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15/04/2005
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FMI : le pétrole constitue toujours un risque pour la croissance
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(MFI) L’expansion de l’économie mondiale devrait continuer à un rythme « solide » de l’ordre de 4,3 % à 4,4 % en 2005 et 2006, mais la hausse des prix du pétrole constitue un « risque accru » pour la croissance, estime le Fonds monétaire international dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques, publié mi-avril. Les déséquilibres entre les Etats-Unis, l’Europe et le Japon constituent une autre incertitude notamment pour l’évolution du cours du dollar.
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Les économistes du Fonds monétaire international (FMI) estiment la croissance mondiale à 5,1 % en 2004, le meilleur niveau depuis trois décennies, malgré les remous sur le marché du pétrole. Les cours élevés du brut, qui pourraient rester au-dessus de 50 dollars le baril d’ici la fin de l’année, vont contribuer à une certaine modération de la croissance des principales « locomotives », les Etats-Unis et la Chine. Après un taux de 4,4 % l’an dernier, le régime de croissance américain devrait ainsi baisser à environ 3,6 % pour les deux prochaines années. La Chine, dont la croissance rapide a contribué à la forte hausse de la demande mondiale du brut, devrait enregistrer un très léger ralentissement de 9,5 % à environ 8 %.
Par contre, la performance du Japon, plus faible que prévue l’an dernier à 2,6 %, devrait chuter à 0,8 % en 2005 avant de reprendre un peu à 1,9 % en 2006. La zone euro, où la croissance n’a pas dépassé les 2 % en 2004, devrait aussi connaître un léger ralentissement en 2005 à 1,6 %, avant de remonter à 2,3 % l’an prochain, selon les prévisions publiées mi-avril à l’occasion des réunions du FMI et de la Banque mondiale. La France se comportera mieux que la zone euro dans son ensemble, avec des taux de 2,3 % en 2004, 2 % cette année et 2,2 % en 2006.
L’Afrique dans son ensemble va mieux
Le FMI souligne par ailleurs que l’Afrique sub-saharienne a atteint en 2004 son meilleur taux de croissance depuis une dizaine d’années, à 5,1 %, et devrait voir une légère amélioration en 2005 à 5,2 %, suivi d’une accélération supplémentaire en 2006 avec une croissance de 5,6 % prévue pour la région. Selon les experts, cette évolution est le résultat de meilleures politiques économiques et de réformes de structures dans un grand nombre de pays, ainsi que de la fin de plusieurs conflits de longue durée. « Le récent accord de paix au Soudan est un événement dont il faut se féliciter », souligne le rapport. Les Africains ont également bénéficié d’un meilleur climat économique mondial, et de l’allègement de leurs dettes grâce au mécanisme créé pour les pays pauvres très endettés (PPTE). Les pays producteurs de pétrole et d’autres matières premières ont tiré avantage de la hausse des cours, et les producteurs pétroliers devraient continuer à enregistrer des taux de croissance au-dessus de la moyenne : le Tchad et la Guinée Equatoriale devraient ainsi voir des taux dépassant les 30 % en 2005. La chute des cours du coton a cependant causé problème à quelques pays, et la récente baisse du prix de certaines matières premières pourrait en affecter plusieurs.
Mais les plus grands dangers sont liés à une évolution moins favorable de l’économie mondiale. Une « dépréciation désordonnée » du dollar pourrait ainsi affaiblir les exportations des pays de la zone Franc CFA dont les monnaies sont liées à l’euro. Et une hausse supplémentaire des prix du pétrole pourrait avoir un impact néfaste sur les économies des importateurs africains, surtout si en même temps les cours des autres matières premières baissaient davantage. Un certain nombre de pays devront en tout cas faire face à une difficile adaptation à une plus grande concurrence internationale en raison de l’élimination du système des quotas pour les exportations de textiles.
