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22/12/2005
Dette africaine : le bilan 2005

(MFI) L’année reste marquée par les initiatives annoncées à l’issue du Sommet du G8 à Gleneagles, en Ecosse. Mais la dette extérieure des pays d’Afrique subsaharienne continue de freiner leur décollage économique malgré une croissance plus soutenue pour bon nombre de pays du continent.

Les grandes puissances économiques et financières du Groupe des Sept (G7) ont reconnu la nécessité de faire un nouvel effort en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE). Leurs ministres des Finances ont décidé début juin 2005, à Londres, d’annuler l’ensemble de la dette multilatérale des 18 pays qui avaient achevé à cette date leur processus de désendettement prévu par le mécanisme PPTE - créé par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale en 1996. Parmi eux, 14 pays africains vont ainsi bénéficier d’un effacement de 100 % (au lieu de 90 %) de leurs dettes contractées auprès du FMI, de l’Association internationale de développement (AID) – la filiale de la Banque qui accorde des crédits concessionnels aux pays à faible revenu – et de la Banque africaine de développement (BAD) : Bénin, Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie. Ces pays seront rejoints d’ici au début de 2007 par une dizaine d’autres, dont les Comores, le Congo Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Somalie, le Soudan et le Togo, qui tous ont connu des troubles intérieurs ou des conflits civils. Classés parmi les pays « post-conflits », de même que le Burundi, admis au mécanisme PPTE en août dernier à l’issue de cinq ans de guerre civile, ces derniers ont jusqu’à la fin de 2006 pour remplir les conditions d’admission au processus.
Début juillet, cette nouvelle concession a été entérinée par le G8 lors du sommet de Gleneagles (Ecosse). A l’instigation de son hôte, le Premier ministre britannique Tony Blair, celui-ci a renouvelé l’engagement des participants en faveur de l’Afrique subsaharienne, notamment en promettant un doublement de l’Aide publique au développement (APD) pour la région, qui serait ainsi portée à 50 milliards de dollars en 2010, contre 25 milliards en 2004. Ces décisions ont entraîné un soulagement dans certaines capitales africaines. De même les ONG militant pour un effacement total de la dette, notamment dans la « campagne Jubilée », ont reconnu qu’il s’agissait d’« un pas en avant ». Elles ont estimé toutefois que l’accord du G8 portait sur des montants « très limités » et qu’il restait « beaucoup de chemin à faire » avant de parvenir à une solution définitive.

Un recours à l’emprunt pour compenser la chute des revenus

Pour les pays pauvres, ceux d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, les problèmes avaient commencé à la fin des années 1970. Les cours des matières premières dont ils tiraient l’essentiel de leurs recettes d’exportation – 12% par an en moyenne –, avaient chuté à partir de 1980 après une décennie de hausse ininterrompue. Dans le même temps, les Etats-Unis ont remonté fortement leurs taux d’intérêts pour combattre l’inflation suite aux « chocs pétroliers » de 1974 et 1979. Ce processus a déclenché une crise de la dette dans les pays à revenu intermédiaire d’Amérique latine et d’Asie. Et, pour les pays les plus pauvres, un recours à l’emprunt de plus en plus fréquent, voire excessif, pour compenser la chute de leurs revenus.
Les pays nouvellement indépendants sont ainsi tombés dans un véritable piège, certains vivant parfois au-dessus de leurs moyens. Outre la faiblesse de leurs politiques économiques et une gestion médiocre du secteur public, ils n’ont pas su jouer avec les emprunts extérieurs pour renforcer leurs capacités de production tout en gagnant des devises. Au contraire, les investissements ont chuté, la croissance s’est ralentie et parfois, il a même fallu emprunter pour payer les échéances des dettes antérieures. Pendant ce temps, la dette globale des 41 pays étiquetés PPTE en 1996 passait de 60 milliards de dollars en 1980 à 105 milliards en 1985 puis à 190 milliards en 1990. Celle des pays africains de ce groupe aurait pu atteindre 200 milliards en 2000 si les créanciers n’étaient pas intervenus pour stopper l’hémorragie, ont affirmé les experts.
Au sein du Club de Paris, les créanciers publics ont proposé des rééchelonnements du service de la dette en accord avec le FMI – ce fut le cas pour la dette latino-américaine. Rapidement, ils se sont rendus compte qu’il fallait aller plus loin. Sous l’impulsion notamment de la France, les sommets du G7 (Toronto, 1988 ; Londres, 1991 ; Naples, 1994) ont mis en oeuvre des conditions plus favorables aux débiteurs. Celles adoptées à Naples prévoyaient ainsi l’annulation des deux tiers de l’encours de la dette auprès des créanciers officiels.

Un mécanisme trop complexe et trop lent

Le remède ne suffisant pas, en 1996, le président de la Banque mondiale et le directeur général du FMI – respectivement James Wolfensohn et Michel Camdessus – ont lancé l’initiative PPTE, sensée ramener l’endettement des pays pauvres à des niveaux « tolérables ». Ce nouveau mécanisme prévoyait la participation intégrale de tous les créanciers, bilatéraux, commerciaux et multilatéraux – une première –, afin de réduire la dette dans un effort conjoint et dans des proportions permettant aux pays concernés de la rembourser sans compromettre leurs efforts de développement et de réduction de la pauvreté. Dans la pratique, le mécanisme s’est avéré trop complexe et trop lent. Il a été renforcé en 1999 afin d’assurer un allègement plus substantiel et plus rapide à davantage de pays, à la condition que les ressources libérées servent à réduire la pauvreté et augmenter les dépenses d’éducation et de santé.
Pour les 27 pays ayant obtenu un allègement avant la fin du premier trimestre 2005, le service de la dette payé entre 1998 et 2004 a diminué en moyenne de plus de la moitié par rapport aux exportations et aux recettes publiques. Alors qu’auparavant ils consacraient plus de moyens au remboursement de la dette qu’à l’éducation et à la santé, leurs dépenses pour ces services sociaux ont été quatre fois supérieures en 2004 aux montants décaissés pour la dette. Au final, l’initiative PPTE aura permis jusqu’en 2005 de réduire la dette des pays bénéficiaires de quelque 55 milliards de dollars. Mais les experts estiment qu’il ne s’agit pas d’une panacée. Ces pays auront toujours besoin d’emprunter et de recevoir une aide extérieure importante pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et le maintien de l’encours de leur dette extérieure à un niveau viable constitue toujours pour eux un sérieux défi.

Jan Kristiansen


Evolution de la dette des pays d’Afrique subsaharienne (AfSS)
comparée à l’endettement de l’ensemble des pays en développement


Tous PVD
1980 : 540,9
1985 : 929,1
1996 : 2 045
2000 : 2 280
2003 : 2 550
2004 : 2 597

Pays AfSS
1980 : 60,7
1985 : 107
1996 : 231,3
2000 : 211,3
2003 : 231,4
2004 : 218,4

Les 41 PPTE*
1980 : 60
1985 : 105
1996 : 162,6
2000 : 145,9
2003 : 145,8
2004 : 145,3

(Sources : FMI, Banque Mondiale, OCDE)
* Ce groupe de pays inclut plusieurs pays d’autres régions, dont la Bolivie, Guyana, Honduras, Nicaragua, Laos et Myanmar.



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