de mentalité demandé – le plus difficile !– : « On demande aux institutions internationales de ne pas restreindre les demandes des pays. Il faut laisser les pays exprimer leur demandes, les laisser avoir des stratégies de développement ambitieuses. »
Que les pays en développement se dotent d’ambitieuses stratégies avant la fin de 2006, telle est d’ailleurs la première des dix recommandations principales du rapport, placé sous le signe général qu’il ne faut pas davantage de moyens financiers que ce que les pays développés ont promis (les fameux 0,7 % de 1970) pour atteindre les objectifs du millénaire en 2015. Pas plus, mais pas moins : en utilisant mieux (les efforts sont demandés autant aux pays victimes de la pauvreté qu’aux pays déjà développés) les moyens existants, il est possible de changer d’échelle. Pour en faire la preuve sur le terrain, le rapport propose de sélectionner une bonne dizaine de pays « déjà à même de faire passer la réalisation des OMD à une échelle accrue, en raison de la qualité de leur gestion publique et de leur capacité d’absorption », et de les faire bénéficier d’une forte augmentation de l’APD en 2005. Histoire de démontrer, grandeur nature, que c’est possible. Rendez-vous dans un an.

Ariane Poissonnier


Pour en savoir plus :

http://www.2005plusdexcuses.org
http://www.unmilleniumproject.org




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