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05/08/2005
Le pauvre Sahel rêve d’or noir

(MFI) Frappés à nouveau par la sécheresse, les pays du Sahel oscillent entre extrême pauvreté et rêves de richesse, incarnés cette fois-ci par le pétrole. L’or noir y attire non seulement les compagnies occidentales mais aussi les nouvelles puissances économiques comme la Chine et l’Inde, à l’affût de nouvelles sources d’approvisionnement.

Proches du Nigeria et de certains Etats du Golfe de Guinée où l’exploitation pétrolière va bon train, les pays sahéliens espèrent tirer eux aussi les dividendes de l’or noir, à l’instar du Tchad et du Soudan qui ont rejoint le club des nouveaux producteurs. La Mauritanie devrait exporter ses premiers barils fin 2005 et des recherches sont en cours au Niger et au Mali. Mais pour le moment, ce sont les images atroces d’enfants en train de mourir, de femmes et d’enfants touaregs disputant quelques brins d’herbes à du bétail famélique qui frappent l’opinion internationale. Elles ont suscité, à partir de la fin juillet, un élan de solidarité des bailleurs de fonds qui avaient pourtant ignoré les cris d’alarme lancés, dès la fin de 2004, par les Nations unies (Onu) et des organisations humanitaires comme Médecins sans frontières.
Jan Egeland, le coordinateur des secours d’urgence de l’Onu, a déploré la lenteur de la réaction de la communauté internationale, malgré les bonnes intentions en faveur de l’Afrique affichées lors du sommet du G8 en Ecosse début juillet. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a récemment doublé son appel initial en faveur du Niger, où plus de 3,5 millions de personnes sont menacées de famine. La somme demandée (31,1 millions de dollars américains) devra toutefois être revue à la hausse dans un avenir proche. Elle reste dérisoire comparée aux fonds récoltés après le tsunami en Asie, dont certains ont été rendus aux donateurs faute d’utilisation ! Les bailleurs n’avaient déboursé en juillet que 10 millions de dollars pour le Niger, soit un tiers du total demandé. Jan Egeland a appelé à la création d’une réserve d’urgence que l’Onu pourrait utiliser sans attendre en cas de crise.

Une « saison de la faim » en Afrique de l’Ouest

Le Niger se situe dans la zone sahélienne semi-aride qui s’étend de la Mauritanie, à l’ouest, au Tchad, à l’est. Cette région a souffert l’année dernière des effets conjugués de la sécheresse et de la pire invasion de criquets pèlerins en quinze ans, qui a détruit une bonne part des récoltes. L’Onu y évalue aujourd’hui à plus de 6 millions le nombre de personnes confrontées aux pénuries alimentaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime de son côté que la production agricole a baissé de 42 % par r
apport à 2004 et qu’elle est de 25 % inférieure à la moyenne des cinq années précédentes. Pour des experts de cette organisation de l’Onu qui achemine les vivres financés par les donateurs, l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble est aux prises avec une « saison de la faim ».
« Les conditions critiques constatées au Niger, où la malnutrition chez les enfants s’accroît à un rythme alarmant, se retrouvent à des degrés divers dans les pays de la région », précise un récent communiqué du PAM. En outre, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Togo sont en proie soit à des troubles intérieurs soit à des conflits armés ou à leurs retombées, notamment de celui du Darfour au Soudan. Enfin, le Liberia, la Guinée, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau font partie des « crises oubliées », où les guerres ont pris fin mais où destructions et délabrement subsistent.

A la recherche du pactole pétrolier

Le Niger, le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus pauvres du monde malgré des efforts de réforme économique, qualifiés de « louables » par la Banque mondiale. Aussi attendent-ils avec impatience la manne pétrolière. En Mauritanie, le premier champ de pétrole, Chinguetti, découvert en 2001 par la compagnie australienne Woodside, devrait être opérationnel d’ici la fin 2005 avec une production qui pourrait atteindre 80 000 barils/jour. Selon les experts, ce premier champ, situé en eau profonde près de la capitale Nouakchott, pourrait contenir jusqu’à 100 millions de barils. Un avenir prometteur s’il n’est pas menacé par les soubresauts politiques.
Au Niger, plusieurs compagnies ont obtenu des licences d’exploration. Dès 2003, Niamey a signé avec la Chine deux conventions pour la recherche, l’exploitation, le transport et la commercialisation dans le Ténéré et dans la région d’Agadez (permis Bilma). La compagnie malaisienne Petronas a annoncé, début 2005, une découverte dans le bassin du Termit, à environ 1 000 km à l’est de Niamey, non loin de la frontière tchadienne.
Pour sa part, le Mali a signé fin 2004 une convention de partage et de production portant sur cinq blocs du bassin de Taoudenit, au Sahara, avec un consortium australien, Baraka Mali Venture (BMV), et certains experts parlent de la production des premiers barils de brut vers 2008. Plusieurs compagnies, y compris chinoises, sont sur les rangs pour d’autres permis.
Le pétrole n’est pas absent des préoccupations sécuritaires américaines dans leur lutte globale contre le terrorisme et la protection des réserves mondiales de brut. Les Etats-Unis ont ainsi lancé en 2002 la Pan Sahel Initiative (PSI), renommée en 2004 Trans-Sahara Counter Terrorism Initiative (TSCTI). Ce programme, financé par le Département d’Etat, doit aider quatre pays du Sahel – Mali, Mauritanie, Niger et Tchad – à combattre le terrorisme en équipant des unités locales qui sont entraînées, notamment, par des forces spéciales venues d’Allemagne et dépendant du Commandement américain en Europe.

Marie Joannidis

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