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09/12/2005
Afrique-France : la jeunesse comme les paysans attendent des actes concrets

(MFI) Au cœur du sommet Afrique-France de Bamako, début décembre, la jeunesse africaine qui réclame plus d’éducation, de soins de santé et d’emplois afin d’améliorer son sort, attend de ses dirigeants, mais aussi de la France, qui veut rester un partenaire privilégié du continent, la concrétisation des engagements pris. Les paysans, eux, comptent sur une défense accrue des filières agricoles.

Ce 23e sommet, qui a réuni des représentants de presque tous les pays africains dont 25 chefs d’Etat, a voulu répondre aux préoccupations des jeunes exprimées publiquement par la jeune écologiste camerounaise Marie Tamoifo Nkom. Soulignant que l’Afrique est « malade de sa jeunesse », cette dernière a affirmé : « Nous ne voulons plus de déclarations, et de énième plan d’action, mais plutôt des mesures politiques structurées et opérationnelles adoptées par les Etats en vue d’améliorer effectivement les conditions de vie de la jeunesse africaine. » Elle a mis l’accent sur la nécessité d’élaborer des politiques de développement claires et opérationnelles, lançant un avertissement voilé. « Nous sommes dans l’urgence, dans l’obligation d’avancer. Si les politiques ne s’occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que les engagements aient un sens », n’a-t-elle pas hésité à souligner à la tribune du sommet.
Consacré à La jeunesse africaine : sa vitalité, sa créativité et ses aspirations, ce sommet qui a lieu tous les deux ans, le prochain étant prévu en France, s’est tenu à un moment où Paris réforme sa politique de coopération pour rendre son aide plus efficace et où de nombreux jeune cadres, en particulier d’Afrique francophone, remettent en question les liens avec l’ancienne puissance coloniale qui, à leurs yeux, en fait encore trop ou pas assez. D’autant qu’ils sont courtisés à la fois par des pays comme la Chine et l’Inde, entrés avec éclat dans le club des grandes puissances économiques, à l’affût de parts de marché comme des ressources énergétiques et minières du continent, et par les Etats-Unis, engagés dans une guerre globale contre le terrorisme et à la recherche de nouvelles réserves de pétrole. Dans ce contexte, conscients que la jeunesse africaine représente les deux tiers de la population du continent, dirigeants français et africains se sont engagés à lui redonner espoir et confiance.

Un Fonds euro-africain d’investissements en faveur de la jeunesse

Le sommet de Bamako a également souligné « l’impérieuse nécessité » de mobiliser des ressources financières additionnelles pour faciliter l’insertion économique des jeunes, comme par exemple à travers la création d’un Fonds euro-africain d’investissements en faveur de la jeunesse et l’extension de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, proposée par la France et qui n’a été encore été acceptée que par un petit nombre de pays. Jacques Chirac a rappelé que Paris organisera, en février 2006, une conférence sur les financements innovants, « de façon à rendre le mouvement irréversible ».
La conférence a aussi exprimé le souhait de voir la réunion ministérielle de I’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue à Hong Kong prendre en compte les priorités de développement de I’Afrique dans les négociations commerciales. Les participants ont souligné la place que doit avoir le développement dans le cycle des négociations en cours, dites de Doha. Ils ont demandé l’adoption de mesures en faveur des pays en développement, par un traitement spécial et différencié, des réponses à l’érosion des préférences, des appuis pour renforcer les échanges commerciaux africains et pour les pays les moins avancés (PMA), l’accès en franchise de contingents et de droits pour leurs productions.

« Semer du coton pour récolter des déficits ? »

La défense des filières cotonnières et l’accessibilité des populations africaines aux médicaments essentiels, tout particulièrement pour le traitement des grandes pandémies comme le VIH/sida sont au cœur des revendications. « Les pays africains doivent recevoir la juste rémunération de leur travail. Nous ne pouvons accepter qu’une libéralisation hâtive et généralisée des échanges agricoles ruine les efforts des pays les moins avancés », a souligné le président français, qualifiant la France « d’avocat inlassable de l’Afrique ». Jacques Chirac, approuvé par ses pairs africains, a appelé les Etats-Unis à supprimer leurs subventions sur le coton.
Le président malien Amadou Toumani Touré, hôte du sommet, a pour sa part déclaré : « Le coton, produit par 33 pays africains, est emblématique du commerce inéquitable qui prive nos Etats de ressources indispensables à notre développement et accroît la pauvreté parmi les plus pauvres de notre population. Allons-nous continuer, en Afrique, à semer du coton pour récolter des déficits, pendant que d’autres, plus nantis, sèment le coton pour récolter des subventions ? », s’est-il demandé.
Le chef d’Etat français, qui s’est prononcé pour un doublement de l’aide publique au développement, s’est engagé à convaincre l’Union européenne de porter celle-ci à 0,7 % du PIB d’ici 2015. La France s’est fixé cet objectif pour 2012. L’Afrique pour sa part est appelée à tout faire pour « vaincre la pauvreté, permettre l’éclosion d’une classe moyenne et employer au mieux les élites ».

Marie Joannidis

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