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30/09/2005
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FMI : des perspectives 2006 plutôt bonnes
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(MFI) L’économie mondiale devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 4,3 % en 2005 et en 2006 malgré la montée en flèche des cours du pétrole, qui représente toutefois une menace à moyen terme avec les déséquilibres accrus entre les Etats-Unis et les grands pays asiatiques, estime le Fonds monétaire international (FMI). Il met aussi en garde contre le risque d’une poussée du protectionnisme et la possibilité d’une hausse prochaine des taux d’intérêt.
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La hausse persistante des prix du pétrole contribue à une légère modération de l’expansion de l’économie américaine. Avec des taux de croissance de l’ordre de 3,5 % en 2005 et 3,3 % en 2006, les Etats-Unis resteront néanmoins la "locomotive" du Groupe des Sept (G7) malgré un déficit extérieur record qui dépasse les 6 % du PIB. La zone euro souffre d’un nouvel accès de faiblesse avec des taux de croissance prévus de 1,2 % et 1,8 % respectivement, dont une performance revue en baisse à 1,5 % et 1,8 % pour la France. Le Japon par contre montre une bien meilleure tenue avec 2 % pour les deux années.
Selon les prévisions publiées à l’occasion des réunions annuelles à Washington du FMI et de la Banque mondiale, l’autre grande "locomotive" de l’économie mondiale, la Chine, dont l’expansion très rapide aura contribué à la forte hausse de la demande mondiale du brut, devrait enregistrer des taux toujours élevés, de l’ordre de 9 % suivi de 8,2 % en 2006. L’Inde, l’autre nouveau géant économique de l’Asie, verrait également un léger tassement de sa croissance, de 7,1 % à 6,3 %.
L’Afrique en meilleure forme
Dans un contexte global un peu plus morose qu’au printemps 2005, l’Afrique sub-saharienne se maintient cependant en bonne position : après un léger fléchissement cette année, à 4,8 % par rapport au taux de 5,2 % prévu en avril dernier, la croissance de la région devrait repartir de plus belle et atteindra sans doute les 5,9 % en 2006, prévoit le FMI.
En effet, l’impact négatif de la cherté du pétrole sur les pays importateurs de la région a été dans l’ensemble compensé par la hausse des cours des autres matières premières, ainsi que par les effets d’une meilleure stabilité macro-économique et des réformes structurelles en cours, selon les experts du Fonds qui avouent être agréablement surpris par la bonne tenue des économies de ces pays.
Abdoulaye Bio-Tchané, directeur du Département Afrique du FMI, a souligné devant la presse qu’un tiers des pays importateurs de pétrole de la région, notamment l’Ethiopie, le Mozambique et la Sierra Leone, devraient connaître une croissance dépassant les 5 % en 2005, « ce qui est très important », d’autant plus que l’inflation reste sous contrôle dans la plupart des pays. Cependant, ce groupe de pays risque de se trouver devant des difficultés accrues, puisque les cours des matières premières se sont récemment tassés, ou ont même tourné à la baisse. C’est le cas du coton, dont la chute affecte déjà des exportateurs comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Togo. En outre, souligne le FMI, des pays comme le Kenya, le Lesotho, Madagascar et Maurice, qui ont des secteurs textiles importants, vont devoir faire face à la concurrence chinoise après l’élimination du système des quotas dans le commerce mondial, même s’il n’est pas encore possible d’estimer les conséquences de cette mesure. La faiblesse de la conjoncture dans la zone euro ne fera évidemment pas l’affaire des pays sub-sahariens, notent les économistes du FMI. Mais ils continueront à bénéficier de l’expansion rapide des économies chinoises et indiennes qui auront toujours besoin de matières premières et du pétrole.
Côté producteurs de pétrole de la région, le Nigeria, le leader régional, aura enregistré une baisse de régime en 2005 avec une croissance de 3,9 % contre 6 % en 2004, mais devrait connaître une reprise marquée à 4,9 % en 2006 grâce à une augmentation de sa production. Plusieurs autres pétroliers sub-sahariens devraient également bénéficier d’une expansion de leurs capacités avec la mise en opération de nouveaux champs. C’est le cas notamment pour l’Angola, dont le taux de croissance pourrait faire un bond, de 15 % en 2005 à près de 28 % en 2006, pour la Mauritanie, qui pourrait enregistrer des taux de 5,4 % et de 27 % respectivement, alors que pour le Soudan les prévisions sont de 8 % et de 13,6 %.
La reprise de la croissance en Afrique du Sud aux alentours de 4 % aura un impact salutaire sur le commerce inter-régional, selon Abdoulaye Bio-Tchané, mais ce sera la contribution du secteur pétrolier qui portera la croissance de l’ensemble de la région à près de 6 % en 2006. Ce serait la plus forte expansion en Afrique sub-saharienne depuis le début des années soixante-dix, précise le FMI.
Jan Kristiansen
Progrès sur la dette et l’aide publique
(MFI) Les Africains ne sont pas rentrés les mains vides des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale fin septembre à Washington : d’une part, les principales instances politiques des deux institutions ont formellement approuvé le principe et les modalités pratiques d’une annulation à 100 % de la dette multilatérale de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), décidée par le sommet du G8 de Gleneagles (Ecosse) en juillet dernier. Quatorze pays de l’Afrique sub-saharienne ayant déjà bénéficié d’un allègement de leurs dettes auprès du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement vont ainsi voir libérés environ un milliard de dollars dès l’an prochain pour renforcer leurs politiques de santé et d’éducation.
D’autre part, les réunions de Washington ont souligné la nécessité des pays donateurs d’honorer leurs promesses d’une augmentation substantielle de l’aide publique au développement (APD), de 50 milliards de dollars, portant le total à quelque 130 milliards de dollars à l’horizon de 2010 – pour donner au plus grand nombre possible de pays la possibilité d’atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015.
J. K.
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