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05/07/2001

Pétrole africain : des réserves stratégiques

(MFI) Face aux tensions au Moyen-Orient, le pétrole africain constitue pour les pays consommateurs d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie une réserve stratégique en expansion, même si les pays du Golfe restent les principaux producteurs mondiaux.

Au moment où les réserves de la mer du Nord et des Etats-Unis sont en diminution, l’Afrique et l’Amérique du Sud ont acquis une importance vitale dans le bassin atlantique – où les ressources de l'Angola « répondent » aux gisements du Brésil de l'autre côté de l'Atlantique Sud. Comme les autres pays du Golfe de Guinée, l'Angola, où des nouvelles découvertes sont régulièrement annoncées, ravitaille aussi le Japon, les deux Chine et la Corée. Les experts internationaux estiment aujourd’hui que l’équilibre du marché asiatique se joue en Afrique.
Le potentiel d’augmentation de la production à l’ouest du continent est estimé de 2 à 4 millions de barils/jour, avec des risques réduits pour les pétroliers puisque l’exploitation se fait essentiellement au large des côtes, ce qui protège leurs installations offshore des troubles politiques et même des conflits civils comme celui de l’Angola, deuxième producteur d’Afrique sub-saharienne après le Nigeria. Le Gabon, le Congo Brazzaville et la Guinée équatoriale font aussi partie de ce club qui attire les investisseurs, plus réticents à risquer des capitaux dans d’autres secteurs plus vulnérables ou moins profitables.

L’enclave cabindaise produit l’essentiel du brut angolais

Au Cabinda, la province angolaise enclavée entre les deux Congo (RDC et Congo Brazzaville) qui produit la plus grande part du brut du pays, les pétroliers mènent sans problème leurs activités, à terre ou au large – on ou offshore. Ils se soucient peu de la présence dans l’enclave du mouvement indépendantiste FLEC, qui a récemment libéré des otages portugais enlevés en plein centre-ville et détenus depuis des mois. Contrairement à l’Unita de Jonas Savimbi, qui conduit une guérilla violente dans le reste du pays, le FLEC ne s’est jamais attaqué aux infrastructures qui profitent à la population. L’armée et les services privés de sécurité restent discrets.
Tout le monde est d’accord pour estimer que les autorités ne font pas assez pour améliorer le sort des habitants, malgré quelques efforts dérisoires comparés aux recettes du pétrole. Mais tous se targuent désormais de « faire du social », y compris le géant pétrolier américain Chevron, principal opérateur au Cabinda, qui a lancé plusieurs projets de soutien aux agriculteurs ou aux pêcheurs. Au large des côtes où la luxuriante forêt équatoriale abrite singes, oiseaux tropicaux ou chauve-souris géantes, les plate-formes en eau profonde de Takula et de Kuito, ravitaillées par des bateaux qui n’accosteront jamais au port de Cabinda – qui aurait bien besoin d’être rénové –, et les navires qui repartent chargés de brut illustrent bien le nouveau visage du Golfe de Guinée.

Les Etats-Unis, principaux clients du Nigeria et de l’Angola

« Le pétrole africain est léger et sans soufre, ce qui est bon pour l’essence, le diesel et même le carburant des avions », soulignent des experts angolais qui se réjouissent de la hausse combinée du prix du baril et du dollar américain, la monnaie de référence. « Les Américains, qui ont les besoins les plus importants en pétrole, l’ont compris depuis longtemps puisqu’ils se sont implantés ici même en pleine guerre froide et que pour eux l’Angola reste un pays stratégique », ajoute l’un d’eux.
Les Etats-Unis sont les plus importants clients à la fois du Nigeria, qui produit un peu plus de deux millions de barils/jour, et de l'Angola. Ils importent près de la moitié de la production angolaise, qui sera cette année de l'ordre de 730 000 barils/jour, mais qui pourrait atteindre le million d’ici trois ou quatre ans. Sans compter les réserves qui ne sont pas encore exploitées. L’américaine Chevron est le premier partenaire de l’Angola, suivie de la franco-belge TotalFinaElf. Les vicissitudes politiques entre Paris et Luanda n’ont pas affecté les contrats en cours, même si le p-dg Thierry Desmarest n’a pas été reçu par le président angolais J. E. dos Santos lors de son récent passage à Luanda.
Les progrès techniques et la maîtrise des coûts de forage en eau profonde et ultra-profonde ont suscité une concurrence effrénée entre compagnies, qui se traduit par le paiement au pays hôte de bonus de plus en plus élevés pour entrer dans la course – même si les grandes compagnies pétrolières, engagées dans toute une série de fusions, finissent par s’entendre pour se partager le pactole.

Marie Joannidis,
envoyée spéciale au Cabinda (Angola)





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