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24/06/2005
L’Afrique, terre de compétition sino-indienne

(MFI) L’Afrique est devenue le terrain d’une concurrence effrénée entre la Chine et l’Inde : assoiffés de pétrole et de matières premières, les deux géants économiques d’Asie sont aussi à la recherche de nouveaux marchés pour leurs exportations. Les deux rivaux sont néanmoins parfois forcés de coopérer pour faire face aux multinationales occidentales.

Moins regardant que les Occidentaux sur les régimes politiques et la conditionnalité de l’aide, Chinois et Indiens misent sur des relations anciennes avec l’Afrique et la solidarité Sud-Sud, réaffirmée notamment en avril dernier à l’occasion du 50e anniversaire du sommet afro-asiatique de Bandung. Ce qui ne les empêche pas de se retrouver en concurrence directe dans bien des pays, comme en Angola en 2004, la Chine réussissant à souffler au dernier moment à la société indienne ONGC-Videsh une participation de 50 % du bloc 18 dans l’offshore angolais. Selon des experts indiens, la Chine a emporté la partie car elle s’était bien placée en ouvrant une ligne de crédit de 2 milliards de dollars pour des projets d’infrastructures, alors que les Indiens n’avaient proposé qu’une aide de 200 millions de dollars pour la reconstruction de chemins de fer. Le crédit offert par l’Exim Bank chinoise au taux d’intérêt privilégié de 1,5 % par an devrait être remboursé, selon certains experts, par la livraison de 10 000 barils/jour de brut pendant dix-sept ans.

La Chine a déjà investi 4 milliards de dollars dans le secteur pétrolier soudanais

Au Soudan, Chinois et Indiens ont fini par collaborer, le régime de Khartoum, critiqué par la communauté internationale à cause du Darfour, faisant les yeux doux aux deux. Le pétrole soudanais représente actuellement près de 7 % des importations chinoises de brut. La compagnie publique China National Petroleum Corporation (CNPC) a financé le développement du champ de Muglad, qui devrait produire plus de 500 000 barils/jour dès cette année, une raffinerie d’une capacité de 2,5 millions de tonnes par an et la construction d’un oléoduc de 1 500 km pour l’exportation à partir d’un terminal sur la Mer Rouge. Selon des experts chinois, Pékin a investi 3 milliards de dollars dans ce projet qui constitue le plus important investissement chinois à l’étranger.
La CNPC coexiste, au sein du consortium Greater Nile Petroleum Operating Company, avec la société nationale Sudapet, le groupe malaisien Petronas et le groupe indien ONGC Videsh. En 2003, cette entreprise publique a fait de nouveaux investissements dans la prospection et la production de pétrole au Soudan et a remporté les contrats de construction d’un oléoduc de 720 km et de modernisation d’une raffinerie. Le ministre soudanais des Affaires étrangères Mustafa Osman Ismail a indiqué début juin que la Chine avait investi en tout 4 milliards de dollars dans le secteur pétrolier et prévoit de dépenser encore huit milliards au Soudan ces deux prochaines années. Il a noté que les investissements indiens dans ce secteur atteignaient 2,2 milliards de dollars et a invité l’industrie indienne à faire davantage, en promettant « un traitement préférentiel ». Le Premier ministre indien Manmohan Singh a de son côté laissé entendre que son pays était prêt à accorder une ligne de crédit de 500 millions de dollars au Soudan. L’Inde importe quelque 70 % du pétrole qu’elle consomme et a lancé une offensive diplomatique pour assurer sa sécurité énergétique. Outre le Soudan et l’Angola, Pékin et New Delhi s’intéressent à plusieurs autres pays pétroliers comme le Nigeria, la Libye mais aussi le Tchad et certains pays du Sahel.


Un partenariat entre investisseurs sénégalais et indiens pour construire des bus à Thiès

Les deux « géants » asiatiques ont également des activités en Afrique dans de multiples secteurs : travaux publics, infrastructures, formation, etc. Ainsi, dans la ville sénégalaise de Thiès, une nouvelle entreprise, Senbus, assemble des autobus destinés aux marchés nationaux et régionaux grâce à un partenariat entre investisseurs sénégalais et Tata International, l’une des plus importantes sociétés indiennes. Senbus n’est qu’un exemple parmi d’autres de ces échanges bilatéraux. En 2004, l’entreprise industrielle la plus importante du Sénégal, qui fabrique des produits chimiques, devait exporter pour 155 millions de dollars d’acide phosphorique vers l’Inde. De son côté, le gouvernement indien forme cadres et techniciens sénégalais, appuie des projets concernant le riz, le coton, l’énergie solaire et les nouvelles technologies de l’information. Il étudie également la possibilité d’une ligne de chemin de fer entre le nord et le sud du Sénégal.
L’informatique est l’un des points forts de l’Inde qui a proposé de partager ce savoir-faire avec les Africains, utilisant notamment l’Ile Maurice, où vit une importante communauté d’origine indienne, comme tête de pont. On retrouve d’ailleurs des communautés d’origine indienne aussi bien en Afrique de l’est qu’australe. D’où des relations commerciales anciennes, notamment dans le domaine des pierres et métaux précieux. L’Inde occupe le premier rang pour la taille des diamants mais commence à s’inquiéter d’une concurrence chinoise qui se manifeste avec force depuis deux ans.

Marie Joannidis


L’Asie, meilleur partenaire que le Nord ?

(MFI) Dans toute l’Afrique, selon une publication récente des Nations unies, on noue de plus en plus de relations avec des pays d’Asie, en particulier la Chine et l’Inde, sans oublier le Japon, un des principaux donateurs d’aide au développement. Le succès avec lequel certains pays d’Asie absorbent les effets de la mondialisation captive depuis longtemps les dirigeants africains, estiment les experts.
Le président du Gabon, Omar Bongo, a ainsi mis l’accent sur le fait que l’aide asiatique n’est pas assortie de conditions. « Il me semble que l’aide que certains pays fournissent est liée », a-t-il noté, soulignant l’habitude de nombreux organismes du Nord de subordonner leur aide à l’achat de biens en provenance du pays donateur ou à la mise en oeuvre de réformes précises. En revanche, a ajouté M. Bongo, « la coopération avec la Chine se fait sans conditions, dans le respect mutuel et avec considération pour la diversité ». Ce qui n’est pas tout à fait exact, puisque les Asiatiques sont eux aussi à la recherche de nouveaux marchés pour leurs produits. Les pays d’Asie sont souvent en mesure d’offrir du matériel industriel, des engrais et des biens de consommation à des prix inférieurs à ceux que les partenaires commerciaux habituels de l’Afrique – au Nord – lui proposent.
La compétitivité asiatique présente toutefois aussi des inconvénients. Lorsque les marchés africains sont inondés par des textiles ou du riz à bas prix en provenance d’Asie, les producteurs locaux subissent un préjudice car ils doivent alors vendre leurs propres produits à prix réduit. Ils estiment que la libéralisation du commerce les soumet à une concurrence étrangère déloyale et pressent leurs gouvernements de taxer ces importations afin de les protéger. Les exportateurs africains se plaignent aussi que certains pays d’Asie subventionnent leur production agricole et ont ainsi un avantage concurrentiel sur les marchés mondiaux.

M. J.




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