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10/01/2002

Norvège : un exemple pour les pétroliers africains ?

(MFI) Les producteurs de pétrole africains pourraient utilement s’inspirer de l’expérience « post-pétrolière » de la Norvège, troisième exportateur mondial de brut derrière l’Arabie Saoudite et la Russie, estiment les experts en matière de développement.

Pauvre et sous-développée jusqu’à la fin du XIXe siècle, la Norvège a su gérer sans gaspillage inutile les richesses accumulées grâce au pétrole et au gaz naturel découverts, depuis trois décennies, sur la plate-forme norvégienne de la Mer du Nord. De plus, le parlement norvégien, le Storting, prépare activement « l’après-pétrole ». En effet, en Norvège, royaume plus que millénaire avec une longue tradition démocratique, les élus de la nation ont la haute main sur tout ce qui touche le secteur pétrolier.
Dès le départ, le Storting a adopté une ligne de conduite fondée sur la modération, le respect de l’environnement – et donc, le développement durable – et la nécessité de répartir équitablement les nouveaux revenus à travers une politique sociale avancée, dont bénéficie toute la population qui dépasse à peine 4,5 millions. Ce qui explique en grande partie le fait que les Norvégiens jouissent à présent d’un niveau de vie très élevé. Selon la Banque mondiale, le revenu annuel par habitant a atteint en 1999 près de 33 500 dollars, situant le pays derrière la Suisse et le Luxembourg, mais devant les Etats-Unis et les autres grands pays industrialisés du Groupe des Sept (G7).

Premier pays au monde en matière de « développement humain »

Le parcours de la Norvège, dont le régime démocratique garantit une gestion transparente sous le contrôle des élus, ne ressemble en rien à ceux des principaux pays producteurs de l’Afrique sub-saharienne, le Nigeria et l’Angola.
Au Nigeria, le produit national brut par habitant, qui tournait autour de 1 000 dollars par an en 1970, est retombé à 260 dollars en 1999, toujours selon la Banque mondiale, en raison d’une succession de coups d’Etat militaires accompagnée d’une mauvaise gestion et de la corruption. Le retour à la démocratie pluraliste et la réduction de la pauvreté s’avèrent des tâches des plus ardues.
En Angola, dont l’offshore est l’un des « points chauds » de l’industrie pétrolière mondiale, la guerre civile qui dure depuis un quart de siècle a plongé la grande majorité de la population dans la précarité extrême. L’argent du pétrole a financé la guerre et les grandes fortunes d’une certaine « élite » – manque de transparence et corruption aidant – tandis que le PNB par habitant reste parmi les plus bas du monde, à 270 dollars par an.
Le Rapport mondial 2001 sur le développement humain, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, a classé le Nigeria en 136e position et l’Angola en 146e position sur les 162 pays pour lesquels cette agence de l’Onu calcule cet indicateur annuel, tenant compte du revenu par habitant mais aussi de l’espérance de vie, du taux d’alphabétisation et de scolarisation et du niveau de l’instruction. C’est la Norvège qui occupe la première place dans ce classement, dans une large mesure grâce à une politique économique qui fait une place importante à la santé et l’éducation et qui vise une certaine justice sociale.

Epargne et aide

Actuellement sixième producteur d’hydrocarbures du monde, la Norvège produit un peu plus de 3,3 millions de barils/jour, dont 3,1 m/bj sont exportés. Les revenus pétroliers nets de l’Etat – environ 27 milliards de dollars en 2001 – entrent dans le « Fonds pétrolier du Gouvernement », géré par la Banque centrale. Celle-ci investit à l’étranger la manne de la Mer du Nord – et d’autres champs plus au nord. Ce qui constitue à la fois un bouclier contre l’entrée excessive de l’argent pétrolier dans l’économie intérieure, qui pourrait déstabiliser celle-ci, et une assurance à long terme pour l’avenir : les 61 milliards de dollars accumulés à ce jour dans le Fonds pétrolier serviront notamment à financer les retraites et les soins d’une population vieillissante, au fur et à mesure de l’épuisement des ressources d’hydrocarbures d’ici à quelques décennies.
L’absence de projets de prestige et de voitures de luxe et le souci de partager les richesses avec les générations futures s’explique par l’expérience du passé. Car la pauvreté et la misère, les Norvégiens l’ont bien connue : à l’issue de la Première guerre mondiale, après la perte d’une grande partie de la marine marchande, leur pays était encore, avec le Portugal, le plus pauvre de l’Europe occidentale. La grande dépression des années 1930 a durement touché le pays, qui a été ensuite envahi et occupé par les armées allemandes pendant cinq longues années au cours de la Deuxième guerre mondiale. Ces épreuves ont aiguisé le sens de la solidarité sociale des Norvégiens.

Transfert de technologies

Celle-ci s’exprime aussi envers les pays les plus pauvres, notamment en Afrique. Selon les derniers sondages d’opinion, neuf Norvégiens sur dix soutiennent toujours la coopération et l’aide au développement. En 2002, la Norvège dépensera en aide publique 0,89 % de son PIB. Elle est parmi les quatre pays – avec le Danemark, la Suède et les Pays-Bas – qui dépassent régulièrement l’objectif de 0,7 % de l’Onu.
Cette attitude se retrouve aussi sur le plan commercial. Statoil, le groupe pétrolier de l’Etat, partiellement privatisé l’an dernier avec la vente de 18,2 % des actions à des investisseurs privés sur les bourses d’Oslo et de New York, et le deuxième « pétrolier » du pays, Norsk Hydro, dans lequel l’Etat détient encore une participation de 43,8 %, sont tous les deux engagés à fond dans l’offshore du Nigeria et de l’Angola, ainsi qu’en Asie centrale. D’une part, ils y financent des projets de développement en dehors du secteur pétrolier. D’autre part, ils assurent la formation d’ingénieurs et de techniciens des pays hôtes et le transfert de technologies avancées, élaborées et éprouvées dans les dures conditions des mers qui entourent les côtes norvégiennes. Attitude très appréciée tant à Abuja qu’à Luanda.

Jan Kristiansen





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