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11/01/2001

La dette africaine : enfin un pas en avant

(MFI) Les patrons du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale estiment qu'ils ont tenu leurs promesses : à la fin de l'année 2000, le groupe de pays pauvres très endettés (PPTE) qualifiés pour une réduction substantielle de leur dette, dans le cadre « renforcé » adopté en juin 1999 par le G7 à Cologne, a été élargi à 22 pays, dont 18 africains. Au bout du compte, le service de la dette de ces pays devrait être globalement réduit de quelque 34 milliards de dollars ou 47 % en moyenne.

Les experts des deux institutions ont mis les bouchées doubles depuis quelques mois afin de boucler, avant la fin du mois de décembre 2000, l'analyse de la situation d'un maximum de pays candidats. Le nombre de pays admis à bénéficier de l'initiative PPTE, formellement lancée en septembre 1996, a ainsi plus que doublé depuis quelques mois. Ce qui représente indéniablement un pas en avant, d'autant plus que les pays en question pourraient, selon les calculs, bénéficier au total d'une remise des deux tiers de leur dette, en tenant compte des allégements qui pourraient être accordés par les créanciers bilatéraux au sein du Club de Paris. A condition, évidemment, de poursuivre leurs efforts de réforme économique, sociale et politique – y compris de bonne gestion des affaires publiques – et de démontrer que la réduction de la dette aboutit en même temps à une réduction de la pauvreté.

Réduire la charge à un « niveau supportable »

Devant l'impatience des Africains, les chefs du FMI et de la Banque mondiale, l'Allemand Horst Kohler et l'Américain James Wolfensohn, s'étaient engagés, à Prague en septembre dernier, à faire « tout ce qui est possible » pour que le nombre de pays qualifiés soit porté d'une dizaine à vingt avant la fin de l'année. S'ils ont atteint, et même dépassé, ce but sous la pression de leurs « clients » et de l'opinion publique internationale représentée notamment par Jubilee 2000, la coalition des églises et organisations non-gouvernementales (ONG) qui a mené campagne pour une annulation totale de la dette des plus pauvres, il n'y a pas en réalité de quoi pavoiser, selon les experts indépendants qui suivent de près ces questions.
James Wolfensohn avait repris, au milieu de 1996, l'idée qu'il fallait réduire d'urgence à un « niveau supportable » la charge de la dette de ces pays, due aussi bien à leurs créanciers bilatéraux qu'aux institutions multilatérales. Ce qui constituait la principale innovation de l'initiative, car celles-ci n'avaient jamais accordé de remises de leurs créances sous quelque forme que ce soit. Au départ, 41 pays étaient identifiés comme « pauvres et très endettés » : il s'agissait de 32 pays dont le PNB par habitant ne dépassait pas 695 dollars en 1993, et dont le ratio de la dette en valeur actualisée nette rapporté aux exportations dépassait 220 % ou dont celui de la dette par rapport au PNB dépassait 80 %. Le groupe comprenait, en outre, neuf pays ayant bénéficié ou pouvant bénéficier d'un rééchelonnement concessionnel « classique » de leur dette auprès des créanciers publics du Club de Paris.

Le Congrès ne débloque la participation américaine qu'en septembre 2000

Il aura donc fallu quatre ans et demi rien que pour analyser et statuer sur la situation de la moitié de ces 41 pays. Les décisions de Cologne, formalisées par le FMI et la Banque en septembre 1999, visaient à « accélérer et renforcer » l’allégement de la dette et à l'étendre à un plus grand nombre de pays que les 26 ou 27 qui pouvaient théoriquement répondre aux critères plutôt stricts fixés en 1996. Mais depuis le sommet du G7 de Cologne, les choses ont avancé moins vite que prévu, en partie en raison de la complexité du système, des retards accumulés dans le recouvrement des contributions financières de certains pays riches nécessaires pour couvrir les coûts supplémentaires du FMI et d'autres institutions multilatérales, comme la Banque africaine de développement, et par des facteurs économiques imprévisibles qui ont aggravé la crise pour certains pays candidats. Cologne a renforcé le lien entre allégement de la dette et lutte contre la pauvreté : chaque candidat doit désormais présenter une stratégie anti-pauvreté élaborée sur la base d'un « vaste processus participatif » – une sorte de consultation populaire – ce qui a beaucoup retardé les choses pour bien des pays.
Ce n'est qu'en octobre dernier que le Congrès des Etats-Unis a finalement accordé une première tranche de 435 millions de dollars sur la contribution américaine promise de 600 millions. La Commission de l'Union européenne avait retardé la sienne en raison des tergiversations de la majorité républicaine du Congrès, qui voulait une réforme en profondeur du FMI avant de payer. Autre facteur inattendu : les Japonais, principaux donneurs d'aide au sein du G7, auraient, selon certaines ONG, exercé des pressions sur des partenaires comme le Bénin, le Ghana et le Malawi, les avertissant que l'aide japonaise serait réduite au cas où ils chercheraient à bénéficier de l'initiative PPTE. Le Bénin et le Malawi figurent en fait parmi les derniers pays qualifiés.

L'annulation totale, seule issue ?

En attendant, les perspectives économiques de plus d'un pays lourdement endetté en Afrique subsaharienne se sont assombries en raison des retombées de la crise financière asiatique de 1997-98 : la chute des cours des matières premières et de leurs recettes d'exportation a sérieusement réduit la capacité de remboursement de certains pays. Si les producteurs pétroliers africains ont bénéficié du niveau élevé des prix du brut depuis plus d'un an, les importateurs du continent, y compris ceux qui appartiennent à la catégorie PPTE, ont vu leurs économies davantage fragilisées. Ils supporteraient sans doute mal un ralentissement marqué de l'économie mondiale en cas de chute brutale de l'activité aux Etats-Unis. La coalition Jubilee 2000 estime ainsi que la crise sociale des PPTE est désormais si profonde que ces pays auront besoin de rien de moins qu'une « annulation totale » de leur dette extérieure pour s'en sortir.
Les 22 pays qui ont à ce jour satisfait aux critères d'admissibilité comprennent 18 pays d'Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina, Cameroun, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Rwanda, Sao Tomé et Principe, Sénégal, Tanzanie, Ouganda, Zambie) et quatre d'Amérique latine (Bolivie, Guyana, Honduras, Nicaragua). Seuls trois de ces pays – l'Ouganda, le Mozambique et la Guyana – ont atteint un stade du processus permettant de voir un réel impact sur leurs efforts de réduction de la pauvreté. Les pays qui n'ont pas encore été « traités » comprennent en grande partie des états en conflit ou sortant à peine de graves troubles internes.

Jan Kristiansen





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