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14/10/2005
Diamants : des progrès grâce à la certification

(MFI) La production africaine de diamants bruts est la première du monde. Malédiction ou chance pour le développement ? La surveillance des trafics s’améliore, notamment grâce au processus de Kimberley, système de certification de l’origine des pierres entré en vigueur en janvier 2003.

L’Afrique est le plus gros producteur mondial de diamants. En 2004, le commerce de diamants bruts représentait environ 7 milliards d’euros, soit près de 85 millions de carats produits. En 2003, selon des sources officielles américaines et australiennes (1), le Botswana avait produit 22,8 millions de carats de diamants gemmes destinés à la joaillerie ; la République démocratique du Congo, 5,4 millions ; l’Afrique du Sud, 5 millions ; l’Angola, 4,8 millions, et la Namibie, 1,6 millions. A eux seuls, ces pays d’Afrique centrale et australe assurent près de 60 % de la production mondiale.
Ce qui est souvent qualifié de « scandale géologique » est aussi considéré comme une chance pour le développement des pays concernés : « Le diamant peut être le meilleur ami de l’Afrique, estimait un jour le président sud-africain Thabo Mbeki, si son industrie joue un rôle actif dans le développement du continent. » Mais il est parfois apparu comme une malédiction : les pierres précieuses ont donné lieu à de nombreux trafics, qui ont financé quelques unes des guerres les plus sanglantes. En Angola, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), mouvement de guérilla de Jonas Savimbi, en conflit durant plus de vingt ans avec le gouvernement central angolais, a tiré du trafic illicite des diamants (et de l’ivoire) les moyens d’entretenir son armée. Il en a été de même en Sierra Leone, où le mouvement rebelle armé de Foday Sankoh, le Front révolutionnaire uni (RUF), a vécu de la contrebande de diamants.


Diamants sales, diamants du sang

En raison de leur potentiel financier et de leur difficile détection – en comparaison de la drogue ou des armes – les diamants sont très prisés des trafiquants liés à des réseaux organisés. Depuis les années quatre-vingt-dix, plusieurs rapports émanant d’organisations internationales ou d’ONG ont dénoncé le commerce des « diamants du sang » : ils démontent le fonctionnement du système de blanchiment de l’argent sale, via des trafics (comme au Congo-Kinshasa ou en Angola) en violation d’embargos (comme au Liberia ou en Sierra Leone) ou même avec la complicité d’Etats (notamment le Congo-Brazzaville ou la Centrafrique). Des millions de carats de « diamants sales » ont été écoulés sur les grands marchés diamantaires d’Anvers (Belgique), de Tel-Aviv (Israël), de Bombay (Inde). Toutefois, selon le géant minier sud-africain De Beers, les diamants sales ne représentaient pourtant en 2003 que 4 % du commerce mondial – chiffre que les ONG estiment plus proche de 20 %.
Pour lutter contre ce trafic, la communauté internationale, influencée notamment par la campagne de l’organisation Global Witness, a fini par instaurer le principe d’une certification de l’origine des pierres, destinée à garantir la traçabilité des gemmes. Le nouveau système est entré en vigueur le 1er janvier 2003, après deux ans et demi de négociations, sous l’appellation de Processus de Kimberley – du nom de la ville minière sud-africaine où s’est tenue la première réunion rassemblant des représentants des gouvernements, de l’industrie et de la société civile. Ce système de certification avait été formellement adopté à Interlaken (Suisse) par 56 pays représentant près de 99,8 % de la production mondiale.
En juillet 2004, le Congo-Brazzaville a été exclu du processus de Kimberley, en raison de l’immense écart constaté dans ce pays entre la production officielle de carats et les exportations (plus de 100 fois). Dans une résolution du 15 décembre 2004, l’Assemblée générale des Nations unies s’est félicitée des progrès réalisés grâce à ce système de certification. La conclusion d’accords de paix en Sierra Leone, au Liberia, ainsi qu’en Angola et en RDC a contribué à réduire les possibilités d’introduire ces diamants de la guerre dans le circuit du commerce mondial officiel.

Olivier Rabaey


(1) US Geological Survey, Australian Bureau of Resource and Agriculture economics.



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