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15/02/2001

Environnement : l’Afrique aussi doit réagir

(MFI) L'Afrique sub-saharienne doit suivre sans tarder l'exemple des 19 pays arabes, dont ceux d'Afrique du Nord et du Sahel, qui viennent d'adopter un plan d'action en matière de développement durable et d'environnement, estiment les experts réunis dans la capitale des Emirats arabes unis (EAU).

La déclaration d'Abou Dhabi a été signée, le 3 février, à l'issue d'une réunion des ministres arabes de l'Environnement, y compris ceux des pays pétroliers du Golfe et de l'Afrique du Nord, et de leurs partenaires plus démunis, de Djibouti et de la Somalie à l'est à la Mauritanie à l'ouest en passant par le Soudan. Ces pays s'engagent pour la première fois à mettre en œuvre, au cours des deux prochaines décennies, des politiques nationales et régionales visant à assurer un développement équilibré afin de réduire la pression sur les ressources naturelles, tout en coopérant aux efforts internationaux pour parer aux menaces suscitées par le réchauffement climatique.
« C'est une très bonne chose », a constaté un participant européen à la conférence Environnement 2001, accompagnée d'une exposition où des industriels d'Europe, d'Amérique du Nord et du Moyen Orient présentaient les dernières avancées techniques en matière de conservation et de réhabilitation de l'environnement. « Nos partenaires africains prennent du retard, ils devraient eux aussi lancer des actions communes à l'échelle régionale », a-t-il ajouté. Cependant, les Africains « ne peuvent rien faire de réellement efficace » sans d'abord mettre fin aux conflits qui ensanglantent le continent et occasionnent des dégâts irréparables à l'environnement, a estimé en privé un universitaire égyptien.

Coût du réchauffement climatique en 2050 : 300 milliards de dollars

La conférence d'Abou Dhabi, organisée par les agences d'environnement des Emirats et le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), a réuni des délégués et des experts d'une trentaine de pays et d'institutions internationales. Elle a coïncidé avec l'annonce par le PNUE, de son siège à Nairobi, de nouvelles estimations indiquant que le coût global du réchauffement climatique pourrait atteindre d'ici 2050 quelque 300 milliards de dollars par an. Selon le PNUE, dont le directeur exécutif Klaus Toepfer a salué à Abou Dhabi l’initiative des pays arabes, les désastres liés à des causes climatiques coûtent au monde, bon an mal an, quelque 40 milliards de dollars.
Avant même son retour à Nairobi, où les ministres d'une centaine de pays, dont la plupart des pays africains, se sont rencontrés en marge du conseil d'administration annuel de cette agence, Klaus Toepfer a lancé un nouvel appel à tous les pays pour des actions concrètes et coordonnées afin de réduire les émissions des gaz à effet de serre – objectif qui vient d'être déclaré priorité nationale par l'Assemblée nationale française.

Le protocole de Kyoto, priorité internationale ?

Kofi Annan, secrétaire général de l'Onu, a de même souligné que la mise en œuvre du Protocole de Kyoto de 1997 (qui prévoit de réduire les émissions de CO2), bloquée notamment par des désaccords entre Américains et Européens, doit être considérée comme une priorité par la communauté internationale entière. Il a souhaité des progrès palpables dans ce sens avant la deuxième conférence de l'Onu sur l'Environnement et le développement, prévue à Johannesburg en 2002.
A Abou Dhabi, des experts comme Mostafa Tolba, ancien chef du PNUE et auteur principal d'un rapport sur l'environnement du monde arabe, ont rappelé que les pays industrialisés sont les grands responsables des émissions nocives qui menacent à terme l'habitat terrestre. Celles des pays arabes sont bien inférieures à celles des plus modestes pays européens, et celles de l'Afrique toute entière restent moindres que celles de la Chine. Mais tout le monde a convenu que les pays en développement auront fort à faire pour résoudre des problèmes qui les touchent déjà de près.

Déjà des centres de formation à la production « propre » en Afrique

Pour les pays arabes, comme pour leurs voisins au sud du Sahara, le problème de l'eau potable se pose déjà de façon aiguë, tout comme celui de l'urbanisation rapide. Dans le monde arabe, 69 % de la population, qui a triplé depuis cinquante ans pour atteindre quelque 290 millions à présent et pourrait dépasser les 450 millions en 2025, sont déjà concentrés dans les villes. Les pays arabes manquent aussi de terres arables et devraient mieux exploiter leurs ressources agricoles, selon Mostafa Tolba. Autre priorité : l'amélioration de la gestion des régions côtières, où se trouve concentrée la moitié de la population, et le milieu marin avoisinant, souvent sérieusement dégradé.
Les hôtes de la conférence et leurs voisins du Golfe, grands producteurs de pétrole, ont reconnu, à la suite de l'insistance des Marocains, que la pauvreté représente, comme au sud du Sahara, une cause importante de la dégradation de l'environnement. Ils ont également insisté sur l'intérêt des sources alternatives d'énergie comme le solaire. Une des séances les plus animées de la conférence a porté sur la notion de méthodes de production « plus propres ». Dans ce domaine, les Africains sont en avance sur le Moyen Orient : des centres de formation à ces techniques existent déjà au Maroc, en Tunisie et dans trois pays au sud du Sahara – le Kenya, la Tanzanie et le Zimbabwe – et des tables rondes régionales sont organisées pour favoriser le développement d'une industrie non polluante.

Jan Kristiansen





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