(MFI) L’Union européenne (UE), principal donateur d’aide publique au développement, est toujours à la recherche d’une gestion plus efficace de son assistance aux pays plus pauvres. L’amélioration pourrait passer par la multiplication des co-financements.
Face à la lourdeur de sa machine administrative accentuée par son élargissement à quinze pays, l’UE avait décidé, à la fin de l’année dernière, de réformer son dispositif d’aide. Elle a ainsi créé, en janvier 2001, un nouvel organisme, EuropeAid, pour mieux coordonner cette politique tout en renforçant les capacités de gestion de la Commission européenne et en l’incitant à recourir davantage à l’expérience des Etats membres et de leurs agences nationales de coopération. EuropeAid est chargé de la mise en œuvre de l’ensemble des instruments d’aide extérieure de la Commission financés à partir du budget communautaire et du Fonds européen de développement. Seules exceptions, les instruments de pré-adhésion, les activités humanitaires, l’aide macro-financière, la Politique étrangère et de sécurité commune et enfin la Facilité de réaction rapide.
Plus de 150 Etats, territoires ou organisations bénéficient des aides gérées par EuropeAid dont l’efficacité reste toutefois contestée par de nombreux experts, qui continuent à critiquer les « complexités administratives » qui bloquent ou retardent le financement de projets approuvés et la multiplication des échelons de décision, même si les nouveaux financements restent importants. Ainsi en 2000, ceux-ci se sont élevés à environ 7,6 milliards d’euros : 850 millions pour les Balkans et les Etats bénéficiaires issus de l’ex-Union soviétique, 1 milliard pour la Méditerranée du Sud, le Proche et Moyen-Orient, près de 4,2 milliards pour les pays ACP, 570 millions pour l’Amérique latine et l’Asie et plus de 1 milliard pour le financement d’actions dans les domaines de la sécurité alimentaire, du cofinancement avec les ONG, l’environnement ou les droits de l’Homme.
Il faut ajuster les procédures
Jusqu’à la moitié des années quatre-vingt, l’aide communautaire était avant tout destinée aux pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), dans le cadre des conventions successives de Lomé – auxquelles a succédé en juin 2000 le nouvel accord de Cotonou – et de leur instrument financier, le Fonds européen de développement (FED). Mais depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, elle a été progressivement étendue à de nouveaux bénéficiaires à travers le monde, l’accent étant mis aujourd’hui sur la lutte contre la pauvreté.
Des responsables d’EuropeAid à Bruxelles admettent les difficultés à mettre en place des co-financements. « Nous voulons renforcer notre coopération sur le terrain, mais les co-financements sont compliqués car il faut ajuster les procédures », a reconnu début décembre Marc Franco, directeur général adjoint de cet organe de coopération. Prenant la parole lors de la présentation du partenariat entre l’Agence française de développement (AFD) et son homologue allemande KFW, il a parlé de « cohérence et de complémentarité » et du souhait de « travailler ensemble » avec à la fois les pays membres et les bénéficiaires.
Mandat de gestion
Les deux agences, qui ont commencé à travailler ensemble dès 1962 en Afrique de l’Ouest, interviennent de concert en Afrique du Nord et au sud du Sahara ainsi qu’en Europe du Sud-Est, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Ils ont cofinancé une douzaine de grands projets dans les secteurs de l’eau potable, de l’énergie et du crédit, pour environ 500 millions d’euros.
L’AFD et la KFW ont encore renforcé cette année leur collaboration en utilisant le « mandat de gestion ». L’organisation allemande a mandaté sa partenaire française pour gérer le financement allemand d’un projet cofinancé dans le domaine de l’éducation de base au Mali. De son côté, l’agence française a confié aux Allemands la gestion et l’exécution d’un projet cofinancé avec le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), sur la gestion des parcs nationaux au Bénin. Ce qui permet aux bénéficiaires de ne négocier qu’avec une seule organisation et réduit les coûts de gestion des bailleurs de fonds. Wolfgang Kroh, membre du directoire de la KFW, a invité d’autres pays de l’Union européenne à se joindre au partenariat franco-allemand.
Marie Joannidis