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19/04/2001

PMA : assurer l’énergie pour permettre le développement

(MFI) La 3ème conférence internationale sur les pays les moins avancés (Bruxelles, du 14 au 20 mai) se penche notamment sur le problème chronique de l'approvisionnement en énergie à des prix raisonnables, particulièrement nécessaire pour le développement des pays les plus pauvres.

La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), qui a préparé la réunion de Bruxelles, cherche à élaborer un cadre pour le développement des 49 pays les moins avancés (PMA), dont 34 sont africains, pour la décennie 2001-2010. Elle espère pouvoir proposer des solutions aux conséquences de la volatilité des prix du pétrole sur les économies des PMA. Elle envisage aussi le lancement d'un programme de formation et de développement des capacités pour ces pays, en particulier en Afrique, dans le domaine de la fixation des prix, du commerce, de la gestion des risques et du financement en ce qui concerne le pétrole, les produits raffinés et le gaz.
Le secrétariat de la Cnuced voudrait également que la conférence de Bruxelles examine les moyens de réduire, sur une base régionale, les coûts de l'approvisionnement des hydrocarbures pour les pays enclavés. Ces mesures devraient améliorer l'intégration, l'autosuffisance collective et la sécurité de la fourniture énergétique des pays membres. La conférence devrait aussi lancer une «initiative pour l'exploitation et le développement du gaz naturel pour les PMA», suivant les recommandations du secrétaire général des Nations unies (Onu) Kofi Annan.

Les ressources des producteurs ne servent pas toujours les besoins du pays

Les hydrocarbures sont d'une importance vitale pour les pays les plus pauvres. Ainsi, pour ceux d'Afrique, les produits pétroliers représentent plus de 60 % de l'énergie commerciale. Le coût de ces importations absorbe dans certains cas jusqu'à 50 % de leurs revenus d'exportation, selon les experts. En même temps, plusieurs pays africains sont eux-mêmes des producteurs de brut : les hydrocarbures représentent ainsi plus de la moitié des revenus d'exportation du continent et attirent la plus grande partie des investissements directs étrangers.
Sur les 49 PMA, quinze, la plupart africains, sont des producteurs de pétrole ou pourraient le devenir. Mais ce pactole ne sert pas forcément les besoins du pays. Les experts de la Cnuced estiment que sur les 38 milliards de dollars d'investissements attendus au cours des quatre prochaines années dans le secteur pétrolier de l'Angola, deuxième producteur de l'Afrique sub-saharienne après le Nigeria, et de la Guinée équatoriale, nouveau venu dans le secteur, moins de 5 % seront effectivement absorbés par leurs économies.
Les grandes variations des prix du brut sur le marché mondial affectent particulièrement les PMA qui consomment davantage d'énergie par unité de production que les pays développés et qui ont moins accès au crédit. C'est vrai à la fois pour les producteurs et les consommateurs. La forte hausse des prix sur le marché mondial en 1999-2000 a ainsi accéléré l'inflation dans les PMA producteurs, alors que les pays importateurs ont été doublement pénalisés par une facture plus élevée et la baisse des cours des matières premières qu'ils exportent. Le Mali et l'Ouganda, par exemple, avaient bénéficié d'une remise de leur dette dans le cadre de l'initiative PPTE du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. La hausse du pétrole a toutefois annulé les effets de cette mesure, selon la Cnuced.

Renforcer les capacités africaines d'intervention sur le marché pétrolier

En même temps, la plupart des pays africains et des PMA se sont engagés dans des programmes d'ajustement structurel dont une composante est l'abandon de toute ingérence des autorités dans les opérations du secteur pétrolier, en particulier la commercialisation et le financement où l'Etat n'intervient plus qu'en tant que régulateur. La libéralisation du secteur pétrolier exige donc une amélioration des capacités d'analyse pour répondre aux tendances du marché international.
Selon des études récentes, les pays importateurs africains pourraient économiser environ 500 millions de dollars par an en améliorant leurs méthodes d'achat et de gestion de risques dans le domaine pétrolier. Près de 89 % du pétrole africain est exporté sous forme de brut et moins de 7 % fait l'objet de transactions intra-africaines malgré le fait que deux pays, la Côte d'Ivoire et l'Afrique du Sud, ont des raffineries qui jouent le rôle de fournisseurs régionaux. Toute cela justifie, selon la Cnuced, l'organisation d'un large programme de formation et d'amélioration des capacités afin d'aboutir à des opérations plus efficaces dans le commerce et l'utilisation des énergies.

Des corridors et dépôts communs pour les pays enclavés

Pour les pays enclavés, notamment ceux du Sahel, se posent des problèmes particulièrement ardus en matière de transport et de logistique. Leurs importations de produits pétroliers doivent, dans la plupart des cas, passer par la route en l'absence d'oléoducs et de chemins de fer, ce qui augmente la facture. La Cnuced cherche donc à favoriser la coopération régionale au sein d'organisations comme la Cédéao ou l'Umeoa en Afrique de l'Ouest pour mettre en place des «corridors» (réseaux de pipelines) et des dépôts communs.
La conférence de Bruxelles examinera enfin la possibilité de la création d'un fonds pour le développement et l'exploitation du gaz naturel qu'on trouve dans plusieurs pays africains. Pour l'instant, la plus grande partie du gaz naturel produit en même temps que le pétrole est brûlée sur place, au Nigeria et dans l'off-shore angolais par exemple. Ces pays et d'autres cherchent à présent à développer l'usage commercial du gaz.

La facture pétrolière équivaut à plus de 10 % des exportations subsahariennes

A part la Cnuced, d'autres organisations internationales aident déjà des PMA africains à faire face aux aléas des prix pétroliers. La Banque mondiale a approuvé à la fin de l'année dernière une assistance supplémentaire de 155 millions de dollars pour permettre à sept pays –Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Rwanda, Zambie et Ouganda– d'atténuer les conséquences de l'envolée des prix de l'or noir et d'autres pertes en termes de commerce.
L'Afrique subsaharienne consomme à peu près 52 millions de tonnes de produits pétroliers par an, dont 60 % de diesel et près de 40 % d'essence, selon la Banque. En 1999, la facture pétrolière atteignait un montant mensuel de plus d'un milliard de dollars, soit plus de 3,5 % du produit intérieur brut de la région et plus de 10 % de la valeur de ses exportations.

Marie Joannidis





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