Cependant, dans l’ensemble, le FMI affiche un prudent optimisme pour l’avenir du continent : « La performance de croissance encourageante a ravivé un sentiment d’optimisme quant à la possibilité que l’Afrique sub-saharienne se trouve à l’entrée d’une période de forte et durable expansion économique. » Malgré les progrès réalisés depuis cinq ans, l’amélioration du revenu par habitant restera cependant probablement insuffisante pour atteindre les Objectifs de développement du millénaire, et les progrès du Nepad « ont été jusque là lents et limités », estime le rapport.
Jan Kristiansen
Wolfowitz: un faucon à la barre à la Banque mondiale
(MFI) Deux semaine après l’annonce par le président Bush de cette candidature controversée, le Conseil d’administration de la Banque mondiale a nommé, le 31 mars, le numéro 2 du Pentagone, Paul Wolfowitz, à la tête de l’institution. Le choix par la Maison blanche d’un homme considéré comme un faucon des néo-conservateurs américains, réputé être le principal architecte de la guerre en Irak, pour succéder le 1er juin à James Wolfensohn, président de la Banque depuis dix ans, a fait hurler les ONG à travers le monde et suscité choc et perplexité dans bien des capitales.
Mais les gouvernements des 184 pays membres de la Banque et de son institution-sœur, le FMI, se sont bien gardés de faire ouvertement état de leurs doutes quant aux qualités de Paul Wolfowitz pour devenir le porte-drapeau de la lutte contre la pauvreté dans le monde et premier avocat de l’aide au développement. Ils ont vite réalisé que le choix de George W. Bush, réélu en novembre 2004, était irrévocable. Et les familiers de la Banque soulignent que les Etats-Unis restent le plus grand « actionnaire », pouvant bloquer toute velléité d’insoumission, grâce notamment à l’appui de leur fidèle allié, le Japon. D’autant que le Premier ministre britannique Tony Blair, principal partenaire de George Bush en Irak, était le seul à avoir été informé d’avance de sa décision.
Les pays en développement, qui constituent la grande majorité des membres des deux institutions de Bretton Woods, fondées en juillet 1944, souhaitent depuis longtemps y acquérir une plus grande influence. Ils paraissent maintenant résolus à mettre en question la règle non écrite selon laquelle Washington choisit le président de la Banque tandis que le poste de directeur général du FMI revient aux Européens. Mais ce sera pour plus tard.
Du côté des Européens, ni Berlin ni Paris n’étaient prêts à risquer une nouvelle querelle avec Washington, si peu de temps après les retrouvailles après l’affaire de l’Irak. « Pas question de créer un précédent » en rejetant le choix de Wolfowitz, confirme-t-on dans les hautes sphères françaises. Selon certaines sources, un marchandage sans précédent aurait lieu en coulisse. Explication : Londres voudrait placer son ancienne ministre de la Coopération, la baronne Amos, à la tête du Pnud ; Paris voudrait le poste de directeur général de l’OMC pour Pascal Lamy, l’ancien commissaire européen du commerce, soutenu par l’Union ; Paris et Berlin seraient aussi intéressés par le poste de n°1 de la SFI. Et Berlin, comme d’autres, convoite un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre de la réforme envisagée de l’Onu. Dans tous ces cas, le soutien américain sera décisif…
Paul Wolfovitz, lui, a courtisé tour à tour les différents groupes de pays membres du Conseil d’administration de la Banque mondiale, affirmant notamment devant les représentants de ceux en développement qu’il ne prendra pas ses ordres à Washington. Cet ancien ambassadeur des États-Unis en Indonésie, qui a enseigné les sciences politiques et servi sous plusieurs administrations américaines, a aussi effectué une visite-éclair à Bruxelles pour s’entretenir avec les représentants de l’Union européenne. Pour l’instant, peu de gens osent prédire de quoi sera fait cet avenir avec Wolfowitz à la barre. Mais d’aucuns suggèrent que cela ne fera peut-être pas de mal que le nouveau patron de la Banque ait l’oreille du président américain.
J.K.
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