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13/12/2001

L’Afrique dans la « guerre mondiale » de l’information

(MFI) L’Afrique doit à la fois combattre la pauvreté et faire face à la domination des pays riches sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). La Cnuced et la Banque mondiale se sont penchées sur les moyens de combler ce fossé qui régit désormais les relations internationales.

Dans son Rapport sur le commerce électronique et le développement 2001, publié fin novembre, la Cnuced estime que ce commerce restera un moteur de croissance économique. Mais il n’y aura pas de gains de productivité pour les pays en développement s’ils ne parviennent pas à acquérir la maîtrise de la technologie, souligne la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Pour évaluer l’incidence du commerce électronique, la Cnuced a réalisé une analyse quantitative reposant sur deux scénarios : dans le premier, les pays pauvres prennent du retard sur le plan technologique, dans le second, ils rattrapent les pays développés.

Réduire délais et distances, gagner de la productivité et du bien-être

Dans le premier scénario, le gain de bien-être serait de 117 milliards de dollars pour les pays développés, tandis que pour les pays en développement, hormis ceux d’Asie, il y aurait une perte de 726 milliards de dollars. La région de l’Asie obtiendrait, elle, un gain de bien-être de 802 millions de dollars, grâce aux progrès réalisés dans le secteur des services de transport. Les autres pays en développement subiraient en outre une réduction des salaires et une détérioration des termes de l’échange. Le commerce électronique pourrait ainsi accentuer l’écart au lieu de le réduire.
Le deuxième scénario montre que si les pays en développement parvenaient à rattraper les pays développés en matière de productivité dans le secteur des services, ils pourraient accroître leur production, leurs salaires et leur bien-être. Un gain de productivité de 1 % dans le secteur de services en Asie, par exemple, pourrait se traduire par un gain de bien-être de 12 milliards de dollars, un surcroît de croissance de 0,4 % du PIB, une hausse des salaires de 0,4 % et une expansion des exportations de services de 2 à 3 %. Le commerce électronique, en réduisant les coûts, en accroissant l’efficacité et en réduisant les délais et les distances, peut ainsi devenir un important outil de développement.

La mainmise des Etats-Unis sur les réseaux de communication dénoncée

Un colloque, organisé début décembre au siège européen de la Banque mondiale à Paris, a examiné pour sa part les stratégies que doit adopter l’Afrique pour mieux s’intégrer au monde moderne. Les 2e Rencontres africaines sur l’intelligence économique et le développement (FIED’2001) ont souligné l’importance des NTIC comme instrument de lutte contre la pauvreté et de désenclavement. C’est pourquoi plusieurs organismes internationaux ont lancé des programmes afin d’encourager l’implantation d’Internet et du téléphone mobile.
Roger Dehaybe, de l’Agence de la Francophonie, a mis l’accent sur les efforts de vulgarisation à travers la création d’espaces collectifs d’accès à l’Internet, la mise en place des « inforoutes » et l’intégration des NTIC dans l’éducation afin de permettre la diffusion du savoir au plus grand nombre. D’après lui, l’accès insuffisant des pays les moins avancés aux technologies va aggraver l’exclusion, d’autant que le coût élevé des connexions figure parmi les raisons du retard de l’Afrique dans ce domaine. L’accès satellitaire est au-dessus des moyens de la plupart des pays africains, qui se plaignent aussi de la mainmise des Etats-Unis sur les réseaux internationaux des communications.
Un responsable de l’Unesco a évoqué le « fossé numérique », soulignant qu’il y aurait plus de lignes téléphoniques à Manhattan que dans le continent africain tout entier. Pour lui, les NTIC peuvent permettre à l’Afrique de valoriser sa culture, de relever le défi de l’éducation pour tous et de réduire la fuite des cerveaux.

« La 4è guerre mondiale », celle de l’information, a commencé

De nombreux participants au colloque, relié en direct à Washington et à plusieurs capitales africaines dont Dakar et Lomé, ont déploré l’absence d’infrastructures adéquates sur le continent (problèmes d’accès à l’électricité et aux réseaux téléphoniques), en particulier en dehors des capitales. Ils ont souhaité une plus grande implication du secteur privé, qui a été un des moteurs du « boom » du téléphone cellulaire.
Certains intervenants ont estimé par ailleurs que le monde est entré dans « la 4e guerre mondiale », celle de l’information, marquée par « la désinformation et la manipulation ». Pour que l’Afrique puisse se défendre dans cette guerre, elle doit élaborer une architecture d’intelligence économique à la fois offensive et stratégique et développer les connaissances et les liens culturels. Le Premier ministre togolais a souligné que l’Afrique ne dispose pas de moyens suffisants pour accéder à l’information, ce qui engendre des inégalités dans les échanges. Il faudrait repenser les projets de développement et la coopération internationale.
Pour Bruno Lanvin, de la Banque mondiale, les NTIC sont réellement un instrument de développement. Il a évoqué à ce propos le programme Infodev doté d’un budget de 20 à 30 millions de dollars, qui a permis de financer plusieurs projets de mise en pratique de ces technologies en Afrique. Cette activité va être considérablement développée pour lutter contre la pauvreté, en coopération avec le secteur privé.

Marie Joannidis





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