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04/02/2005
Recruter pour l’Afrique

(MFI) Le recrutement pour l’Afrique est-il spécifique ? Faut-il former sur place ou hors du continent ? Comment financer ces formations, et à destination de quels cadres et salariés ? Afrique SA a décidé de réfléchir à ces question fin janvier à Paris, alors que le forum de recrutement AfricTalents est organisé pour la première fois à Washington.

C’est la première fois que le salon AfricTalents se tient à Washington, les 14 et 15 février 2005. Jusqu’à présent, c’était uniquement à Paris et Dakar que le cabinet-conseil AfricSearch organisait ce forum de recrutement, qui a pour vocation de mettre en contact les entreprises opérant en Afrique et les candidats souhaitant travailler sur le continent. Le recrutement pour l’Afrique est-il spécifique ? Faut-il former sur place ou hors du continent ? Comment financer la formation continue, et à destination de quels salariés ? Autant de questions qui se poseront à Washington, et auxquelles a tenté de répondre, le 27 janvier au Sénat, à Paris (France), le colloque organisé par Afrique SA sur le thème « Ensemble, dynamisons le secteur privé ». Née en 2003, cette association loi 1901, adossée à l’association des diplômés de l’Essec – une des grandes écoles de commerce françaises –, se veut un vivier de compétences au service de l’Afrique. Parmi les anciens de l’Essec, l’Ivoirien Charles Konan Banny, gouverneur de la BCEAO, Roger Melingui, ancien ministre du Budget du Cameroun, ou Mahamadou Sako, ancien ministre des Privatisations du Niger, qui préside Afrique SA.
« Deux problématiques justifient l’existence de l’association, explique ce dernier, à savoir l’investissement privé en Afrique et la formation des cadres africains dans les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. » La matinée était donc consacrée à « L’environnement macro-économique africain, un équilibre à trouver entre les acteurs du public et du privé », l’après-midi étant placée sous le signe des ressources humaines – pour une prochaine édition (celle-ci était la seconde), on gagnerait à structurer davantage les débats. Le lien entre secteur privé et formation a été souligné dans l’intervention d’Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) : « Sans création d’entreprises, sans organisation d’un secteur formel cohérent, qui puisse être un véritable partenaire des administrations et des bailleurs de fonds, il ne servira à rien que des organisations comme l’OIF travaillent à des scénarios de sortie de crises, renforcent la scolarisation et la formation professionnelle des jeunes et essaient d’améliorer l’insertion de l’Afrique dans le commerce mondial. »


Plusieurs marchés du travail se côtoient

De quels diplômés l’Afrique a-t-elle besoin ? Chaque intervenant a apporté sa réponse, liée bien évidemment à celle des réalités africaines à laquelle il se confronte. Anne-Marie Klein, de la SFI (Banque mondiale), a ainsi souligné que dans les processus pour pourvoir des postes en Afrique – en 2005, une centaine –, l’expérience européenne ou américaine du candidat est devenue une condition nécessaire. Directeur général de l’Essec, Pierre Tapie a insisté sur l’existence de plusieurs marchés du travail en Afrique, précisant que si le continent avait certes besoin de gens capables de négocier avec les bailleurs de fonds, il avait également besoin de gens opérationnels d’un point de vue technique d’une part, et de gens « ancrés dans leur culture et capables d’inventer des médiations sociales » d’autre part. L’ancien Premier ministre du Niger, Ibrahim Mayaki, a souhaité souligner l’importance de la formation des cadres moyens et, surtout, celle des ruraux qui devront accroître dramatiquement leur productivité pour pouvoir nourrir l’Afrique de demain. Sous l’effet de l’exode rural et de la croissance démographique, en effet, « il n’y aura dans vingt ans qu’un rural pour nourrir deux urbains », a-t-il précisé en invitant le secteur privé à participer à la formation de ces ruraux.

Un « visa à durée limitée mais élastique » réservé aux meilleurs étudiants

Sous-jacente, la question de savoir quelles formations et surtout quelles conditions de financement des études la France peut offrir aux jeunes Africains est vite apparue lors des débats. Une jeune femme a ainsi souligné la frilosité du système français jusque dans les filières d’excellence, contrastant avec ce qu’elle avait pu observer aux Etats-Unis, où certaines universités se portent garantes des prêts contractés par leurs étudiants étrangers pour financer leurs études. En France, le système de l’apprentissage permet aux élèves dont les parents ne peuvent payer leur scolarité de le faire par le salaire qu’ils touchent en tant qu’apprenti. L’Essec a été, il y a quelques années, la première grande école à adopter ce système. Il ne peut cependant pas être ouvert aux étrangers, ce qu’a regretté Pierre Tapie. Outre l’ouverture de l’apprentissage aux étudiants africains, le directeur de l’Essec a appelé à l’augmentation des bourses d’excellence ainsi qu’à la co-définition, avec des universités locales, de bourses de thèse qui prendraient en compte dès le début le futur retour de l’étudiant dans son pays.
Pierre Tapie s’est enfin fait le porte-parole de la Conférence des Grandes écoles de France pour réclamer une politique de visas plus offensive et proposer l’instauration d’un « visa à durée limitée mais élastique » réservé aux meilleurs étudiants, qui leur permettrait de ne retourner dans leurs pays qu’après deux à quatre ans d’expérience professionnelle. L’Afrique comme la France y seraient gagnantes, a affirmé le directeur de l’Essec, soulignant à la fois le « risque d’insignifiance africaine au moment où nous en sommes de l’histoire des hommes » et le « risque de repli identitaire de nos démocraties avancées sous l’effet d’une démographie vieillissante ».

Ariane Poissonnier




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