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26/04/2001

Zone franc : l’Afrique de l’ouest bat de l’aile

(MFI) L'économie de l'Afrique de l'ouest, longtemps tirée par la locomotive ivoirienne qui bat de l'aile, constitue une des principales préoccupations de la zone Franc dont les ministres se sont retrouvés à Abidjan les 25 et 26 avril.

Pour la France et ses quinze partenaires d'Afrique occidentale et centrale ainsi que les Comores, il s'agissait à la fois d'examiner la conjoncture économique dans les pays de la zone, d'évoquer la mise en place de l'euro, d'étudier les moyens de mieux lutter contre le blanchiment des capitaux et la corruption et de redemander au FMI et à la Banque mondiale le respect de leurs engagements dans la lutte contre la pauvreté, en particulier à travers la réduction de la dette dans le cadre de l'initiative pour les pays pauvres très endettés. Un point important est la « convergence » entre les économies fort disparates des pays africains de la zone Franc – Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo réunis dans l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et Cameroun, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée Bissau, Guinée équatoriale et Tchad regroupés au sein de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) ainsi que les Comores.
Les quinze pays ont en commun le franc CFA, garanti par le Trésor français, qui a une parité fixe avec le franc français (100 CFA = 1FF depuis la dévaluation de 1994) et par conséquent avec l'euro. Malgré certaines rumeurs, responsables et experts soulignent tous qu'une nouvelle dévaluation du CFA n'a pas de raison d'être dans le contexte actuel.

L’Afrique centrale passe devant celle de l’Ouest

Pendant longtemps les pays d'Afrique centrale, à l'exception du Gabon, avaient été à la traîne mais la situation s'est désormais inversée. Ainsi, en l'an 2000, la croissance des pays de la CEMAC s'est accélérée, avec un taux de progression du PIB réel à 4,1 %, contre - 0,2 % en 1999, essentiellement tirée par la demande intérieure avec une contribution de 6,7 %, en particulier la hausse de la consommation privée et la relance des investissements productifs.
Davantage que la maîtrise des dépenses publiques, revenues de 21,1 % du PIB en 1999 à 18,5 % en 2000, cette évolution procède, selon les experts, d'une forte progression des recettes budgétaires – de 19,3 % du PIB en 1999 à 21,9 % en 2000 – dopées par l'envolée des recettes pétrolières. Le Cameroun, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale, nouvel eldorado pétrolier, ont ainsi contribué de manière décisive à cette amélioration. De plus, de nombreux emplois seront créés par la construction de l'oléoduc entre le Cameroun et le Tchad d'une part, et par le renforcement des grands travaux d'Etat dans l'ensemble de la sous-région d'autre part. Le retour à la paix civile au Congo Brazzaville, la reprise au Cameroun et l'expansion des travaux d'infrastructures en Guinée équatoriale confortent les experts dans leurs prévisions optimistes.

Une bataille contre le blanchiment

En revanche, la contre-performance ivoirienne a pesé lourdement dans le ralentissement général de la croissance de la zone ouest-africaine. Le Conseil des ministres de l'UMEOA s'est d'ailleurs préoccupé fin mars du ralentissement de la croissance économique de 3,3 % en 1999 à 1 % en 2000, du fait de l'impact négatif des chocs exogènes qui ont contribué à une baisse des investissements et du revenu réel par habitant. En vue d'accélérer la croissance indispensable pour réduire la pauvreté, les membres du Conseil ont convenu de mettre l'accent sur l'approfondissement des réformes des finances publiques, l'élargissement de la base fiscale, la relance durable des investissements productifs susceptibles de contribuer à la diversification et au renforcement de l'intégration sous-régionale ainsi que sur le redressement des filières agricoles. Avec bien sûr, en arrière-plan, la paix civile, la démocratisation et une gestion saine des affaires publiques.
La lutte contre la fraude et la corruption, la transparence dans la gestion des affaires publiques font d'ailleurs partie de la bataille menée contre le blanchiment qui touche les deux zones, en raison notamment de leur environnement régional : Nigeria, Liberia et Sierra Leone en Afrique de l'Ouest, conséquence des conflits en République démocratique du Congo et en Angola en Afrique centrale.

La Côte d’Ivoire, un pays « en voie de démocratisation »

A Abidjan, le ministre français des Finances, Laurent Fabius, et le ministre délégué à la Coopération, Charles Josselin, ont assuré leurs partenaires de leur appui et de leur solidarité en particulier auprès du FMI et de la Banque mondiale. « La France, fidèle à ce que nous appelons la mondialisation à visage humain, est et sera à vos côtés pour progresser dans cette voie », a souligné Laurent Fabius alors que Charles Josselin a affirmé que « le rôle de la France n'est pas seulement financier ». L'année dernière, les engagements de la Banque en zone Franc se sont élevés à 970 millions de dollars, soit 28 % du total pour l'Afrique sub-saharienne.
Cette réunion a également marqué le retour de la Côte d'Ivoire sur la scène diplomatique après plus d'une année de troubles politiques. Le président ivoirien Laurent Gbagbo a ainsi estimé que la réunion de la zone Franc démontre que son pays sort de son isolement et marche « résolument vers la sortie des crises internes ». Abidjan a désormais repris contact avec les bailleurs de fonds, qui avaient suspendu leur aide depuis fin 1998, mais certains restent encore réticents. La France quant à elle a décidé d'encourager cette évolution en signant, en marge de cette réunion, quatre conventions de coopération avec la Côte d'Ivoire d'un montant total de 51 MF (7,7 millions d'euros). « Nous avons conscience que nous ne sommes pas dans un Etat démocratique. Nous sommes dans un Etat en voie de démocratisation et ce sera la fierté de ce gouvernement que de poser à temps les jalons pour cette démocratisation », a reconnu le président ivoirien.

Marie Joannidis





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