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17/01/2002

Hydrocarbures Energy Africa défie les multinationales de l’or noir

(MFI) Entre les compagnies mondiales qui règnent sur les exploitations pétrolières du continent, peut-il y avoir une place pour une firme africaine ? La société sud-africaine Energy Africa en prend le pari. Créée en 1996, elle joue déjà dans la cour des grands, et mène des explorations dans une douzaine de pays africains. Sans complexe, technologies et moyens financiers à l’appui.

Dato Idriss Mansor, président d’Energy Africa, ne se lasse pas d’égrener ses chiffres : il y a cinq ans, sa compagnie ne produisait que 6 450 barils de pétrole par jour. L’année dernière, le rythme quotidien avait atteint 22 300 barils. En 2002, il compte bien le maintenir autour de 21 000 barils. Certes, Energy Africa se situe encore très loin derrière les ténors mondiaux, tels Exxon, TotalFinaElf, Shell, Chevron, Conoco, Mobil et autres Agip qui règnent sur les exploitations africaines. Mais la société sud-africaine, cotée simultanément aux bourses de Johannesbourg et de Luxembourg, dispose d’une grande marge de manœuvre. Les réserves africaines de pétrole restent abondantes (elles sont évaluées à 75,4 milliards de barils, soit 7 % des réserves mondiales). Les majors ne les ont pas entièrement trustées.
Pour se faire une place au soleil de l’industrie pétrolière, Energy Africa n’hésite pas à jouer sur la fibre « patriotique » des dirigeants africains, insistant lourdement sur ses origines continentales, n’hésitant pas à investir dans des projets de développement. Ainsi, Energy Africa investit dans des programmes d’hydraulique villageoise, finance des bourses d’études au profit d’étudiants africains en sciences de l’environnement, sponsorise des recherches géologiques sans rapport direct avec l’industrie pétrolière. Le Gabon et l’Afrique du Sud notamment ont déjà bénéficié de ces largesses. Parallèlement, la firme fait étalage de son savoir-faire technologique. Son message : « Ce n’est pas parce que nous sommes une compagnie africaine que nous sommes moins compétents et moins équipés que les multinationales ».

Sans complexe, jusqu’en mer du Nord

Et ça marche : la compagnie détient des licences d’exploration dans une dizaine de pays africains, dont l’Angola, le Congo, l’Egypte, la Guinée équatoriale, le Gabon, l’Ouganda, la Libye, la Namibie, le Mozambique, le Maroc, le Nigeria et la Tanzanie. Fait significatif : Energy Africa vient de prendre pied… en mer du Nord, dans le giron de l’Europe. Les champs pétrolifères prospectés par la firme atteignent désormais 144 370 km². Ses réserves commerciales sont évaluées à quelque 47 millions de barils. De quoi voir venir, en attendant que les nombreux nouveaux forages engagés dans les différents pays portent leurs fruits.
En réalité, Energy Africa n’est pas l’unique compagnie pétrolière battant pavillon africain. De fait, chaque pays producteur dispose d’une société nationale, plus ou moins puissante. A l’instar de la Sonatrach en Algérie (22 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 120 000 salariés) ou de la Nigeria national petroleum corporation (NNPC). Mais toutes ces compagnies limitent leur activité à la sphère nationale : au mieux, elles participent à des joint-ventures exploitant des gisements locaux. L’année dernière, la NNPC a consacré 3,5 milliards de dollars à ces joint-ventures, tandis que la Sonatrach prévoit d’investir 21 milliards de dollars d’ici à 2004. Energy Africa reste la seule compagnie africaine à s’aventurer hors de sa sphère nationale. C’est aussi, paradoxalement, l’une des seules compagnies pétrolières du continent à afficher des résultats financiers mirobolants. L’année dernière, la firme a dégagé un bénéfice net de 184 millions de rands, pour un chiffre d’affaires de 1,014 milliard de rands.
Habilement, la société s’allie, chaque fois qu’il le faut, aux multinationales mieux placées localement. C’est notamment le cas en Namibie, au Congo et au Gabon. Les partenaires sont, indifféremment, Shell, Elf ou Texaco. « Qu’importe la nationalité du partenaire, pourvu qu’on aie une place au soleil », pourrait dire Dato Idriss Mansor.

Yolande S. Kouamé





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