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25/10/2001

« Concurrence loyale » autour des richesses de la mer

(MFI) Les richesses maritimes, pêche et aujourd'hui pétrole, sont des enjeux économiques prioritaires pour un grand nombre de pays africains. Mais comment gérer ces ressources en bonne intelligence avec ses voisins ?

La côte atlantique du continent africain borde non seulement des eaux parmi les plus poissonneuses du monde – au large du Sénégal, de la Guinée Bissau, de l'Angola, de la Namibie ou de l'Afrique du Sud notamment – mais recèle aussi, en particulier autour du Golfe de Guinée, de fabuleuses réserves de pétrole. Les forages de plus en plus profonds, rendus possibles par les progrès technologiques, ont permis la découverte d’énormes gisements de pétrole, souvent à cheval entre deux ou plusieurs pays. Ce qui pose, sur le plan du droit de la mer, le problème de la délimitation des eaux territoriales et des Zones économiques exclusives (ZEE).
Les ZEE, dans la plupart des cas, s'étendent à 200 milles marins au large des côtes ; elles ont été créées par la Convention sur le droit de la mer, adoptée en 1982 par les Nations unies, après plusieurs années de négociations. Cette convention, entrée en vigueur le 16 novembre 1994, établit le cadre juridique pour la gestion des ressources de la mer et la préservation de celles-ci pour les générations futures. Selon certains experts, il s'agit du plus important accord international depuis l'adoption de la charte des Nations unies en 1945.

Depuis deux ans, on négocie pour éviter les conflits

Plusieurs pays africains ont cependant tardé à délimiter les frontières de leur ZEE, qui s'étendent au-delà des eaux territoriales. L'intérêt économique d'une telle délimitation est évident : elle peut éviter des litiges à la fois sur la pêche et au cas où des découvertes de pétrole ou de gaz sont faites dans l'offshore profond. C'est ainsi que plusieurs pays du Golfe de Guinée ont entrepris, depuis deux ans, des négociations pour éviter les conflits touchant à la manne pétrolière.
Parmi ces pays, le Nigeria, le plus grand producteur d'Afrique sub-saharienne, a réussi à régler son différend frontalier maritime avec Sao Tome et Principe. Mais son litige avec le Cameroun à propos de la péninsule de Bakassi est toujours devant la Cour de justice internationale de la Haye. Sao Tome, où les indices de pétrole sont prometteurs, a aussi réussi à se mettre d'accord avec la Guinée Equatoriale, nouvel eldorado pétrolier.
Par ailleurs, l'Angola et son allié, le Congo Brazzaville, viennent de conclure un accord bilatéral prévoyant l'exploitation en commun des ressources d'hydrocarbures, dans une zone qui chevauche la limite entre leurs blocs pétroliers en eau profonde où des découvertes importantes ont déjà été effectuées.
Les grandes compagnies pétrolières, américaines, françaises, britanniques, italiennes, sud-africaines ou autres – qui se sont précipitées dans les pays riverains du Golfe de Guinée, même si certains d'entre eux sont déchirés par les conflits ou les troubles intérieurs – finissent par s'arranger entre elles en travaillant ensemble et en encourageant leurs partenaires africains à régler leurs différends. Conscients de l'enjeu, les pays riverains se sont dotés d'un nouvel instrument de coopération régionale pour défendre leurs intérêts communs et prévenir et surmonter des conflits sur le partage des ressources naturelles de « leur mer commune ».

Une Commission ad hoc pour le Golfe de Guinée

Ils ont ainsi créé, fin 1999 à Libreville, au Gabon, la Commission du Golfe de Guinée (CGG) qui a pour vocation « d'étudier les voies et moyens susceptibles de préserver la paix, la sécurité et la stabilité dans le Golfe de Guinée, d'instaurer un climat de confiance et de compréhension, de coordonner et d'intensifier leur coopération et de prévenir d'éventuels conflits ».
Cette nouvelle commission régionale regroupe un ensemble de pays – francophones, anglophones, lusophones et hispanophone – dont le Nigeria, qui fait également partie de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, et l'Angola, membre de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Les membres ont reconnu la nécessité de « mettre en place un mécanisme de dialogue et de concertation propre à prévenir, gérer et régler les conflits liés à l'exploitation économique et commerciale des richesses naturelles situées aux limites territoriales et notamment aux zones économiques exclusives (ZEE) ».
Plus au nord, le Sénégal et la Guinée Bissau, mais aussi la Mauritanie, ont voulu préserver leurs ressources halieutiques – ce qui est également le cas au sud du Golfe pour la Namibie, voisine de l'Afrique du Sud. Bissau et Dakar ont porté leur différend sur la pêche, déjà ancien, devant la Cour internationale de justice qui les a aidés à trouver un accord en 1993. Si le Sénégal a réussi à diversifier dans une certaine mesure son économie, la pêche représente près de 40 % des recettes courantes du budget de la Guinée Bissau.
L’un des soucis actuels des Africains est de signer des accords de pêche avec des pays tiers pour réglementer les activités des chalutiers. Ils veulent à tout prix éviter le pillage de leurs eaux, comme cela s'est fait dans le passé, par des flottes de pêche soviétiques, au large de l'Angola et de la Namibie, ou japonaises accusées « de tout rafler ».

Marie Joannidis





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