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06/01/2006
Le sida, une crise globale de développement

(MFI) Intitulée Le sida et le travail dans un monde en voie de globalisation, une nouvelle étude du Bureau international du travail (BIT) examine l’impact économique de la pandémie à travers la planète et notamment en Afrique et en Asie.

Le HIV/sida frappe de plein fouet les populations africaines. Une tragédie humaine et sanitaire mais aussi une crise globale de développement, souligne une nouvelle étude du BIT pour qui la mondialisation est un facteur de propagation de l’épidémie que favorisent les déplacements fréquents, l’immigration et la marginalisation des plus pauvres. Ainsi, « certaines professions courent des risques beaucoup plus élevés », explique Odile Frank, auteur de l'étude, qui pointe trois catégories d'emplois spécialement touchées : les secteurs du transport et de l'industrie du tourisme et de l’hôtellerie ainsi que les demandeurs d'emploi en déplacement et séparés de leurs familles. « A part et au-delà des énormes souffrances infligées, la pandémie est en train de détruire les gains en matière de développement (…) parce qu’elle renforce chaque problème liant la mauvaise santé à la pauvreté », poursuit le rapport. Selon lui, le HIV/sida constitue une menace majeure pour le développement économique et social, un des principaux obstacles pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Plus d’Asiatiques que d’Africains infectés d’ici 2010

En Afrique subsaharienne, la maladie a réduit l’espérance de vie de quinze ans, passant d’un peu plus de 60 à 45 ans. Toutefois, la propagation touche à présent l’Asie et l’Europe de l’Est et, d’ici 2010, il y aura plus d’Asiatiques infectés que d’Africains, estiment les experts du BIT. Selon leurs calculs, la perte moyenne du taux de croissance du PIB due au SIDA s’est élevée entre 1992 et 2002 à plus de 1 % dans 33 pays d’Afrique subsaharienne où cette perte a pu être mesurée et attribuée à la maladie - soit environ 9 milliards de dollars par an. Si rien ne change, les économies de ce groupe de pays diminueront de 18 % d’ici 2020, ce qui représentera un « trou » cumulé de 144 milliards de dollars en perte de croissance, réduisant ainsi la capacité de répondre de façon efficace et équitable au fardeau économique et social imposé par la maladie. Les expériences passées ont démontré que les dépenses de santé ont un effet important sur l’éducation et la formation de la main-d’œuvre qui est plus apte à lutter contre le sida.

L'étude montre également les liens entre pauvreté et sida - qui constituent un cercle vicieux. Les investissements étrangers ont baissé dans tous les pays africains les plus touchés par l'épidémie, sauf en Afrique du Sud, la locomotive économique de l’Afrique, et en Angola où la guerre civile a préservé des populations isolées par les combats et où l’attrait du pétrole escamote tous les autres risques. L'épidémie frappe surtout la population active - de 15 à 49 ans -, imposant un fardeau écrasant aux membres d'une tranche d'âge qui joue un rôle social et économique essentiel.

Plus de femmes que d’hommes infectées en Afrique

En Afrique, les femmes paient un prix démesuré parce qu’elles sont infectées plus tôt que les hommes, ce qui les prive davantage encore des années de vie où l'on est en bonne santé et leur fait supporter une part disproportionnée de la charge des soins. A la fin de 2004, le nombre de femmes vivant avec le virus sur l’ensemble du continent était 1,3 fois plus élevé que celui des hommes. Mais dans les pays d’Afrique australe, notamment l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe, des femmes âgées de 15 à 24 ans étaient entre 3 et 6 fois plus exposées que les hommes du même âge. En fait, 76 % de tous les jeunes adultes infectés étaient des femmes.

Jusqu'à 20 millions d'enfants orphelins du sida d'ici à 2010

Un des aspects les plus préoccupants de l'épidémie tient aussi au fait qu'elle affaiblit gravement le secteur de l'éducation des pays d'Afrique subsaharienne, déjà peu performant, et accroît le nombre des orphelins. Sur les 34 millions recensés en Afrique, plus de 11 millions sont des victimes indirectes du fléau. D'ici à 2010, jusqu'à 20 millions d'enfants pourraient perdre l'un de leurs parents ou même les deux du fait de la maladie et vont constituer une population à risque qu'il conviendra de protéger contre la sous-alimentation, les maladies et l'exploitation sexuelle.

Dores et déjà, la FAO donne la priorité à la formation des orphelins du sida. Elle a créé à ce jour 34 écoles en zone rurale, qui prodiguent un enseignement à un millier d'enfants au Kenya, au Mozambique, en Namibie et en Zambie. Des écoles mises sur pied en collaboration notamment avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et des ONG et institutions locales pour suppléer à l’absence des parents. Elles inculquent aux orphelins du sida et aux jeunes vulnérables de 12 à 18 ans un savoir-faire agricole, le sens des affaires et des règles élémentaires de survie. Elles dispensent des techniques agricoles aussi bien traditionnelles que modernes : préparer les champs, labourer, transplanter, sarcler, irriguer, lutter contre les nuisibles, bien utiliser et conserver les ressources disponibles, moissonner, transformer leurs récoltes, les stocker et les écouler sur les marchés. Les enfants sont également sensibilisés à la prévention contre le VIH/sida, à la parité hommes femmes, à la protection de l'enfance et encore à la santé sexuelle.

Marie Joannidis

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