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06/01/2006
Le double défi du chômage et de la pauvreté en Afrique

(MFI) Le dernier rapport annuel de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) analyse les raisons de l’aggravation de la pauvreté et du chômage sur un continent qui affiche pour 2005 un taux de croissance économique record.

Sous le titre Relever le défi posé par le chômage et la pauvreté en Afrique, le rapport économique sur l’Afrique (REA) 2005, principale publication de la CEA, relève que malgré des signes de changement rapide, l’économie du continent africain s’est affaiblie. En dépit d’une croissance qui atteint 5,4 % - plus élevée que dans la dernière décennie où elle tournait autour de 4 % -, le chômage a enregistré un taux record. Bien qu’il soit difficile à évaluer, on estime à 10,9 % le nombre des sans-emploi en Afrique subsaharienne en 2003 – soit environ 29,4 millions de personnes - avec des variations importantes selon les régions, le sexe et les classes d’âge. Parallèlement, le niveau de pauvreté s’est encore accru. Près de 46 % des Africains vivent avec moins d’un dollar par jour, soit davantage que dans les années 1980 et 1990.

Mettre fin à la sous-utilisation de la main-d’œuvre rurale

Pourquoi la pauvreté n’a-t-elle pas diminué avec une croissance en hausse ? Pour réduire le niveau de pauvreté de manière significative et se rapprocher ainsi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) visant à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015, le taux de croissance doit dépasser les 7 % par an en moyenne, estime le REA. Seuls six pays l’ont atteint voire dépassé en 2004 - Tchad, Guinée équatoriale, Liberia, Ethiopie, Angola et Mozambique - tandis que dix-sept autres se situent près ou en dessous de 4 %. « Aussi longtemps que les populations ne pourront pas participer à l’économie en tant qu’agents productifs, elles continueront à bénéficier peu de la croissance », explique l’auteur de ce rapport, Augustin Fosu, directeur de la Division politique, économique et sociale de la CEA, qui ajoute que « l’instabilité de la croissance a amplifié la vulnérabilité des pauvres ».

Parmi les quatre défis majeurs mis en avant dans ce rapport et que l’Afrique devra relever pour venir à bout du chômage et de la pauvreté, il s’agit de procéder à des transformations structurelles pour mettre fin à la sous-utilisation de la main-d’œuvre rurale – 21 % de la classe des 15-24 ans. La majeure partie des actifs travaille dans le secteur de l’agriculture qui fournit un emploi temporaire saisonnier et qui permet rarement d’assurer une sécurité de revenu. On estime à 110 millions les « travailleurs pauvres » engagés dans le secteur informel et l’agriculture qui ne parviennent pas à subvenir aux besoins de leur famille. Il faut aussi remédier au chômage généralisé des jeunes qui souffrent 3,5 fois plus de l’absence de travail que les adultes, maîtriser la mondialisation pour générer des emplois décents et créer enfin un environnement favorable à l’emploi dans le secteur privé grâce à une augmentation des investissements.

Créer des emplois décents capables de générer des revenus

Pour l’auteur du REA, c’est aux gouvernements africains de transformer leurs économies en saisissant notamment les opportunités offertes par la mondialisation et surtout en accordant la priorité à la création d’emplois dans les programmes nationaux de développement. Encore faut-il pourtant qu’ils disposent de données fiables pour convaincre les décideurs de l’urgence qu’il y a à placer l’emploi au cœur des stratégies de réduction de la pauvreté et des politiques de développement. D’autant que l’absorption de la main-d’œuvre reste faible dans les secteurs en expansion comme le pétrole et autres industries attractives. La répartition des opportunités générées par la croissance est également faible. Les pauvres n’ont pas les moyens de participer à l’économie qu’il s’agisse de produire des biens et des services ou de fournir de la main-d’œuvre. C’est la raison pour laquelle la pauvreté s’étend et que parallèlement la santé et l’éducation se dégradent. Un cercle vicieux qu’il appartient aux responsables de briser pour créer des emplois décents capables de générer des revenus à des Africains devenus membres actifs de leur propre succès économique.

Antoinette Delafin

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