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07/06/2001

Escroquerie (1) : Les méthodes artisanales mais lucratives de l’African connection

(MFI) Association avec la famille d’anciens présidents africains pour récupérer une fortune cachée à l’étranger. Investissement dans des mines promettant des bénéfices records. Multiplication de billets. Demande d’échantillons avant commande… Sous ces subterfuges, des bandes d’Africains escroquent des hommes d’affaires européens et nord-américains. Polices, banques et gouvernements sont sur les dents.

Depuis quelques mois, des groupes d’escrocs africains bien organisés font des ravages dans les rangs des entreprises et des hommes d’affaires d’Europe et d’Amérique du Nord. Bien que rudimentaires, leurs techniques sont d’une terrible efficacité. « Comme toujours dans ce type d’affaires, plus c’est gros, plus ça passe », commente un porte-parole d’Interpol. Un des subterfuges les plus couramment employés consiste à proposer une commission de 10 % à 35 % à ceux qui acceptent de servir d’intermédiaires pour rapatrier la fortune de tel chef d’Etat africain déchu, bloquée dans quelque paradis fiscal. Pour ce faire, il est demandé aux futures victimes de verser une « avance pour frais de dossier » et de donner quelques informations confidentielles : numéros de comptes bancaires et de cartes bleues. Des renseignements qui sont ensuite frauduleusement utilisés grâce à des complicités dans des banques.
Vues de Chicago, Lausanne ou Lyon, ces propositions ne paraissent pas toujours saugrenues. A l’heure où l’on entend parler des 10 milliards de Mobutu réclamés par le gouvernement de la République démocratique du Congo, des 2,3 milliards de dollars détournés par l’ancien président nigérian Sani Abacha (dont 750 000 dollars seulement ont pu être récupérés par les autorités nigérianes), nombreux sont les businessmen qui tombent dans le panneau. A l’exemple de l’avocat américain Edward Mezvinsky. Cet ancien parlementaire démocrate, de surcroît fiscaliste averti, s’est fait berner de 5 millions de francs !

Exploitations minières fictives ou multiplication de billets

Certaines bandes font miroiter des bénéfices records dans des pseudo-exploitations minières en Afrique. De volumineux contrats d’investissement sont envoyés à des hommes d’affaires choisis à dessein, auxquels on réclame ensuite des avances. La gendarmerie royale du Canada a recensé 40 victimes de ces faussaires africains. Montant du préjudice : 30 millions de dollars.
Une autre méthode consiste à se présenter comme importateur de grande envergure. En laissant entendre qu’il passera commande de plusieurs tonnes de marchandises, l’escroc exige de grandes quantités d’échantillons (textiles, chaussures, téléphones…). En fait, ces stocks, dont la police suisse estime la valeur de 15 000 à 35 000 dollars par affaire en moyenne, sont tranquillement écoulés sur les marchés africains.
Un cran en dessous sévissent ceux qu’on appelle au Cameroun les feymen, les multiplicateurs de billets. Ils n’hésitent pas à effectuer le déplacement dans les capitales européennes. Leur fond de commerce prête à sourire, mais fait encore des victimes. Quelques uns d’entre eux se font prendre. Comme récemment en Belgique, où la police de Charleroi a démantelé un gang. A Blida, en Algérie, un industriel a versé plusieurs millions de francs français avant de se rendre compte de la supercherie. Une partie de la bande est sous les verrous, mais tout le butin n’a pas été retrouvé. En France, un feyman a comparu devant le tribunal de Nanterre pour une affaire similaire. En Afrique du Sud, trois autres ont été lynchés.

Crainte du ridicule ou des représailles : le phénomène est sous-évalué

Mais pour quelques arrestations, combien de victimes ? Car la crainte du ridicule ou la peur des représailles poussent bon nombre de victimes à renoncer à toute poursuite. D’ailleurs, les autorités suisses conseillent à leurs ressortissants de ne pas chercher à entrer en contact avec les escrocs pour tenter de récupérer leur mise. « Vous allez risquer votre vie, car ce sont des criminels organisés et non des petits malfrats inoffensifs », leur explique la police. Preuve que les gouvernements occidentaux ne prennent pas ces affaires à la légère : une section spéciale a été créée au sein d’Interpol pour traquer les escrocs de la « filière africaine ». Le gouvernement américain en fait un sujet de discussion avec ses partenaires africains, et une mission d’étude a été instituée au sein de l’Organisation des Nations unies. C’est dire !

Yolande S. Kouamé





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