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07/12/2000

Les nouveaux pétroliers africains

(MFI) L'envol des prix du pétrole sur le marché mondial a donné un coup de fouet aux nouveaux pays producteurs d'Afrique centrale comme le Tchad et la Guinée Equatoriale, sans pour autant résoudre tous leurs problèmes. Le Cameroun voisin devrait lui aussi bénéficier de l'embellie.

Riverain du Golfe de Guinée, le Cameroun, dont la production de brut est en diminution, devrait profiter des retombées économiques et financières de la construction de l'oléoduc Doba-Kribi, qui permettra d'exporter le pétrole tchadien à partir d'un terminal sur la côte camerounaise, au sud du port de Douala. Le projet prévoit le développement des champs pétroliers autour de Doba, dans le sud du Tchad, dont les réserves sont estimées à un milliard de barils de brut. Un oléoduc souterrain long de 1 070 kms transportera le pétrole jusqu'aux installations de chargement, prévues à onze kilomètres de la côte, au large de la station balnéaire camerounaise de Kribi.
Le consortium de compagnies pétrolières, composé des géants américains Exxon-Mobil et Chevron-Texaco et de la société malaisienne Petronas, s'attend à terme à une production de 225 000 barils de brut par jour. Pour produire et exporter ce pétrole, il est prêt à investir près de 3,5 milliards de dollars. Il s'agit du projet d'investissement privé le plus important en Afrique à présent, et c'est la première fois que la Banque mondiale, qui va contribuer aux parts des Tchadiens et des Camerounais, a décidé de s'impliquer dans un grand projet privé.

Idriss Déby utilise une partie du « bonus » pour acheter des armes

La Banque, qui a surmonté les objections d'une forte coalition internationale d'ONG concernant des problèmes écologiques et de droits de l'homme, a demandé aux deux pays d'intensifier leurs efforts contre la pauvreté grâce aux revenus du pétrole. En retour, la Banque mondiale a accepté de répondre favorablement aux demandes de prêts de 46 millions de dollars du Tchad et de 67 millions du Cameroun, pour financer leurs participations dans les sociétés qui doivent construire et faire fonctionner l'oléoduc. Mais l'institution internationale a aussi donné une caution morale au projet qui lui a permis d'aller de l'avant.
Un premier problème a toutefois surgi au moment même où le Tchad, qui figure parmi les pays les plus pauvres du monde, bénéficiait d'engagements financiers supplémentaires de la part de ses bailleurs de fonds réunis en novembre dernier à Genève. Des informations selon lesquelles une partie du « bonus » versé par les compagnies pétrolières avait servi à des achats d'armes ont été confirmées par les représentants de la Banque mondiale, qui ont souligné qu'ils allaient redoubler de vigilance pour que l'objectif principal, c'est à dire la lutte contre la pauvreté, ne soit pas détourné.
Le président tchadien Idriss Déby s'est défendu en soulignant qu'il ne pouvait y avoir de développement sans sécurité. Une nouvelle rébellion a éclaté dans le Tibesti, au nord du pays, point de départ de tous les conflits depuis l'indépendance en 1960. La nouvelle insurrection est menée, depuis 1998, par l'ancien ministre de la Défense de Déby, Youssouf Togoïmi, qui a accusé le gouvernement de préparer une offensive avec l'argent de la Banque mondiale.

L'économie camerounaise sur la voie d'un réel décollage

Les experts prévoient que le projet pétrolier rapportera environ 5 milliards de dollars de revenus au Tchad sur les prochains 25 ans et quelque 500 millions au Cameroun sur la même période. Ils estiment que cela permettra aux gouvernements d'améliorer la qualité de vie de leurs peuples, particulièrement dans les secteurs de la santé, l'approvisionnement de l'eau et l'éducation, « si ces objectifs sont respectés », souligne l'un d'eux. Les deux Etats font partie des pays pauvres très endettés qui vont bénéficier d'un allègement de leur dette dans le cadre de l'initiative PPTE, et qui restent sous surveillance des institutions financières internationales.
La construction de l'oléoduc va démarrer à un moment où les perspectives économiques du Cameroun sont à nouveau favorables après trois années d'ajustement structurel douloureux. La croissance de son PIB pour l'exercice 1999-2000 aura été de l'ordre de 4,2 %, et devrait même atteindre 5 % pour 2000-2001, avec l'inflation contenue à 2 %. La bonne tenue des principaux produits d'exportation, le pétrole et le bois, plusieurs chantiers d'infrastructures en cours et le démarrage des travaux de l'oléoduc contribuent à cette amélioration des perspectives. Les experts estiment que le pays est désormais sur la voie d'un réel décollage économique, à condition que les autorités redoublent leurs efforts de bonne gestion et assurent une nette amélioration des conditions de vie de la population.

Le produit intérieur brut équato-guinéen multiplié par 15 en cinq ans

Quant au petit voisin du sud, la Guinée Equatoriale, en partie insulaire, la découverte du pétrole y a opéré des miracles. En cinq ans à peine, les recettes de sa production pétrolière, qui atteint quelque 130 000 barils/jour, ont été multipliées par six. Et la production pourrait doubler encore, à l'horizon de 2002, pour atteindre 250 000 et même 300 000 barils/jour, plaçant ainsi ce petit pays au même niveau que son voisin le Gabon.
Avec une population qui ne dépasse pas 450 000 personnes, la Guinée Equatoriale est en fait devenue en l'espace de cinq ans un des premiers pays producteurs par habitant de la planète. Son PIB a été multiplié par 15 depuis 1995 et dépassera cette année les 2000 dollars par tête. Cet Etat, qui était il y a moins d'une décennie un des pays les plus pauvres et moins avancés, fait ainsi son entrée dans la catégorie des pays à revenu moyen.
Mais cela ne se fait pas sans problèmes. Malgré les promesses du président Teodoro Obiang Nguema aux institutions de Bretton Woods d'améliorer la transparence, le pouvoir reste autoritaire et la gestion des affaires publiques déficiente. L'administration continue à souffrir d'une grande faiblesse, et se trouve notamment en état d'infériorité vis-à-vis des compagnies pétrolières américaines qui dominent l'offshore équato-guinéen et les récentes découvertes sur terre.

Marie Joannidis





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