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04/03/2005
L’aide au développement : efficacité en question

(MFI) L’aide au développement, pourquoi, comment : le débat se poursuit entre riches et pauvres, comme l’a montré un forum international, organisé début mars à Paris. Pour les pays en développement, notamment africains, qui réclament son accroissement, elle reste insuffisante. Pour les pays donateurs, elle est encore affectée par le manque d’harmonisation des politiques d’aide qui diminuent son efficacité sur le terrain.

Les délégués d’une centaine de pays et de nombreuses organisations internationales ou multilatérales, comme la Banque Mondiale, la Banque africaine de développement, l’Union européenne ou l’OCDE, se sont retrouvés pendant trois jours au ministère français de l’Economie et des Finances pour un « Forum de haut niveau » sur l’efficacité de l’aide publique au développement (APD), deux ans après une première réunion à Rome.
Une Déclaration de Paris, adoptée après de nombreuses discussions sur le thème de l’harmonisation des stratégies mises en œuvre, a certes défini des objectifs, sans toutefois contenir d’ engagements concrets quant au doublement de l’APD pour réduire la pauvreté d’ici 2015, selon les dispositions adoptées par la communauté internationale au sommet du Millénaire en 2000.

De l’appropriation à l’harmonisation

Les objectifs inscrits dans la Déclaration de Paris sont basés sur trois grands principes : l’appropriation, c’est-à-dire la prise en main des politiques d’aide par les pays en développement ; l’alignement sur les politiques des pays bénéficiaires qui mènent des politiques efficaces ; et l’harmonisation des activités des donateurs pour éviter les double emplois et les lourdeurs administratives. De nombreux participants se sont félicités du ton de la déclaration, parmi lesquels Richard Manning, le président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, et le président de la Banque Mondiale, James Wolfensohn.
Ce dernier qui doit quitter son poste dans quelques mois, avait annoncé peu avant le forum que les bailleurs ont donné leur accord à une augmentation substantielle des fonds nécessaires à la reconstitution de l’Association Internationale de développement (AID-IDA), la filiale de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres du monde. Ces pays abritent la grande majorité des personnes qui vivent avec moins de 2 dollars américains par jour, notamment en Afrique. Au moins 34 milliards de dollars seront mis à disposition de l’aide au développement au cours des 3 prochaines années, dont 18 milliards de dollars viendront des nouvelles contributions de 40 pays donateurs. Ce montant, supérieur d’au moins 25 % à la reconstitution précédente de l’IDA, représente la plus forte augmentation des deux dernières décennies.


Sévères critiques des ONG

Mais cette satisfaction n’est pas partagée par tous, d’autant que les pays pauvres réclament non seulement une augmentation de l’APD mais aussi la réduction de la dette et l’arrêt des subventions agricoles dans les pays riches, subventions qui représentent une concurrence déloyale pour leurs produits. Les Organisations non-gouvernementales (ONG), elles aussi invitées à ce forum, se sont pour leur part déclarées "déçues" par la Déclaration de Paris. Un collectif d’ONG françaises a ainsi dénoncé « les manoeuvres dilatoires des pays riches qui, déjà incapables d’honorer leur engagement de consacrer 0,7 % de leur revenu (PNB) à l’aide, n’ont pris aucune mesure concrète pour en assurer l’efficacité ».
Les agences humanitaires internationales OXFAM et ActionAid, dans un rapport conjoint publié à la veille du forum, ont affirmé que seul un cinquième des aides va en réalité au profit des pays les plus pauvres. Et seulement la moitié est dépensée dans des services de base tels que l’éducation et la santé, là où les aides pourraient faire une différence décisive pour mettre un terme à la pauvreté. Ces organisations n’ont pas hésité à parler de « confusion et d’hypocrisie », de « tergiversation et de perte de temps avec les populations pauvres du monde remplissant involontairement le rôle de boucs émissaires ». Le rapport critique en particulier les Etats-Unis et le Japon et accuse les pays riches d’utiliser les aides pour récompenser des alliés stratégiques et de favoriser des projets au détriment des pays les plus démunis.
« Le Forum de Paris est une étape dans un processus lancé à Monterrey au Mexique en 2002 », souligne un des participants, rappelant que cette année 2005 est aussi consacrée à la lutte contre la pauvreté : le président français Jacques Chirac, qui a lancé en septembre 2004 l’idée d’une taxe mondiale afin d’obtenir de nouvelles sources de financement pour le développement, a souligné au forum économique de Davos que l’augmentation de l’aide publique reste nécessaire. Il a aussi affirmé le soutien de la France à la facilité financière internationale proposée par la Grande-Bretagne qui accueillera le sommet du G8 à Gleneagles (en Ecosse), en juillet prochain. Par la suite, un sommet réunira en septembre à l’ONU, à New York, tous les Etats membres pour examiner les progrès accomplis au cours des cinq ans écoulés depuis l’adoption de la Déclaration du Millénaire, plus particulièrement en Afrique.

Marie Joannidis


L’APD : en hausse, mais loin du compte

Selon les dernières statistiques du CAD, l’aide publique au développement est passée de 58,3 milliards de dollars en 2002 à 69 milliards en 2003, mais sur cette augmentation de 10,7 milliards environ 7,9 milliards sont imputables aux effets conjugués de l’inflation et de la baisse de la valeur extérieure du dollar. Pour le CAD, plusieurs facteurs sont à l’origine de l’accroissement net de l’APD, dont la poursuite de l’augmentation des dons bilatéraux chiffrée à 3,6 milliards USD, y compris 1,9 milliard au seul bénéfice de l’Irak, et un accroissement de 2,1 milliards de dollars sous forme d’annulations de dettes. Les États-Unis ont conforté en 2003 leur position de premier donneur d’aide au monde en volume, avec 24 % de l’APD totale octroyée par les membres du CAD, suivis du Japon, de la France, de l’Allemagne et de la Grande Bretagne. Mais seuls cinq pays – Danemark, Norvège, Pays-Bas, Suède et Luxembourg – ont déjà atteint l’objectif de 0,7 % du PNB (Produit national brut) fixé par les Nations unies en 1970.
Les critiques formulées aux bailleurs de fonds, relativement à la gestion de l’aide publique au développement, n’émanent pas que des ONG. Elle est partagée par de nombreux responsables, y compris à l’Onu. Au lendemain de la mobilisation internationale sans précédent en faveur des victimes du Tsunami en Asie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’Onu, le norvégien Jan Egeland, a exhorté la communauté internationale à honorer les appels de fonds lancés périodiquement par l’Onu concernant l’Afrique, relevant que les réponses à ces appels avaient tendance à varier selon les pays. En dépit d’une augmentation de l’aide au développement depuis 2002, après une décennie de tendance à la baisse, l’APD est toujours concurrencée par la lutte contre le terrorisme international et les dépenses militaires, surtout de la part des Américains qui restent les principaux bailleurs de fonds en valeur absolue.

M. J.




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